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Publié par Samuel Malonga

 

Jamais un sportif n’a autant fait parler de lui que Pelé. A une époque où être Noir était synonyme d’infériorité, Le Brésilien par son génie créateur est parvenu à unir au-delà des races et des cultures, le monde autour du ballon rond. Il est le premier superstar planétaire du football. Il a été reçu comme un chef d’Etat par des papes, des présidents de la République, des empereurs, des rois. Il a été invité dans plusieurs pays avec Santos FC pour des rencontres de gala.

L’unique triple champion du monde de l’histoire du football a fait une brillante démonstration d'art et d'astuces footballistiques. Il est une figure marquante du soccer. Le football a son roi et contrairement aux autres monarques, il demeurera le Roi éternel du football mondial. Il a inventé certains gestes incroyables et a augmenté la visibilité du Brésil sur la carte sportive du monde. La Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) a proposé à la (CBF) confédération brésilienne de football, de changer trois des cinq étoiles qu'elle porte sur son bouclier à trois cœurs en hommage à O Rei qui a popularisé le jogo bonito. 

Kinshasa, voir Pelé ou mourir

Pélé et Santos font une longue tournée africaine. Ils débarquent à Kinshasa en juin 1967. Les Brésiliens ne livrent qu’une seule rencontre avec les Léopards. Le président Mobutu qui veut donner aux Kinois l’occasion de voir la star sur la pelouse de Tata Rphaël, décrète la journée chômée. Le 2 juin 1967, le stade est plein comme un œuf. Mobutu est lui-même présent. Beaucoup de Kinois qui n’ont jamais mis les pieds au stade sont venus voir le phénomène du football. Nombreux sont là dès l’ouverture des portes du stade vers 8 heures alors que le match devrait commencer à 16 heures. La rencontre se solde par la victoire de Santos (2-1). Pelé marque les deux buts de son équipe. L’unique réalisation congolaise est l’œuvre du Géomètre Kabamba. Ce match signe aussi la fin de la carrière de Freddy Mulongo, blessé par Pelé. Après l’étape de Kinshasa, les Brésiliens ont  d’autrtes rendez-vous sportifs à Brazzaville, Libreville, Dakar et Abidjan.

Près de deux ans plus tard et venant du Congo-Brazzaville au terme des matchs livrés à Pointe-Noire et Brazzaville, Santos FC et Pelé traversent le fleuve pour livrer deux rencontres en RDC. La première a lieu avec les Léopards B. Elle est remportée par Santos par 2 buts à zéro. Le match de la revanche a lieu le 23 janvier 1969 dans un stade Tata Raphaël archicomble. Pelé et le Santos mordent la poussière. Ils sont battus par 3 buts à 2. Si Pelé est l’auteur des deux réalisations de son équipe, les buts des Léopards sont marqués par Adelar Mayanga. Ce dernier a quelque peu volé la vedette au bombardier Kalala qui a réalisé un doublé en lui faisant la passe décisive du but  de la victoire. Adelar est quelque peu hors-jeu mais l’arbitre ferme les yeux. Les Léopards de la RDC sont la seule équipe nationale africaine à avoir battu Pelé et le Santos FC.

Les Pelé congolais

Le meilleur joueur de l’histoire du football a fasciné des millions des sportifs et des amoureux du ballon rond. Son nom difficilement prononçable et quasiment inconnu du grand public a été supplanté par son surnom. Même si ses fans au Brésil chantent allégrement qu’il n’y a qu’un seul Pelé, ce sobriquet a été  emprunté par des milliers de footballeurs connus et inconnus surtout en Afrique. Le Congo n’y a pas échappé.  Beaucoup de footballeurs congolais ont porté ce nom même avant le passage du Brésilien dans notre pays. Les congolais les plus en vue qui ont porté ce nom prestigieux sont : Ignace Muwawa (Daring), Ignace Lembe (Himalaya/Daring), Delondi (Nomades), Makunza (V.Club), Kilasu Masamba (Bilima/Imana), Mutombo (Don Bosco), Lunangu (Mambenga). La frontière entre la musique et le football étant poreuse, l’artiste-musicien Marie-Paul Kambulu s’est également accaparé de ce surnom pour devenir lui aussi un homonyme de la star brésilienne.

La troisième étoile

En 1970 au Mexique, la FIFA innove. Le remplacement des joueurs blessés ou non performants est introduit. Des mesures dissuasives sont prises avec l’usage des cartons jaunes jaune (avertissement) et rouge (expulsion). Les joueurs surtout les attaquants se sentent protégés. Le Brésil aborde la compétition avec sérénité. L’entraineur Mario Zagallo a composé une équipe de rêve et avec Pelé, la Seleção fait peur. Pour sa quatrième et dernière Coupe du monde en 1970, il étale tout son talent en multipliant des gestes techniques d’une beauté rare. La Seleção est de nouveau sur le toit du monde. Champion du monde pour la troisième fois, le Brésil s’attribue le trophée Jules Rimet. Le Sunday Times qui l’a daubé en 1966 en le qualifiant de ″ Pelé, triste millionnaire″, s’interroge cette fois-ci dans sa Une du 22 juin 1970 tout en donnant lui-même la réponse : ″How do you spell Pelé ? G-O-D″.   

 

Fica ! fica !

