Jean-Pierre répond à Anaclet
Une propagande digne de Goebbels de la part de son auteur. Messager je ne vous félicite pas. Mais on ne peut pas museler le monde non plus.
Au secour les mobutistes reviennent.
Anaclet
RÉPONSE À ANACLET (1) :
Très cher frère Anaclet :
Permets-moi de te tutoyer comme il se doit sur un blog. Tu peux aussi me tutoyer. Mais je veux répondre calmement et rationnellement à tes insultes. Le terrible défaut dans notre culture congolaise, c’est qu’on ne pèse plus les mots, tout le monde étant devenu « injurologue ». Car traiter quelqu’un de Goebbels, c’est plus qu’une injure, c’est jeter une malédiction sur lui ! Et pour cause. Dr. Paul Joseph Goebbels était le propagandiste du Troisième Reich, un régime qui a fait périr 6 millions de juifs dans des chambres à gaz avant d’incinérer les corps dans des fours crématoires. Les cendres de ces fours crématoires étaient ensuite ramassées pour en faire du savon ! Quand les troupes russes entraient dans la ville de Berlin, Goebbels et sa femme Magda on empoisonné leurs six enfants avant de se donner la mort. Alors si tu me crois capable d’une telle abomination, Dieu te pardonne ! Remarque que je ne comparerai jamais Dominique Sakombi, chantre de Mobutu, à Goebbels qui était un monstre. Mais revenons à nos moutons.
Je suis intervenu dans mon commentaire au billet sur « Ngai Kaka Bomboko », une chanson de propagande pour Bomboko, chanson écrite par Franco aux législatives de 1977. Or je me suis rappelé que j’avais dans ma collection de fichiers de musique la chanson « Candidat na biso Mobutu » écrite par Franco au cours des mêmes élections de 1977. Je voulais transmettre directement cette chanson au Messager, mais le volume du fichier n’a pas permis l’envoi par email. J’ai même mis ce fichier sur le site « Mediafire » dans l’espoir qu’on pouvait le jouer directement à partir de ce site d’entreposage de fichiers. Mais cela n’a pas été possible. Messager m’a alors suggéré de mettre ce fichier sur « YouTube ». J’ai donc fait une collecte rapide d’images de Mobutu sur Internet. Or, il est difficile de soutenir du spectateur d’un clip vidéo sans faire varier les angles de vue des images. J’ai donc utilisé les différents effets de transition et d’altération d’images que le programme « Windows Movie Maker » offre dans chaque ordinateur. Tu remarqueras que la version longue de « Candidat na biso Mobutu » sur Dailymotion n’a pas tous ces effets car le travail eût été long et pénible pour un clip de 18 minutes 47. Et puis, que m’aurais-tu suggéré de faire pour présenter ce morceau sur YouTube ou Dailymotion ? Le présenter avec un écran noir ? Soyons sérieux quand même !
Une autre remarque : le site « mbokamosika » est pour moi un site d’archéologie de la musique congolaise. Le Messager vient d’ailleurs de découvrir, sans s’en rendre compte, une nouvelle catégorisation de la musique congolaise : 1) il y a des chansons traitant des thèmes de la vie quotidienne (amour, etc.) ; 2) il y a la catégorie « musique religieuse » ; 3) il y a musique de « propagande politique » (catégorie du Messager) : même Kallé Jeff avait des chansons de propagande politique ; et 4) il y aurait aussi une catégorie de musique congolaise avec thèmes publicitaires (« Savon Reward », par exemple, et toutes les autres chansons sur nos brasseries). On réfléchit sur notre musique, ici, on ne fait pas de politique ! Et n’insulte surtout pas Messager, qui n’avait rien à voir avec mon travail de montage vidéo !
Très cher frère Anaclet :
Il y a un autre aspect de tes insultes que j’aimerais discuter. Tu me traites de « mobutiste ». Eh bien, j’assume ce titre et je le porte comme un laurier sur ma tête et voici pourquoi. J’ai toujours dit et répété qu’il y avait Mobutu-1, Mobutu-2, Mobutu-3, etc., jusqu’au Mobutu de la pourriture finale. Je reviens sur mon cas autobiographique : mon père est né en 1910, ma mère en 1924, et moi-même en 1953 (mes parents m’ont eu sur le tard). Sous la colonisation, mon père était « boy » du Baron Van den Bruck ; puis après l’indépendance, il s’était reconverti en menuisier-charpentier et en cultivateur à temps partiel (les week-ends) : on avait un grand champ sur la Rive Droite de la Tshopo, à Kisangani. J’ai fait mes humanités au Collège du Sacré-Cœur. Crois-tu que mes parents pauvres avaient l’argent pour payer mes frais scolaires à l’école secondaire la plus prestigieuse de ma ville ? Non. Tous mes frais scolaires étaient subsidiés par le gouvernement de Mobutu, figure-toi. J’obtiens mon diplôme d’Etat en 1972 avec 69%. Il s’agit d’aller à l’université ! Encore une fois, tu crois que mes parents, vivant dans la pauvreté la plus abjecte, allaient payer mes frais d’études ? Non ! Il y avait, à l’époque, lors des examens d’Etat, un concours appelé « Culture générale ». Dès qu’on réussissait à ce concours, on était d’office qualifié pour recevoir une bourse d’études du gouvernement de Mobutu ! Remarque que j’avais chaque mois une bourse de 35 zaïres (à l’époque, 1 = 2 dollars). Comme j’étudiais à la faculté des Sciences de l’Education dans ma ville natale et que j’habitais chez mes parents, je nourrissais tout le foyer avec ma bourse d’études — non seulement mes parents, mais toute la famille étendue habitant sous notre toit !
Compare cette grande chance qu’avait eue ma génération sous Mobutu à ce qui se passe actuellement au pays. Je reçois quotidiennement des appels téléphoniques et des courriels des membres de la famille à Kinshasa et à Kisangani pour me retaper à cause des enfants qui ont été chassés de l’école parce qu’ils n’ont pas payé le minerval. Remarque que la RDC est signataire de la convention de l’ONU sur l’enseignement primaire obligatoire des enfants. Récemment, j’ai mon petit qui a été suspendu des cours à l’UPN/Kinshasa parce qu’il n’a pas 100 dollars pour payer ce semestre !... Au fait, on était tous des ingrats, ceux de ma génération, parce qu’on était des « antimobutistes » invétérés, croyant que cet argent que Mobutu nous refilait mensuellement était un droit acquis ! Pauvres cons que nous étions !
Et tu crois, mon frère Anaclet, que j’irais me cacher sous un matelas parce que tu me traites aujourd’hui de « mobutiste » ? Eh bien, mon frère, je ne suis plus ingrat, j’accepte et j’assume avec fierté ton insulte de « mobutiste » !
RÉPONSE À ANACLET (3):
Morale de ce condensé de mon autobiographie : Sans Mobutu, je serais aujourd’hui cultivateur analphabète, comme mon père, sur la Rive Droite de la Rivière Tshopo !!!
Jean-Pierre