Deux musiciens Afro-Cubain d'origine "CONGO"
DEUX CELEBRES MUSICIENS AFRO-CUBAINS
D’ORIGINE « CONGO » (dia Ntotela)
BENNY MORE et ARSENIO RODRIGUEZ
Les musiques traditionnelles afro-cubaines constituent l’un des fondements les plus importants de la musique populaire, et les genres sacrés et profanes s’interpénètrent souvent. Les musiques sacrées afro-cubaines, réprimées par les autorités coloniales, connaissent depuis les années 60 une extraordinaire résurgence dans l’île, comme d’ailleurs dans toute la diaspora cubaine. Bien que la mort, au début du xx° siècle, des « taitas » (derniers esclaves nés en Afrique) ait accéléré le processus de créolisation, les cultes ancestraux persistent dans leurs grandes lignes. Mais, comme certaines musiques cubaines, ils sont perméables les uns aux autres.
BENNY MORE et ARSENIO RODRIGUEZ, deux plus grands noms de la musique afro-cubaine se sont inspirés particulièrement de leur héritage « Congo » qui baigne toute la culture cubaine. De la « Santeria » (révérence à leurs dieux « Congo » sous couvert du christianisme) à la musique populaire.
I – BENNY
Santa Isabel, par BENNY More
“El barbaro del ritmo ». Bartolomé Maximiliano MORE BONITEZ deviendra célèbre sous le nom de BENNY MORE. Né près de Cienfuegos, il brûla sa vie par les deux bouts et mourut à l’âge de quarante trois ans d’une cirrhose du foie. Fantasque et généreux, il occupe toujours une place de choix dans les cœurs des cubains ;
Vers le milieu du xx°siècle, les négriers de la région de Cienfuegos, dont un certain Tomas TERRY, d’origine irlandaise, qui vécut en Espagne et au Venezuela avant de s’installer à Cuba, furent particulièrement actifs.
A la fin du siècle, avec l’abolition, TERRY céda ses terres à ses esclaves, qui fondèrent à Santa Isabel de las Layas le quartier La Guinea et la société Casino de los Congos (ou de San Antonio) chargée de maintenir les traditions ancestrales. Le Casino de los Congos, qui regroupait les noirs de la raffinerie de sucre de la Santisima Trinidad, élisait un Roi.
BENNY MORE d’ascendance « Congo », né à Santa Isabel de las Layas en 1919, appartient à cette association et l’un de ses ancêtres fut le premier souverain. MORE grandit en dansant, en chantant et jouant avec ses amis du casino de la « Makuta », la « Yuka », la « Reguindinga », le « Mursundi » et autres anciens rythmes bantous.
La chance ne sourit au chanteur qu’en 1945, deux ans après son arrivée à la Havane. Le grand Miguel MATAMOROS remarque Bartolomé et décide illico de l’intégrer dans son groupe « Baconao ». Avec Ciro RODRIGUEZ, Rafael CUETO et Miguel MATAMOROS en personne, Bartolomé enregistre ses premiers disques pour le label RCA Victor.
Avec « Baconao », il effectue ses premières tournées à l’étranger, et c’est au Mexique, où il demeure jusqu’en 1951, qu’il remporte ses premiers succès. Il décide d’y prolonger son séjour et Miguel MATAMOROS lui conseille alors d’adopter un pseudonyme plus commercial, BENNY MORE signe ainsi son propre acte de naissance à Mexico.
A la fin des années 40, il est partout : radios, cabarets, films, rien ne lui échappe ! Il chante avec les orchestres de Rafael de PAZ et de Lalo MONTANE, puis intègre finalement l’orchestre d’un autre cubain, le pianiste Damaso Perez PRADO, l’inventeur controversé du fameux « Mambo ». Grâce aux disques enregistrés pour le label RCA Victor, Pérez PRADO et BENNY MORE deviennent des figurent de premier plan.
