PAR LAURENT LEYS
dunkerque@lavoixdunord.fr PHOTO ARCHIVES JEAN-CHARLES BAYON
Quel a été votre parcours sportif ?
« Ma carrière est un long fleuve tranquille. Je suis né au Congo. J'ai été champion du Congo chez les amateurs. Le
professionnalisme n'existait pas en Afrique. Je suis venu à Dunkerque en 1971 pour commencer ma carrière professionnelle, qui a duré quinze ans. J'ai conquis les titres de champion de France et
de champion d'Europe. Au total, j'ai fait dix championnats de France ainsi que six championnats d'Europe, toujours en super-légers.
J'ai laissé ce titre sur tapis vert - je n'ai jamais été battu - pour disputer les championnats du monde en Thaïlande et aux
États-Unis. J'ai été le premier boxeur de Flandre à disputer les championnats du monde. »
Combien de combats ?
« Soixante-seize combats professionnels. J'en ai gagné 71, dont 65 avant la limite. »
Quelles étaient vos qualités ?
« Ce sont les gens qui me voyaient qui peuvent en parler. Ils disaient que j'étais rapide, précis, que je frappais fort.
M.
Jean-Marie Leblanc est là aujourd'hui (1), c'est lui qui a lancé ma carrière à Dunkerque. Il a travaillé à La Voix du Nord, puis
àL'Équipe où il a "explosé" le nom de Jo Kimpuani. Je suis devenu très populaire sur le plan français, européen et mondial. »
Quel souvenir gardez-vous de votre carrière ?
« Pour moi, un vrai sportif, c'est la droiture, l'honnêteté, le respect, la politesse. C'est une devise qui m'a apporté
énormément.
Le public dunkerquois est resté toujours dans ma vie, comme ma drogue. Les Dunkerquois, quand ils criaient : "Jo ! Jo !", pour
moi, la victoire était là. Je garde toujours en mémoire l'accueil que la ville m'a réservé. J'ai arrêté la compétition il y a une trentaine d'années, mais dans les rues de Dunkerque, tout le
monde me respecte, même des jeunes car je suis toujours dans le milieu de la boxe. En 1988, j'ai monté le club de Gravelines où je suis toujours entraîneur. »
Avez-vous des regrets, notamment vos deux défaites aux championnats du monde ?
« Ce ne sont pas des regrets, c'est la loi de la nature. Comme j'étais à l'étranger, je savais bien ce qui m'attendait. Il
aurait fallu gagner par K.-O. Malheureusement, le miracle ne s'est pas produit. Mes adversaires étaient devant leur public, dans une salle archicomble. Gagner aux points à l'étranger, c'était
impossible. À Detroit, j'avais la lèvre ouverte. À travers, on voyait mes dents. Je m'étais blessé deux jours avant le combat.
Je suis monté sur le ring avec cette entaille pendant quinze rounds. Je me suis sacrifié. Quand je suis descendu, j'ai eu sept
points de suture sur la lèvre. Si on est chargé d'une mission, il faut aller jusqu'au bout. »
Continuez-vous à aller à la maison d'arrêt pour des séances de boxe avec des détenus ?
« Oui, tous les jeudis depuis trois ans en tant que bénévole. Je travaille à la CUD et je prends à chaque fois une
demi-journée de vacances pour aller voir tous ces jeunes, les faire travailler pendant une heure ou deux. Quand on leur fait faire des entraînements, ça les "dégonfle" un peu. Ils décompressent
moralement. » •
(1) L'ex-directeur du Tour de France assistait à cette cérémonie où 16 médailles de reconnaissance ont été remises à des
sportifs, des historiens, des présidents d'associations...