La CPI frappe encore
La CPI a encore frappé, en réclamant lundi un mandat d'arrêt contre Omar el-Béchir, pour crimes contre l'humanité.
Après Slobodan Milosevic et Charles Taylor, voici Omar el-Béchir. Le président soudanais est à son tour rattrapé par la justice internationale. Le tribunal pénal international (CPI) a prononcé
lundi son inculpation pour génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre au Darfour, cette région de l'ouest du Soudan où sévit la guerre civile, ainsi que sept autres chefs
d'accusation.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, s'appuie sur un réquisitoire d'une rare virulence pour justifier les poursuites. «Les éléments de preuve de l'accusation montrent que M. el-Béchir
a échafaudé et exécuté un plan visant à détruire une grande partie des groupes Four, Masalit et Zaghawa en raison de leur appartenance ethnique, affirme-t-il. Il prenait prétexte de la lutte
contre l'insurrection. En fait, il visait le génocide», poursuit le magistrat chargé il y a trois ans par le Conseil de sécurité de l'ONU de mener une enquête indépendante. Et d'évoquer des
attaques coordonnées contre les camps de réfugiés, l'usage de l'arme du viol, de la faim et de la peur. «Je n'ai pas le luxe de me taire. J'ai des preuves», insiste Luis Moreno-Ocampo. Selon le
procureur argentin, des «forces et des agents» contrôlés par Béchir ont tué au moins 35 000 civils et causé la «mort lente» de 80 000 à 265 000 autres, contraints de fuir
leurs foyers devant les combats. «Ce qui se passe au Darfour est la conséquence de la volonté d'el-Béchir», conclut Moreno-Ocampo.
Véritable coup de tonnerre, l'inculpation du président soudanais devrait être prolongée, après examen du dossier par les juges de la chambre préliminaire, par la délivrance d'un mandat d'arrêt
international. Non protégé par une immunité en dépit de son statut, Omar el-Béchir risque d'être à la merci d'une arrestation et d'une extradition vers les Pays-Bas, siège de la cour, en cas de
déplacement dans l'un des 106 pays signataires du traité de Rome. Cependant, la décision des magistrats n'est pas attendue avant plusieurs mois.
Répercussions négatives
Le Soudan a réagi en affirmant ne pas reconnaître la compétence de la CPI et en menaçant d'une «réaction» si l'affaire était portée devant les Nations unies. Averti voilà plusieurs jours, le
gouvernement a fait savoir que la mesure pouvait faire basculer le pays dans le «chaos». La présidence de l'Union africaine a mis en garde contre la possibilité de «coups d'État et d'une anarchie
généralisée».
À Khartoum, l'inculpation du général Béchir inquiète les ressortissants étrangers. Les ambassades occidentales ont recommandé à leurs ressortissants de limiter leurs déplacements par crainte de
violences. George W. Bush s'est dit «profondément inquiet» de l'insécurité au Darfour sur place.
Théthé
Pour une fois qu'une institution internationale se dresse contre l'impunité, voici l'ONU, l'UA et le président américain qui invoquent des raisons politiques pour
déstabiliser Luis Moreno-Ocampo ! Qu'il y ait donc un coup d'Etat ou chaos, mais pourvu que cet homme paie pour les crimes perpétrés au Darfour. Notre pays, qui continue à appuyer le régime
sanguinaire de Khartoum, devrait rompre les relations diplomatiques avec ce pays aux mœurs médiévales. Jean-Pierre