De retour à Cuba, il rejoint fin 1951 l’orchestre du saxophoniste Mariano MERCERON et ses Muchachos Pimienta à Santiago. Deux chanteurs locaux complètent ensuite le trio vocal du groupe : Pacho ALONSO et Fernando ALVAREZ.- BENNY a conquis les faveurs du public, et dans l’orchestre d’Ernesto DUARTE, il contribue à populariser quelques uns des thèmes du compositeur, tel le « Boléro como fue » ; Mais, le triomphe absolu n’est au rendez-vous qu’en Août 1953 lorsqu’il parvient enfin à fonder son propre orchestre. « La Banda Gigante », son groupe qu’il appelle tendrement sa « tribu ». BENNY MORE devient un mythe vivant ! Il accumule succès sur succès ; citons « Cienfueogos », « Te quedaras », « Dolor y perdon », « Mi amor fugas », « Bonito y sabroso », Maracaibo oriental », « Manzanillo » et tant d’autres, désormais grands classiques de la musique cubaine.
Sa vie et sa carrière artistique seront rapides et agités. BENNY était un homme simple, humble et immensément populaire qui n’hésitait pas à combattre les préjugés et les conventions sociales injustes ou dépassées. Il vivait pleinement et intensément sa vie, la buvait d’un trait, parfois à outrance, et goûtait à tous les plaisirs sans aucune restriction. Son art demeurait indemne, mais ses trop nombreux engagements professionnels, la vie de bohème et ses excès lui ruinaient lentement mais sûrement à la santé.
A sa mort, le 19 février 1963, ses compagnons vinrent battre leurs tambours. On sacrifia un chevreau, on amena les aliments traditionnels : bouillon, gombos, maïs, ignames, viande et canne à sucre, et on lui rendit les rites funèbres Congos. Il entre directement dans la légende. Plus de deux cent mille personnes se massent sur le parcours suivi par son cercueil, le peuple lui accordant ainsi des funérailles quasi nationales pour un dernier vibrant hommage. Il est enterré au son d’un rite funéraire « mayombero » d’origine bantu’, joué par la Sociedad de los Congos de son quartier natal de la Guinea.
II – ARSENIO RODRIGUEZ –
El Divorcio, par Arsenio-Rodrigues
Joueur de « tres », percussionniste, compositeur et chef d’orchestre, Arsenio RODRIGUEZ est unanimement reconnu comme l’un des plus grands créateurs dans l’histoire de la musique populaire cubaine. Né le 30 Août 1911 à Gûira de Maricujes, dans la province de Matanza, il est le troisième d’une famille de quinze frères. Leur grand père était originaire du Congo. Il passe son enfance à Güines, avec sa famille, et c’est là qu’il commence à jouer du tambour dans les fêtes afro-cubaines. Plus tard il se met à apprendre le « tres », instrument qu’il maîtrisera si bien qu’on le considérera ensuite comme l’un de ses plus grands virtuoses.
Armando ROMEU, qui travailla au cabaret « Sans-souci », connaissait bien sa maîtrise du « très » ; « il avait un don pour créer de nouveaux concepts, il connaissait la musique et toutes ses figures cubaines si rares et si compliquées. Il était super moderne et jouait avec tout son cœur. Avec lui, c’était vraiment de la salsa cubaine.
Surnommé le « cieguito maravilloso » (le merveilleux petit aveugle), en raison de sa cécité due à un accident pendant son enfance, il décide d’approfondir ses connaissances sur la musique, les croyances de la langue et la culture du Congo, lieu d’origine de ses ancêtres. Son apport à la musique afro-cubaine sera déterminant.
