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Publié par Samuel Malonga

Dans le parler kinois, même si bien des mots proviennent de la capitale, la diaspora n’est pas  en reste. Sa participation dans l’enrichissement de cette lingua franca n’est pas à démontrer. Le terme "Mundibu" par exemple, si fréquemment utilisé dans la communauté congolaise en Occident en est la parfaite illustration. Les Congolais d’Europe ne l’ont pas inventé. Ils lui ont simplement donné une nouvelle signification. Qu’a-t-on fait pour que le nom de cette tribu désigne aujourd’hui un Arabe ? Ce fait n’est pas le produit du hasard. Se connaissant les habitudes dans leur terroir, on peut supposer que ce sont les membres des tribus voisines des Bandibu qui sont à l’origine de cette assimilation, sinon comment pouvait-il en être autrement ?

Les Bandibu constituent en effet une des tribus de l’ethnie kongo. Ils occupent les territoires de Mbanza-Ngungu et de Songololo dans le district des Cataractes dans la province du Kongo Central. Parmi leurs voisins immédiats se trouvent les Besingombe, les Bantandu, les Manianga sans oublier les Bamboma.

 

 

Sur le plan humain, les Bandibu sont reconnus par leur tempérament agressif. Ils n’hésitent pas à s’emporter non sans faire parfois des dégâts. Courageux, ils ne se laissent pas intimider et ne cèdent pas facilement devant un adversaire. Lorsqu’une bagarre éclate, le Mundibu ne va pas par quatre chemins. Il  ne va pas se battre avec ses poings. Au contraire, il est le premier à dégainer pour garantir sa défense. D’ailleurs, un adage familier à cette tribu dit : « Mbele ya Mundibu ka yivayikanga mpamba ko, le couteau d’un Mundibu ne sort pas pour rien. » Cela veut dire qu’un Mundibu ne fait pas de la simulation lorsqu’il sort un poignard ou une machette. C’est pour en faire bon usage. C’est aussi dire que si l’adversaire ne prend pas ses dispositions, il n’hésitera pas à le blesser avec son arme blanche.

Comparaison faite, force est de constater que cette agressivité légendaire des Bandibu se retrouve aussi chez les Arabes. Lorsqu’en Europe, la diaspora congolaise se met à la recherche d'un terme approprié pour désigner les Maghrébins et autres Nord-Africains, le choix tombe sur les Bandibu. Leurs voisins dans les Cataractes ont vraisemblablement eu une part active dans son appréciation et dans son adoption. C'est une évidence.

 

Né en Europe, le terme a fait un come-back triomphal à Kinshasa avec ses nouveaux habits. Il s’y est durablement installé et fait désormais partie intégrante du parler kinois. Mais pour renvoyer l’ascenseur aux Congolais de la diaspora pour cette trouvaille, les Kinois ont réussi à inventer le  synonyme du mot Mundibu. En effet, pour désigner une personne qui se réclame de race blanche alors qu’il n’est ni Occidental ni Est-européen mais plutôt Arabe, l’homme Kinois lui a collé un nouveau nom : "Faux Blanc" . Dans la logique qui accompagne ce terme et dans la conception lexicographique qui entourent son invention, il veut dire qu’un homme qui paraît blanc ou qui croit être blanc ne l’est pas en réalité. Son apparence trompeuse est en fait une hallucination dont l’intéressé lui-même est le jouet sans qu'il ne s'en rende compte.

Samuel Malonga

Cher Sam Malonga,


Bonjour et tous mes vifs remerciements pour cet article bien compris, situé, défini, caractérisé et bien expliqué. En effet, je suis témoin dans l'articulation de cette histoire! Début 1981, nous désignions les nord-Africains sous le sobriquet des "Tipo-tip" ou "Tipos"! Et l'histoire que vous avez écrite récemment est révélatrice de cette introduction des noms arabisés au Congo. Jusqu'en janvier 1983, le terme de "Tipo-tip" était en usage, au sein de notre communauté, au voisinage du terme "Kobo" pour désigner un être humain noir.

