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Publié par Samuel Malonga

Au Mali, a existé un groupe musical qui a fait son honneur dans les années 60. Cet orchestre a vu le jour loin de la terre natale de ses membres dans la lointaine contrée des Caraïbes. Des étudiants se sont transformés en artistes-musiciens le temps de leurs séjour au pays de Fidel Castro. Cet orchestre qui est le premier groupe afro-cubain du continent noir a pour nom Las Maravillas de Mali (Les Merveilles du Mali), fruit des échanges culturels entre les pays africains socialistes et l’Etat  cubain.

 

Depuis le 22 septembre 1950, le Mali est dirigé par Modibo Keita, le père de l’indépendance. Cet homme de grande taille qui affiche son panafricanisme et ses idées socialistes se rapproche des pays progressistes. En 1963, il souhaite une collaboration culturelle avec le pays de Fidel Castro. Aussi décide-t-il d’envoyer des jeunes de son pays à Cuba pour faire des études de musique qui feront d’eux les premiers professeurs africains de cet art. Frère idéologique de Modibo, Castro accepte d’emblée l’arrivée desdits étudiants sur son territoire. Une sélection est faite à travers tout le Mali. Les sélectionnés qui auraient bénéficier des soutiens politiques locaux sont retenus sur base d’une simple lettre de motivation. Dix jeunes qui ne se connaissent pas sont choisis. Ils se rencontrent pour la première fois à Bamako avant le voyage. Avec leur précieux sésame, ils débarquent à La Havane en janvier 1964 après une escale d’une semaine à Prague. Les dix Maliens s’installent dans une villa aux frais de l’Etat cubain. Ils ont même le privilège de rencontrer les deux maîtres de l’île à savoir El Che et El Commandante Fidel Castro.

Un an après leur arrivée et après l’apprentissage de l’espagnol, les Maliens intègrent le Conservatoire Alejandro Garcia pour suivre une formation musicale de haut niveau. De 1964 à 1967, les étudiants qui  vivent à 7.955 km de leur pays se sentent quelque peu oubliés par les leurs. Le contact est difficile avec la mère-patrie. Le courrier prend au moins deux mois à leur parvenir. Pour casser cette morosité et la nostalgie qui les rongent, ils créent Las Maravillas de Mali en référence au célèbre groupe Maravillas de Florida qui affole les jeunes havanais. Le groupe se compose des musiciens suivants : Boncana Maïga (flûte, guiro), Dramane Traoré (flûte), Moustapha Sako (violon), Aliou Traoré (violon), Abdoulaye Diarra (violon), Mamadou Tolo (violon), Londo (violon), Kalilou Traoré (piano), Bah Tapo (percussions), Salif Traoré (contrebasse). Des dix étudiants du départ, trois sont renvoyés au Mali parce qu’ils ne travaillent pas comme il se doit. Ils ne restent plus que sept à poursuivre les études et ’aventure musicale.

 

L’orchestre fait sa première apparition sur scène à l’ambassade de la Guinée à La Havane pour célébrer le cinquième anniversaire de l’indépendance du Mali. Le groupe qui chante en bambara, français et espagnol entre au studio Egrem de la Havane pour enregistrer son premier single comprenant deux titres de Boncana Maïga : "Rendez-vous chez Fatimata" et "Africa mia". Le premier titre, bien que chanté en français, fait un carton à Cuba. L’Afrique de l’Ouest est conquise.  Le hit devient même la chanson emblématique du groupe. D’autres chansons suivent notamment "Lumumba", "Boogaloo sera Mali", "Radio Mali", "Tema de Boncana" et tant d’autres. L’orchestre excelle dans divers styles musicaux entre autres montuno, joropo, boogaloo, Bolero, cha cha cha, danzon, guaracha.

Le groupe acquiert une certaine notoriété dans l’île. Las Maravillas passe de nombreuses fois à la radio et à la télé cubaine. Une tournée dans les Caraïbes est réalisée en 1967. A la fin de la même année, l’orchestre est en vacances au Mali et en profite pour jouer à la présidence de la  de la République devant Mobibo Keita pour les sept ans du Mali indépendant.

Vers la fin de 1968, c’est le tournant. Leur bienfaiteur, le président Modibo est renversé le 19 novembre lors d’un coup d’Etat militaire organisé le lieutenant Moussa Traoré. Le nouveau gouvernement dirigé par les putschistes ne sait que faire de ces étudiants futurs professeurs de musique. Rappelés au pays en 1974, ils éprouvent des difficultés pour exercer leur métier car abandonnés à eux-mêmes. Ensuite, ils sont mutés dans la fonction publique où ils occupent des fonctions de seconde zone. Associé à l’ancien régime, l’orchestre Las Maravillas qui n’est plus qu’un lointain souvenir se disloque lorsque le gouvernement impose un nouveau chef d’orchestre et exige le changement du nom du groupe. Sous la pression des militaires au pouvoir, Boncana Maïga s’exile en côte d’Ivoire pour continuer à pratiquer librement la musique. Il va y enseigner au conservatoire, diriger l’orchestre de la télévision nationale et créer le groupe Africando, ses anciens amis ayant refusé de le rejoindre à Abidjan pour continuer l’aventure des Maravillas. Le maestro est même interdit par les autorités militaires de séjourner au Mali. Le bannissement  va durer 15 ans. Il devient en 2001 l’animateur-producteur de l’émission "Star Parade" sur TV 5

 

 

En 2016, le groupe est réactivé avec à sa tête le maestro Boncana Maïga, seul survivant de la formation originelle. Le film documentaire "Africa Mia" sorti en 2019  met en lumière le destin hors norme de dix jeunes maliens à Cuba  ainsi que la fabuleuse odyssée de leur groupe, Les Maravillas de Mali.

Samuel Malonga

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Z
sympa ton blog bien pour ton texte et les photo<br /> bon weekend bisous
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