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Cet espace se veut un lieu de rencontres et d'échanges entre ressortissants de l'Afrique Centrale et Australe . Tout étranger connaissant ou voulant faire connaissance de cette partie de l'Afrique est le bienvenu. Nous y aborderons des sujets culturels en français, portugais, ou en lingala, selon les interlocuteurs . Notre devise:réduire la distance qui nous sépare du continent, par l'entretien de la mémoire collective, en recourant à notre musique dans toute sa diversité
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Publié par Joseph Pululu
Le nom de Rock-a-Mambo est aujourd’hui tombé dans l’oubli. Très peu de personnes s’en souviennent encore aujourd’hui. Même Manda Tchebwa, dans son excellent ouvrage « Terre de la chanson » consacré à toute la musique congolaise moderne, ne consacre à ce célèbre groupe, que deux pauvres paragraphes au détour d’une évocation de la figure de Grand Kallé. Les maîtres de cette classe de surdoués de la musique congolaise moderne, ont pour noms, au départ Essous Jean Serge, Papa Noèl Nedule et Rossignol Cantador. Dans la généalogie de la musique congolaise moderne, cette branche n’a pas connu l’heureux parcours des écoles Ok Jazz et African Jazz. Presque tous les groupes issus de ce style n’ont pas survécu à la vague des jeunes des années 70/80 : Signalons que le Rock-a-mambo véritable école de la musique congolaise, au même titre que l’African Jazz et l’OK Jazz, est un orchestre de studio, dans lequel passeront même le Grand kallé, Nico Kassanda et son frère Déchaud Mongala Mwamba, Dewayon Ebengo Isenge et son frère Johnny Bokelo, Vicky Longomba et bien d’autres. Seul Franco semnle ne pas avoir succombé aux charmes de ce groupe de créateurs. La plupart des groupes qui en sortiront, n’ont pas survécu à la vague dévastatrice de la musique jeune des années 70/80 : Vox Africa, Bamboula, Cobantou et Conga, Dynamic Jazz et, de l’autre côté du fleuve, à Brazzaville, le Congo Jazz, les bantous et les Négro band. Leurs leaders ne connaitront pas non plus le destin heureux de Rochereau et Franco – Bombenga, Dewayon, Essous, Bokelo, Rossignol Cantador.
Rescapé de ce naufrage, l’insubmersible Papa Noèl, qui tel le phénix, se fait un malin plaisir de renaître à chaque décade pour marquer notre espace musical de ses solos et riffs.Papa Noèl Nedule est donc, le dernier des fédérés, à l’instar de ces cow-boys, qui revenaient de nulle part, croyant que la guerre de sécession n’était pas fini, alors qu’elle l’était depuis belle lurette. Dernier des Rock-a-Mambo, alors qu’Essous Jean Serge « 3S » a posé son sax, Papa Noèl continue de travailler ses accords, de créer de nouvelles sonorités comme celui qu’il nous propose avec son dernier album salsa « Patchanga » Café Noir.
Le dernier dépositaire du style Rock-a-mambo a encore beaucoup à dire. Même s’il a eu le temps de faire la jonction entre ce qui reste de son école, avec la fiesta de l’African Jazz et l’Odemba de Franco et l’OK jazz. Son album Tangawisi joué avec l’Ok jazz et Baninga interprété avec le groupe Kékélé, produit sur la place de Paris, à des décennies d’intervalle, sont certifiés.
Chacune de ses créations porte la marque « Rock et Mambo », ce saccadé particulier made in Lipopo.
Depuis la place de Paris, avec Kékélé, il a revalorisé la guitare sèche et remis au goût du jour les sons d'origine de la rumba congolaise.
A Près de 70 ans, Papa Noël reste un « catalogue » (mannequin dirait-on aujourd’hui). Bien sûr qu'à certains moments, il arbore un crâne rasé, à la Ray Lema ou à la Manu Dibango. Dernière coquetterie, pour ce Molobo de Lipopo qui a longtemps arboré une coiffure à la "Djonal" – une influence de Johnny Halliday - son signe distinctif pendant longtemps dans la galaxie musicale congolaise.
L’artiste Nedule Montswet Papa Noël reste un témoin et un combattant – le dernier des fédérés – a encore des choses à nous dire, sur la genèse de la rumba congolaise, sur ses accointances avec Béa la Capitale (Brazzaville), mais aussi sur son statut de « pousseur » et de bâtisseur de styles musicaux : les Bantous de la capitale naissant, feront appel à lui, pour se démarquer du style Odemba. Grand Kallé lui a donné l'occasion d'expérimenter le style Fiesta, avec le tube Moselebende, et Bamboula, son groupe, lui a permis de mettre sur pied un orchestre au style original, avec lequel il a représenté le Congo au Festival d'Alger en 1968.
Mais l’homme n’a pas que des qualités. On lui prête une certaine instabilité artistique. Papa Noèl partage avec Sam Mangwana, le statut peu envié de "pigeon voyageur". Cela n’empêche qu’il est, en tout cas, l'un des rares artistes a avoir prolongé sa carrière aussi bien dans la vieille école de l'OK Jazz, qu'avec les artistes de la nouvelle génération comme Papa Wemba ou Carlyto qu'il a accompagnés en studio.
C’est ce vénérable monstre, dernier des Nganga (dépositaire de savoirs) de notre musique que Maman Hortense et Joseph Pululu, reçoivent dans leur émission « LISOLO YA BANGANGA », dimanche 8 mars 2009 en direct à partir de 15h00
Joseph Pululu