COMMUNIQUE DE PRESSE DU COLLECTIF DES ONGDH
COMMUNIQUE DE PRESSE DU COLLECTIF DES ONGDH
SOUTIEN TOTAL DU COLLECTF DES ONDGH DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO AU RAPPORT 2009 D’AMNESTY INTERNATIONAL SUR LES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME EN RDCONGO
Le Collectif des Organisations Non Gouvernementales des Droits de l’Homme (ONGDH) de la RDCongo soutient et approuve totalement le rapport 2009 d’Amnesty International sur la situation des Défenseurs des Droits de l’Homme (DDH) en RDCongo.
En effet, les Défenseurs des Droits de l’Homme en RDCongo ont fait l’objet d’une persécution systématique et acharnée au cours de l’année 2009.
Les DDH ont été victimes d’enlèvements, d’arrestations arbitraires et détentions illégales, de tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants, des menaces de mort, de harcèlements et intimidations, des appels téléphoniques anonymes et des écoutes téléphoniques, de filatures et d’infiltrations des agents des services de sécurité dans leurs activités…
En réaction à ce rapport, le Ministre de la Communication et des Médias, monsieur Lambert Mende Omalanga a rendu publique la déclaration du gouvernement, parue dans la presse du 22/02/2010, selon laquelle, le rapport d’Amnesty International contient des contre-vérités.
Le Collectif des ONGDH s’insurge contre cette lecture des faits et confirme que les Défenseurs des Droits de l’Homme RDCongolais ont été bel et bien persécutés, et ce, à la lumière, à titre indicatif, des cas individuels illustratifs suivants :
Le 15 mars 2009, messieurs Floribert CHEBEYEA, Dolly IBEFO, Donat TSHIKAYA et cameraman Coco TANDA ont été arrêtés arbitrairement par les agents de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), accompagnés des policiers et ont été détenus illégalement aux cachots de la Direction des Renseignements Généraux et des Services Spéciaux de la Police Nationale Congolaise (PNC), sis immeuble Kin-Mazière à Kinshasa/Gombe.
Le 14 mars 2009, vers 18h00, les responsables de l’ONG Synergie Congo Culture et Développement (SCCD), messieurs Christopher NGOYI MUTAMBA, Gilbert LUBAMBA Mwana TAMBWE et Baugart KABONGO MBULAYI ont été arrêtés par les agents de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), à la paroisse Saint Rombaut, dans la commune de Barumbu, à Kinshasa.
Le 14 mars 2009, vers 23h00, à l’Université Pédagogique Nationale (UPN), trois (3) étudiants, en l’occurrence, messieurs Edouard BUKIZE SENGIMA, Zelence IDAMBO LUPAU et Patrick YEMBA SADIKI ont été enlevés et détenus aux cachots de la Police du camp LUFUNGULA, à Kinshasa/Lingwala.
Le 21 juillet 2009, monsieur Golden MISABIKO BAHOLELWA, président de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO)/KATANGA a été arrêté par les agents de l’ANR/Katanga et condamné par le Tribunal de Paix de Lubumbashi, en procédure d’urgence. Pendant sa longue détention, M. Golden MISABIKO a fait l’objet de tortures, des traitements cruels, inhumains et dégradants.
Le 31 août 2009, monsieur Robert ILUNGA NUMBI, président de l’ONGDH « les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains » (ANMDH), a été enlevé et arrêté arbitrairement, à Kinshasa, par les agents de l’ANR et détenu illégalement pendant un mois, successivement, aux bureaux de l’ANR, situés sur avenue Haut Commandement, dans la commune de Gombe et au Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa (CPRK).
En juillet 2009, messieurs Timothée MBUYA de l’ASADHO/Katanga et Emmanuel UMPULA de l’Action contre l’Impunité pour les Droits de l’Homme (ACIDH), Grégoire MULAMBA du Centre des Droits de l’Homme et du Droit Humanitaire (CDH) et madame Dominique MUNONGO du Centre pour le Développement de la Femme (CDF), basées à Lubumbashi, province du Katanga ont fait l’objet des menaces de mort et harcèlements à travers des appels téléphoniques anonymes, de la part des agents des services de sécurité de Lubumbashi, au Katanga.
