La palme d’or des meilleurs compositeurs
La palme d’or des meilleurs compositeurs
La musique congolaise s’apparente au sport plus précisément au ballon rond. On se souviendra longtemps du Trio sportif Madjesi qui épousa dans ses faits et gestes tous les attributs du football. On se souviendra encore de ces trois mousquetaires en équipement de footballeur avec maillot, bottines et même ballons sur le plateau de Télé Zaïre : http://www.videos.com/play/M28866629-1/kinshasa/trio_madjesi__sosoliso_titre_sex_madjesi_djomegabp.html. On se souviendra aussi de leurs compositions marquées du sceau du football telles que Buteur , Penalty ou Coup franc. On se souviendra aussi de cette chanson qu’ils avaient composé pour immortaliser la rencontre du siècle entre Ali et Forman. Le temps d’un show, la scène fut transformée en un ring où un pseudo combat de boxe eut lieu à l’instar de celui qui opposa les deux champions américains sur le sol congolais. Vita Club avait son « attaque mitraillette », celle de l’orchestre Sosoliso par contre s’appelait « attaque Bazooka ». Au tout début de Victoria Eleison, le king Emeneya ne cessait d’exhiber une coupe en chantant : « Eh, bango …bapoli… ». Entre notre musique et le soccer comme diraient les Américains, la marge est moindre. Car elle raffole des termes du sport roi. Au foot, chacun joue son rôle à sa
Le chanteur Diana Spray
place de prédilection : l’attaque, le milieu du terrain ou la défense. Dans notre musique, les chanteurs en se plaçant toujours au-devant de la scène jouent le rôle offensif. Et comme au football, ils forment ce que l’on appelle « l’attaque chant ». Celle-ci se composait souvent de trois chanteurs. Mais le Langa-Langa Star au sommet de son art l’a révolutionnée en alignant pas moins de cinq choristes dans sa ligne de front. Les chanteurs captivent le public et les mélomanes par le timbre de leur voix. Puis le moment venu, cette fois parés de la veste de danseurs, ils les emballent par l’exhibition des pas et des mouvements du corps dont ils ont le secret alors que les instrumentistes montent au créneau en faisant sonner magiquement et magistralement leurs instruments non couverts par les voix.
Mbole Tambwe ( à g ) en pleine action.
Ce sont les chanteurs qui sont les plus populaires parmi les artistes-musiciens. Dans une équipe, les attaquants marquent le plus grand nombre de buts. Comme leurs collègues, dans un orchestre, ce sont les chanteurs qui sont les plus grands pourvoyeurs de chansons dans le marché du disque. Dans le rôle difficile de grands compositeurs, ils viennent en tête du classement, suivis des solistes et des guitaristes rythmiques. Les attaquants de la chanson congolaises sont de très grands faiseurs de jolis morceaux donc des génies de la composition. Quelques noms en guise d’illustration: Kallé Jeff, Tabu Ley, Wendo, Max Maxime Mongali, Mujos, Papa Wemba, Kwamy, Diana, Emeneya, Franklin Boukaka, Youlou, Dilu, Théo Blaise Kounkou, Longomba, Dalienst Ntesa, Pépé Kallé, Pamelo Mounka, Sam Mangwana, Nyboma, les frères Soki, Kiambukuta, Wuta Mayi, Nyoka, Lengi Lenga, les frères Mountouari, Chantal Kazadi, Bozi, Evoloko, Debaba, Pépé Ndombe.
Le roi du maracas Roger Izeidi
Ils sont tellement nombreux qu’il est quasi impossible de les citer tous. Mais à qui parmi eux revient la palme d’or du meilleur chanteur-compositeur ? cet honneur échoit sûrement à Tabu Ley, lui qui a été si prolifique et qui selon ses propres dires a composé plus de mille chansons tout au long de sa riche carrière, des titres d’une beauté rare. Du côté des instrumentalistes, les solistes ne se font pas seulement remarquer lors des sebenes, mais sont parmi ceux qui occupent les premières loges. On peut citer Tino Baroza, Mose Fan Fan, Luambo, Dewayon, docteur Nico, Manuaku, Mopero, Bavon Marie-Marie, Ricos Kinzunga, Matima, Mavatiku, Dino Vangu, Roxy Tshimpaka, Athel Mbumba, Bokelo, Guvano Vangu, Dizzy Mandjeku, Papa Noël, Léon Bolhen Bombolo, Ngambo Diamant, Diblo Dibala. Et la liste est longue. Mais au regard de l’immensité de sa discographie, c’est au Grand-Maître Luambo que revient la palme d’or du meilleur soliste-compositeur.