 Et c'est vers Février 1983 que le terme " Mundibu" apparaît. Tout ça c'est en Belgique! Le terme "Tipo-tip" qui était en usage, c'étaient moi et un collègue qui avions crée ce terme, exprimé et expliqué son sens aux étudiants Marocains, Algériens et Tunisiens, était compris et accepté quoique nos chers Maghrébins contestaient cette histoire. Mais en 1983, au mois de mars à Schaerbeck, une des communes Bruxelloises où la population Maghrébine est nombreuse, comme à Molenbeek, une bagarre eut lieu où les couteaux étaient bien tirés, disons des longs couteaux, et du sang partout! Un des nos diplomates sur place n'avait pas hésité à dire que :" ça c'est vraiment des bandibu". En me tenant le bras, le consul Mpanzu, excusez-moi de révéler son nom, ne savait pas qu'il allait introduire un terme dans le vocabulaire congolais, lui-même un vrai muyombe. Et des scènes de ce genre étaient courants presque chaque mois et la presse et la télévision en parlaient souvent.

 En 1982, c'était le meurtre d'un petit belge, au coup de couteau, par un adulte Marocain et l'émoi était partout! Des meurtres ou tueries au coup de couteaux étaient courants de la part des Maghrébins! Et quand j'étais revenu à Bruxelles, au mois de juillet 1983, le terme des "Bandibu" avait supplanté le terme des "Tipo tip". Enfin, le terme de "Bandibu" n'est pas, en ma connaissance et jusqu'aujourd'hui, bien connu et accepté par les Maghrébins. En attente, bien à vous et salut à notre vaillant Messager et tous les mbokatiers.