Dans cette même réaction, le Ministre de la Communication et des Médias et Porte-parole du Gouvernement de la RDCongo, M. Lambert Mende Omalanga a fait usage d’exploitation politicienne, malveillante et tendancieuse des statistiques publiées par l’ONGDH Journaliste En Danger (JED), et Reporters Sans Frontières (RSF) sur les cas d’arrestations des journalistes, en 2009, dans une approche comparative, par rapport à l’année 2008. Ces statistiques, auxquelles le ministre Lambert Mende Omalanga s’est référé, font état de 110 cas de journalistes arrêtés en 2008 et 75 cas de journalistes arrêtés en 2009. Pour le ministre, cette situation constitue une avancée significative.
Le Collectif des ONGDH de la RDCongo exprime sa vive indignation au regard de cette lecture erronée et intéressée de ces statistiques. Le Collectif des ONGDH relève que, du point de vue des droits de l’homme, la liberté doit être la règle et la détention exception.
En ce qui concerne la situation des journalistes, le Ministre Lambert Mende Omalanga doit avoir la mémoire fraîche, pour se rappeler, qu’en septembre 2009, le journaliste Koko Chirambiza de la Radio-Star a fait l’objet d’un crime crapuleux, assassiné par des hommes en armes, à Bukavu.
En outre, c’est le Ministère de la Communication et des Médias RDCongolais qui avait pris la décision de couper le signal FM de la Radio France Internationale (RFI), et ce, depuis 9 mois, privant ainsi les RDCongolais des sources d’informations diversifiées et contradictoires.
En réalité, s’il y a eu diminution des cas d’arrestations des journalistes en 2009 (75 cas), par rapport à 2008 (110 cas), cela n’est pas le fait de la protection des journalistes par l’Etat RDCongolais ; mais, c’est plutôt dû à deux facteurs fondamentaux, à savoir, la peur des journalistes d’aborder les questions dites « sensibles » relatives à l’Armée aux services de sécurité et à la corruption, devenue un mode de gestion de l’Etat.
Par son étonnement, le ministre Lambert Mende Omalanga veut mettre en dérision les dénonciations faites régulièrement par les Défenseurs des Droits de l’Homme concernant l’existence des lieux de détention secrets, alors qu’il est de notoriété publique, que ces lieux pullulent sur l’ensemble du territoire national et constituent actuellement l’une des préoccupations du gouvernement de la RDCongo
Le Ministre Lambert Mende Omalanga a voulu épargner l’ANR des abus dont elle se rend régulièrement coupable, notamment, à l’endroit des Défenseurs des Droits de l’Homme. Théoriquement, l’ANR dépend du Ministère de l’Intérieur, mais, dans la pratique, cette agence de sécurité relève de la Présidence de la République et échappe, du coup, à tout contrôle administratif et judiciaire du gouvernement. Pour preuve, la plainte déposée, en avril 2009, auprès du Procureur Général de la République, par les ONDGH contre l’Administrateur Général de l’ANR, monsieur DARWEZI, en rapport avec ces persécutions, restée sans suite.
En rapport avec la manifestation pacifique prévue à Kinshasa, en septembre 2009, en marge de la Conférence de Chefs d’Etat et de gouvernement de la SADEC, le Collectif des ONGDH confirme qu’un dispositif sécuritaire avait été déployé dans le but de réprimer et d’arrêter les animateurs. Et l’ordre aurait été donné d’ouvrir le feu en cas de débordement.
Enfin, le Collectif des ONGDH note avec regret que le gouvernement de la RDCongo a pris l’habitude de s’attaquer littéralement à tous les rapports publiés par les ONGDH internationales, à savoir ceux de Human Rights Watch (HRW), Global Witness, Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et Amnesty International (AI), au lieu de s’en servir, pour améliorer effectivement la situation des droits de l’homme en RDCongo et assurer la sécurité et la protection de Défenseurs des Droits de l’Homme.
Fait à Kinshasa, le 07 mars 2010
Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) : Floribert CHEBEYA BAHIZIRE
Ligue des Electeurs (L E) : René KABALA MUSHIYA
Œuvres Sociales pour le Développement (OSD) : Dieudonné KABASONGO
Comité Droits de l’Homme Maintenant (CDHM) : Haroun MBONGO NGUDJA :
Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains (ANMDH) : Franck BANZA
Synergie Congo Culturel et Développement (SCCD) : Christopher NGOYI MUTAMBA