Quatre scénarios autour de l'usurpation des chansons
Cher Le messager,
J’ai lu respectivement les commentaires de Jérôme Nzembele et de Claude Kangulie à propos du titre repris ci-dessus. Je crois que tous deux ont raison. Ce sont les fondateurs patrons d’orchestre qui décident en quoi la chanson d’un compositeur encore inconnu du public va leur profiter. J’ai assez longtemps fait la promotion des musiciens et nouveaux orchestres durant les dix années pendant lesquelles j’ai réalisé « Chronique musicale », une émission de Kalonji aux époques de lui-même et d’Emile Lukezo Luansi pour vous présenter quatre scénarios. Il y en a peut-être d’autres non-avoués ?
Le premier est celui du petit compositeur de la rue qui veut se faire des sous et qui refile lui-même son œuvre à un patron d’orchestre ou même simplement à un musicien établi de l’entourage du boss. Le compositeur se contente à cet effet de quelques poignées de dollars, euros ou francs et s’éclipse ayant ainsi légué tacitement ses droits au chef d’orchestre. Karé ne l’a-t-il pas avoué à l’émission Bakulutu à propos de ses relations avec le Grand Kallé ?
Le second est celui du compositeur anonyme qui veut intégrer une formation, qui considère un chef d’orchestre comme son idole, lequel lui fait miroiter l’espoir d’être intégré dans le groupe. Le témoignage d’un invité de l’émission Bakulutu à propos des relations Tabu Ley vs Kutu Vita Valentin alias Sangana nous en donne la preuve. Sangana n’a peut-être reçu comme autre rétribution que l’espoir ! Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Le pauvre est mort pauvre !
Le troisième scénario est celui d’un musicien dont le chef d’orchestre veut lui-même faire la promotion pour rehausser le prestige de son groupe ou combler une vacance laissée par un de ses chanteurs célèbres qui a fait défection. Pépé Ndombe Opetun l’a expliqué à la même tribune de l’émission Bakulutu. Tabu Ley s’est servi de lui et a fait circuler sa machine à propagande pilotée par Mukala en disant: « Voilà l’oiseau rare que nous recherchions » et d’y aller avec quelques tubes (Hortense et Longo) du nouveau venu pour donner plus de piquant à la propagande. Qu’on se souvienne aussi de la chanson « Belinda » avec l’orchestre African Fiesta. « Baninga ba bolingo, lokola tozali awa na Vis-à-Vis, Kwamy abandi lelo » Cela s’étend à d’autres exemples. Papa Wemba a souvent cité Olomide dans les chansons (Mère Supérieure) et Nyarcos (Santa) parce qu’ils étaient des bêtes de créativité dont il ne pouvait se passer. On connaît la suite. Koffi, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a un jour fait le point sur sa place au sein de Viva la Musica.
Le quatrième est celui du musicien établi qui se retrouve avec un gros problème d’argent et qui va voir son patron pour le dépanner. Ce dernier lui propose alors un marché. Vends-moi les droits de telle de tes chansons en cours de répétition. Et le tour est joué.
Nos musiciens ne nous disent toujours pas la vérité.
Célestin S. Mansévani