LEND NYANGUILA

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É
Votre article sur l'origine du terme "Bandibu" et son usage par les Congolais est fascinant ! Pensez-vous que cette assimilation entre les traits des Bandibu et ceux des Nord-Africains reflète encore les perceptions actuelles en Europe ? Par ailleurs, j'ai trouvé un parallèle intéressant avec l’évolution de la culture médiatique et musicale arabe en Europe. Découvrez ici pour en savoir plus.
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O
Les années 70, les Ngungois arrivent sur BXL et Paris. Parmi eux le célèbre Jojo Mandiki Mapata qu'on ne présente plus. Ils seront les premiers à designer nos voisins par le nom Mundibu car du côté de Mbanza Ngungu, ces derniers avaient la gâchette facile avec le couteau. Et dans la foulée, ceux qui avaient honte déposer les Ngunda, les ressortissants de Mbanza Ngungu n'hésiteront pas. Parmi batu ya liboso ba buaka doc. Qu'on ne vous trompe pas. Les Mikilistes de cette époque peuvent le confirmer.
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S
Cher Lend,<br /> Merci pour votre édifiante contribution.
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L
Cher Sam Malonga,<br /> Bonjour et, de rien et je vous en prie en plus, grâce à votre exposé que j'ai eu l'occasion de faire part de ce que j'ai vécu. A' chaque fois, vos exposés sont bien sensés, ainsi que fait aussi notre Messager, et j'interviens pour donner mon avis soit pour faire part de ce que j'ai appris ou apporter un complément d'informations si c'est nécessaire. Dans cet exposé, l'occasion était belle, vous l'avez bien situé et référencé car, en 1983, l'ancien fonctionnaire de notre ambassade, de titre consul ou ministre-conseiller, avait déjà la cinquantaine passée et que pouvons-nous penser où en est-il aujourd'hui? C'était lui, étant muyombe, qui nous avait expliqué comment sont les Bandibu, en cas de bagarre, car, vers la fin des années 20 et début des années 30, 40 et 50, pour avoir passé son enfance et jeunesse dans le Kongo central. Et votre exposé fait bien référence de la connaissance de la région pour saisir l'attitude des Bandibu en temps de bagarre! Un petit regret, et ce n'est pas la première fois, que certains de nos concitoyens essaient de faire croire que ce sobriquet, de Bandibu, a été imaginé à Paris!, Un autre fait, vers la fin des années 70 et début de l'année 1980, était l'arrivée en Belgique d'un de nos concitoyens du nom de Mampuya. Depuis son arrivée, par malchance, il n'avait pas pu avoir l'occasion d'être en relation d'amour avec une femme et, ce, durant plus de deux ans voire plus! Donc une misère sexuelle! Et l'humour congolais se mit en transes. Donc toute personne en manque de relation de charme, dans le secret d'alcôves, on le qualifiait d'être en Mampuya ou Mampuyiste! C'est à dire crise par manque de partenaire sexuel! Est-ce que ça venait de Paris? Non. Et cette expression tendait à disparaître vers les années 1990. Et même Lita Bembo avait émis un cri, dans une de ses chansons, "Poto Mampuya"! Et l'humour congolais est riche, comme vous l'avez déjà révélé précédemment dans certains articles, et le monde y compris les observateurs français le savent bien. A' titre d'exemple, dès le début de l'Etat indépendant du Congo, les travaux qui consistaient à casser les rochers, pierres et cailloux, concassages et grands travaux, pour les chemins de fer, routes et pour construire des bâtiments, les congolais les dénomment de Bula-matadi et dérive en Bula-matari ce qui signifiait travaux publics qui relèvent de l'autorité publique et forment le code de commandement d'où autorité assistée par la police, gendarmerie et l'armée. De par là, depuis 1882, toute personne ne respectant pas les ordres ou commettant des forfaits, la condamnation se faisant par le texte, autour d'une table, et pour acter la mise en punition, chicotte, cachot ou prison, il fallait que le brigadier ou assesseur, à l'époque un colonial, marque un tampon frappé ou marqué pour faire entendre la mise en marche de la sanction! Et les congolais, par humour, avaient caractérisé cette façon de " Tamponner" quelqu'un, c'est à dire on l'écrase déjà! Et il arriva même que lorsqu'un véhicule écrase un piéton, on disait qu'on l'a tamponné. Et que dire de colot ou collot? Tout ça les congolais maltraités par les colons, trop insistants, tracassiers et procéduriers, ils arrivaient à trouver quelqu'un d'ennuyeux de le traiter, par humour, de colot ou collot! Et que penser de quelqu'un qui veut se hisser par rapport aux autres et se fait voir comme un chef? Les congolais disent azali ko sala ki séfé! Et de la chaussée asphaltée? Depuis qu'on avait construit une longue avenue prince Beaudouin, les congolais désignaient une route asphaltée de prince. Dans le sport, football, lorsqu'un joueur rate de tirer ou taper sur un ballon, soit pour le dégager, les congolais disaient " A kati kwanga ou duma" et par après " A kati zaîre". Et lorsque le ballon est ramené sous le pied et accompagné d'un bruit de brouh, les congolais disent " Mbroussou" et s'il faut rendre quelqu'un coupable, comme au foot on provoque une touche, les congolais disent " Ba simbisi ye touche" Enfin, il y en a tellement qu'on a pas le temps de tout exposer. En attente, bien à vous et salut à notre vaillant Messager.