Nedule Papa Noël
Les accompagnateurs ont eux aussi leur part du gâteau avec le poète Lutumba qui caracole en tête en se taillant la part du lion. Il y a aussi Déchaud Mwamba (qui composa Afrika mokili mobimba, un classique de notre musique), Mavatiku, Teddy Sukami, Bopol Mansiamina, Mayaula, Bisikita, Vata Mombasa, Safro, Tofla, Zamuangana, Denis Lokasa. L’abondance et la qualité de ses œuvres font gagner à Simaro Lutumba la palme d’or du meilleur accompagnateur-compositeur. Chez ceux qui jouent la guitare à quatre cordes, Emany Shaba Kahamba qui s’est distingué depuis Bella-Bella par ses chansons à succès comme Ndele okozonga, Pambindoni, Made, leki ya mwasi prend le dessus sur ses pairs Djo Mali Bolenge, Philo Kola, Bovic, Oncle Bapius et les autres. A tout seigneur tout honneur, c’est donc à Shaba que revient le titre de meilleur bassiste-compositeur. Avec des œuvres romantiques comme Au loin du désespoir, Chou, Misère ou Sukisa I am, Bovic Ye Bondo a plus fait rêver son petit monde en tant que chanteur-pop plutôt que comme bassiste. En tout cas, il mérite d’avoir la palme d’or du meilleur chanteur-compositeur de la musique pop devant Champro King auteur entre autre du tube Affaire semeki. Les guitaristes du mi-solo ne se distinguent pas vraiment trop. Un nom : Faugus Izeidi. Les souffleurs ne sont pas en reste. La bagarre pour le mérite du titre se fait entre le professeur Deyesse Empompo et le patron Verckys Kiamuangana, l’homme aux poumons d’acier. Il est quasi difficile de les départager. Ex aequo, ils se copartagent la palme d’or du meilleur saxophoniste-compositeur. Dans cette liste des lanceurs de tubes de bonne sauce, il faudrait aussi inclure Moro Maurice, Matalanza, Nino Malapet, Isaac Musekiwa (Mwasi nalingaki), Modéro Mekanisi et Mbole Tambwe. Dans la musique congolaise, il est rare que le compositeur ne joue pas de son instrument dans sa propre chanson. C’est pourtant arrivé dans Oyasela. Il n’y avait pas place pour le saxo d´Empompo Loway dans ce titre dont il est pourtant l’auteur. La section cuivre animée par les trompettistes est honorée par Barami Milanda ( Naponi kaka yo Mayizo) alors que les trombonistes, les percussionnistes, les claviéristes tout comme les atalaku font figure de parents pauvres dans ce domaine précis. Pourtant, devenu chanteur, Djuna Mombafu est parvenu à se hisser au diapason des artistes-compositeurs de la musique congolaise.
Saturnin Pandi, percussionniste de Rock’a Mambo en 1957
Le constat est presque le même chez les batteurs. Seul et presque loin par rapport aux autres, Ilo Pablo Bakunde émerge du lot. On lui doit bien des chansons à succès comme Matshi ya Ilo, Ndonge, Oiseau rare. S´il n’était pas devenu chanteur, sûrement qu´André Bimi Ombale aurait été le plus grand drummeur-compositeur de notre musique. Il y a lieu d’ajouter le nom de deux magiciens de la batterie : Belobi Méridjo et Seskain Molenga. Celui-ci s’étant transformé en chanteur prit goût au jeu délicat de la composition des chansons. Mais c’est sans conteste Ilo Pablo qui gagne la palme d’or du meilleur batteur-compositeur.
Parmi les faiseurs des chansons, nous ne pouvons oublier cet artiste-musicien inclassable, touche à tout et polyvalent, à la fois chanteur, clarinettiste, flûtiste et saxophoniste que fut Jean Serge Essous. A lui donc la palme d’or du meilleur clarinettiste-flûtiste-compositeur. Nous ne pouvons aussi passer sous silence ces maracassistes qui ont fait le renom de la chanson congolaise à travers leur dextérité et leurs œuvres à savoir Roger Izeidi et Gaspy Luwowo.
Qui compose quoi ? En règle générale, les chanteurs sont au top dans le domaine de l’écriture du texte d’une chanson et de la fabrication d’une œuvre musicale. Ils sont talonnés par les solistes, les accompagnateurs et les saxophonistes. La tendance se confirme même dans la génération actuelle. Car, chaque élément de l’attaque-chant a tout au long de sa carrière musicale couché au moins d’une chanson. En tout cas, le costume d’auteur-compositeur leur va tellement si bien qu’ils en font bon usage.
1.Matshi ya Ilo, par Ilo Pablo et le Zaïko
2.Mbanza Velela, par Dalienst et les Grands Maquisards
3.Ndele okozonga, par Emany Shaba et Bella-Bella
4.Niki Bue, par Kinzunga et Lipua-Lipua
Samuel Malonga