Dès 1927, il commence à composer des boléros, des sones et d’autres rythmes, puis fonde le « Septeto Boston » alors qu’il habite le quartier de Hornos, dans la proche banlieue de Mariano. En 1930, il rejoint le « Septeto Bellamar », dirigé par le trompettiste José INTERIAN. En 1938, il forme son propre ensemble et modifie le format traditionnel de l’orchestre de « Son » Il rajoute deux trompettes, un piano, une « tumbadora » et un chanteur au septette classique. Avec les trompettistes Ruben CALZADO, Miguel MOLINET, et Benitin BUSTILLO, élabore une nouvelle forme de « montuno », plus syncopé, et plus inspiré par les trompettes de jazz. Il le baptise « diablo », préfigurant déjà ce que sera le « mambo ».
En 1950, il part pour New York, où il doit reformer son ensemble. Ceux de ses membres qui sont restés à la Havane continueront à travailler sous la direction du trompettiste Félix CHAPOTTIN. Aux Etats-Unis, à New York comme à Los Angeles où il s’installera plus tard, « Le tresero » reste un modèle d’inspiration pour tous, et de nombreux musiciens cubains installés aux Etats Unis suivront son exemple et ses traces. L’ensemble All Stars d’Arsenio RODRIGUEZ verra passer dans ses rangs, à différentes époques, les chanteurs René SCULL, Miguelito CUNI, Marcelino GUERRA « Rapindey » (également guitariste et compositeur), Carlos RAMIREZ, Pedro Luis SARRACENT, Wito KOLTRIGHT et sa sœur Estela RODRIGUEZ, les pianistes Lino FRIAS, Ruben GONZALEZ, Lili MARTINEZ GRINAN, les contrebassistes Nilo ALFONSO, et Lazaro PRIETO, les trompettistes Ruben CALZADO, Miguel MOLINET, Benitin BUSTILLO, CARMELO , Oscar « Florecita » VELASCO, Félix CHAPOTTIN, Alfredo « Chocolate » ARMENTEROS, Domingo CORBACHO ; les percussionnistes Israel « Kike » RODRIGUEZ, son propre frère, Chocolate ou Antonio « Papakila » SUAREZ.
La discographie d’Arsenio RODRIGUEZ est vaste et de grande qualité. Ses Boléros ; « La vida es un sueno », « Cardenas », « Feliz viaje », « Zenaida », « En su partir », « Acerca el oido », « Nos estamos alejando », « Lo sabia », « Camagùey, sont tous des morceaux d’anthologie. Ses Sones ; « Bruca manigua’ », « Fuego en el 23 », « Triste lucha », « Labori », « Matanza », « Tumba palo cocuye », « No me llores », « Vacuno », « Lo dicen todo », « El reloj de pastora », « Mami », Me gusto », font désormais partie du patrimoine musical caribéen tout entier.
En 1947, aux Etats –Unis, Arsenio participe à des enregistrements mémorables aux côté de Chano POZO. Avec la chanson « Bruca Manigua’ », il remporte, en 1963, le concours de musique latine à Milan., en Italie. Plus tard, il enregistrera avec « Patato » VALDES et TOTICO, mettant son « tres » au service de la « Rumba ». Ses morceaux qui ont influencé toute une génération, seront repris par Tito PUENTE, Larry HARLOW, Luis « Perico » ORTIZ, Santiago CERON’, et la Sonora Poncera de PAPO LUCCA.
Arsenio RODRIGUEZ est mort le 30 Décembre 1970 à Los Angeles
Clément OSSINONDE - (Fiesta Havana)
El Conde Negro
Que notre aîné Clément Ossinonde nous permette de souligner que la chanson El Divorcio avait été merveilleusement interprétée en 1966 par Kwamy et son orchestre REVOLUTIONsous le titre C'EST DIVORCE.
Voici les paroles en lingala de cette interprétation , par Kwamy
« C'est divorce
C'est divorce
Oyebi ngai malamu,
Tovandi mingi nayo eh
Ata tuswani moke eh
Otangi mbanda ngai ah
Ya mbal'oyo tala kaka,
Na décider na motema
Oye ndeko,
c’est divorce
Naboyi ndeko
C’est divorce
Eliminée
C’est divorce
Nakosenga na bankoko mpo babima
Nakosenga na bankoko mpo babima"
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