L
Cher Sam Malonga,<br /> Bonjour et tous mes vifs remerciements pour cet article bien compris, situé, défini, caractérisé et bien expliqué. En effet, je suis témoin dans l'articulation de cette histoire! Début 1981, nous désignions les nord-Africains sous le sobriquet des "Tipo-tip" ou "Tipos"! Et l'histoire que vous avez écrite récemment est révélatrice de cette introduction des noms arabisés au Congo. Jusqu'en janvier 1983, le terme de "Tipo-tip" était en usage, au sein de notre communauté, au voisinage du terme "Kobo" pour désigner un être humain noir. Et c'est vers Février 1983 que le terme " Mundibu" apparaît. Tout ça c'est en Belgique! Le terme "Tipo-tip" qui était en usage, c'étaient moi et un collègue qui avions crée ce terme, exprimé et expliqué son sens aux étudiants Marocains, Algériens et Tunisiens, était compris et accepté quoique nos chers Maghrébins contestaient cette histoire. Mais en 1983, au mois de mars à Schaerbeck, une des communes Bruxelloises où la population Maghrébine est nombreuse, comme à Molenbeek, une bagarre eut lieu où les couteaux étaient bien tirés, disons des longs couteaux, et du sang partout! Un des nos diplomates sur place n'avait pas hésité à dire que :" ça c'est vraiment des bandibu". En me tenant le bras, le consul Mpanzu, excusez-moi de révéler son nom, ne savait pas qu'il allait introduire un terme dans le vocabulaire congolais, lui-même un vrai muyombe. Et des scènes de ce genre étaient courants presque chaque mois et la presse et la télévision en parlaient souvent. En 1982, c'était le meurtre d'un petit belge, au coup de couteau, par un adulte Marocain et l'émoi était partout! Des meurtres ou tueries au coup de couteaux étaient courants de la part des Maghrébins! Et quand j'étais revenu à Bruxelles, au mois de juillet 1983, le terme des "Bandibu" avait supplanté le terme des "Tipo tip". Enfin, le terme de "Bandibu" n'est pas, en ma connaissance et jusqu'aujourd'hui, bien connu et accepté par les Maghrébins. En attente, bien à vous et salut à notre vaillant Messager et tous les mbokatiers.
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L
Cher Sam Malonga,<br /> Bonjour et merci pour cet éclaircissement car, s'il fallait penser à Mampuya, de Darings Faucons, il fallait aussi penser à Bonga-Bonga et Muwawa! Ce Mampuya dont j'ai parlé était peut-être un étudiant ou un stagiaire. Enfin, la plupart de ceux qui ont vécu en Belgique ou en Europe, à cette époque, savent de quoi il s'agit sur cette expression. En attente, bien à vous et salut au Messager.
S
Je suis du même avis que Lend Nyanguila. Lepère Mampuya de Daring Faucon et ancien Léopard n'a rien avoir avec le terme "mampuya"' utilisé dans la diaspora congolaise d'Europe.
L
Chers Messager et Charles,<br /> Bonsoir, le nom de Mampuya est répandu chez les kongos que ce soit au Congo-Kinshasa ou Brazzaville, Angola ou Gabon. Le joueur Mampuya était bien connu! Il était un pilier des Darings Faucons! Mais le Mampuya dont il était question en Belgique, était un autre! A' titre d'exemple, le nom Malonga, la plupart des ressortissants du Congo-Brazzaville croient que ce n'est que chez eux que ce nom existe! Enfin, ce n'est pas le Mampuya des Darings " Matiti mabe"! Et pour revenir sur la richesse de l'humour congolais, il y a lieu de retenir que, à partir des travaux de concassage, casse des rochers, pierres et cailloux, les congolais arrivés en Europe, la plupart étudiants en Belgique, et effectuant des travaux souvent pénibles, pour percevoir une rémunération et faire face au coût de la vie, considéraient qu'ils cassaient les pierres et taper les cailloux. D'où le terme :" Na beti libanga" ou Na beti cailloux. Enfin, tout ça ce ne sont que des expressions
M
Mampuya, "Le Père", ancien arrière central de Darling. Je le vois encore sous le maillot césar de Darling, aux côtés de Bessy. Likimba....et du gardien Ebengo "souplesse". Il avait évolué avec les jeunes Makelele Soucous, Kakoko, Raoul, Nicodème Kabamba, etc.<br /> Mampuya était transfuge de l'Union.<br /> Messager
C
Cher Lend,<br /> <br /> Un petit mot concernant le terme"Mampuya", je pense que c'est bien avant l’arrivée des nos concitoyens ici na mikili. A Kinshasa Il y avait un joueur de football, un défenseur central de Daring vers le debut des années 70' qui s’appelait Mampuya, très autoritaire, il ne tolérait pas les erreurs de jeunes joueurs qui l'accompagnaient en défense, on l'avait surnomme "Le Père" (c.a.d. un prêtre catholique- qui dit prêtre catholique voit une personne chaste) Et pour designer une personne en manque de relation amoureuse, le terme "Le Père" donc "sango" "Mampuya" caractérisait bien cela. <br /> <br /> Cordialememt.<br /> <br /> Charles.