HARO SUR LA DOMINATION DES MUSIQUES RELIGIEUSES
S'il est incontestable que la musique religieuse plaît de plus en plus au sein de la diaspora congolaise, je suis des ceux qui estiment qu'on ne doit pas la laisser tout régir, phagociter, sinon envahir à la manière d'un cancer.
De passage à Kinshasa, je suis allé à un deuil où d'un bout à l'autre on diffusait des chansons religieuses : adoration et louange, où les pasteurs se succédaient pour déclamer leurs prières, surtout en français, si ce n'était pas en "langue". mais je suis parti de là sans savoir qui était le défunt. Comment s'appelait-il? de quelle région du Congo était-il originaire, toutes ces questions auxquelles le mode de deuil à l'ancienne répondait immédiatement.
Rappelez-vous mon évocation de Tekele , un nom qui est rentré dans ma mémoire le jour où, tout gamin, je suis allé à un deuil. Tout le monde pleurait Tekele en reprenant en coeur "Tekele okendeke". Je ne parle pas des ceux ou celle qui pleurent dans nos langues maternelles, qui reprennent la généalogie du défunt dans sa langue maternelle - pour annoncer à ses ancêtres qu'il arrive". Ce système de deuil n'était pas anonyme. il renseignait aussi bien le passant que les voisins sur les origines de la famille et du défunt.
N'en déplaise à notre ami qui s'extasie sur la qualité des chansons religieuses, j'estime qu'il est dangereux de le laisser envahir l'espace de nos traditions, avec cette propension à nous rendre anonyme. Un peu comme si nous avions traversé cette terre des hommes sans laisser des traces, sinon, comme le souligne notre lecteur, d'avoir fait de notre deuil, un lieu de promotion pour les "frères Moloto, Matope et autres Soeurs Mbongo".
Il faut bien sûr laisser cette musique religieuse s'épanouir, mais elle ne doit, en aucun cas, détruire notre identité culturelle. Car si nous perdons celle là, plus rien ne pourra empêcher que de projets funestes de dépéçage de notre pays ne se réalisent.
Ma remarque vaut aussi pour le mariage. il est temps que l'on laisse les congolais se réjouir avec les rumba, ndombolo ou boléro dans nos mariages. Il faut en finir avec le diktat des musiques religieuses, comme si la communauté congolaise était devenue un vaste couvent où à longueur de journée, on passerait son temps à dire des louanges et à faire des adorations. Demain, nos enfants et petis enfants nous demanderons, à la manière de ce groupe de jeunes de la Diaspora "NKa" (descendants), nous ont interpellé avec leur chanson "Lopango ya ba Nka: Ces traditions, nous les avons reçus de nos aînés et ascendants, nous devons les transmettre à notre descendance, tous comme les peuples de la Bible ont transmis, jusqu'à nous leur traditions, qui ne sont pas les nôtres, jusqu'à preuve du contraire.
Muan'a mangembo