La trentaine passée, le Roi qui a donné le meilleur de lui-même met un terme à sa carrière internationale. Le 18 juillet 1971, Pélé porte pour la dernière fois le maillot auriverde contre la Yougoslavie (2-2). Au Maracana, 130.000 spectateurs s’entassent dans les tribunes pour se régaler des derniers gestes technique du Roi sur le terrain. Au terme de la rencontre, Pelé fait un tour d’honneur. On lui remet les symboles et les attributs de la royauté : une couronne et un sceptre. L’émotion est à son comble. Les spectateurs l’ovationnent pendant de longues minutes. Puis comme un seul homme, ils tentent de le dissuader et scandent tristement : "Fica ! Fica ! " (Reste ! Reste !), mais O Rei demeure sourd à leurs supplications. Il dira même plus tard : "Il faut partir quand le public veut qu’on reste, pas quand il veut qu’on s’en aille".

Le Roi  poursuit sa carrière en club encore pendant trois ans. Il décide de prendre sa retraite définitive. Il dispute son dernier match le 2 octobre 1974, lui permettant ainsi de totaliser 1.116 rencontres avec Santos pour 1.091 buts marqués.

 

Adieu la grosse pomme

En 1975, sur l’instance de l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, Pelé sort de sa retraite sportive afin de promouvoir le soccer aux Etats-Unis. Pour ce come-back, il signe le 10 juin un contrat au New York Cosmos avec qui il remporte le championnat en 1977. Le 1er octobre de la même année au Giants Stadium de New York, Pelé fait ses adieux définitifs au football. Une foule immense estimée à 75.000 spectateurs assiste au jubilé du Roi. Le plus grand boxeur de tous les temps, Mohamed Ali, est présent. Ce match d’adieu est organisé entre Santos et le Cosmos de New York. Pelé joue une mi-temps dans chacune des deux équipes. Il raccroche cette fois-ci définitivement. On ne le verra plus sur un terrain de football sauf en 1990 à San Siro à Milan. Le jour de ses 50 ans, avec en prime le brassard de capitaine, il joue la 1re mi-temps du match amical opposant le Brésil à une sélection de stars mondiales du football.

 

Footballeur de tous les records

Santos FC et la Seleção ont profité de l’aura de Pelé pour des tournées européennes puis africaine dans les années 60. Ces voyages ont renfloué les caisses de la CBD. Au cours des 104 matches amicaux joués en Europe, le Roi a marqué pas moins de 115 buts.

En club comme en équipe nationale, Pelé est à la fois le plus jeune buteur et le plus jeune auteur d'un triplé de l’histoire de la Coupe du Monde, mais aussi le plus jeune finaliste, le plus jeune buteur en finale, le plus jeune champion du monde et le premier footballeur qui a marqué dans quatre Coupes du monde consécutives. Ses tirs puissants sont une arme redoutable. Il marque des buts avec ses deux pieds tout comme avec sa tête et peut même jouer au poste de gardien de but. C’est une denrée rare qui multiplie les records. Pendant 22 ans, Pelé a marqué 92 tours du chapeau ou triplés, cinq réalisations à six reprises,  une fois huit buts et plusieurs fois avec des coups de pied de bicyclette pour un total de 1.281 buts en 1.363 matchs.

 

Durant les 21 années de sa carrière professionnelle, Pelé n’a joué que dans deux équipes : le Santos Futebol Clube de 1956 à 1974 et le Cosmos de New York entre 1975 et 1977. Pendant sa carrière, le Roi a gagné plusieurs prix.

- Santos : deux Copa Libertadores (1962, 1963) ; deux Coupes intercontinentales (1962, 1963) ; une Recopa Sudamericana (1968), une Supercoupe des champions intercontinentaux (1968) ; six coupes du Brésil (1961, 1962, 1963, 1964, 1965, 1968) ; onze titres de champion de l’Etat de Sao Paolo (1956, 1958, 1962,1964, 1965, 1967, 1968, 1969, 1973)

- Seleção : trois Coupe du monde (1958, 1962, 1970) ;. deux Copa Roca (1957, 1963),

 - New York Cosmos : Champion NASL (1977).

La Fifa et France Football lui ont décerné un Ballon d'Or d'honneur en janvier 2014, pour saluer l'ensemble de sa carrière. La CIO lui a décerné le titre d’″Athlète du siècle″ en 1999, tandis que la Fifa et la Fédération internationale d'histoire et de statistiques du football (IFFHS) l'ont élu meilleur joueur du XXe siècle.

Artiste-musicien

Le football n’est pas la seule activité à laquelle s’est livré la star brésilienne du foot. Pelé a aussi été musicien. Il a selon ses propres dires composé plus de 500 chansons. Beaucoup sont perdues dans les hôtels entre les matchs. Interrogé s’il envisageait une carrière musicale après le football, Pelé avoua qu'étant mauvais chanteur, cette reconversion n’était pas à l’ordre du jour. "Dans le football, mon talent était un don de Dieu, la musique,c'était juste pour le plaisir", dira-t-il. En 2005, lorsqu'il rencontre Maradona sur le plateau de la chaîne argentine Canal 13 pendant l'émission, La Noche del Diez, un talk-show animé par El Pibe de Oro lui-même, il prend sa guitare et lui dédie la chanson Quem so eu : "Qui suis-je, Maradona?Qui es-tu? Tu veux être moi, moi je veux être toi". Pelé a en plus écrit des titres pour d’autres musiciens brésiliens. Il a également collaboré avec plusieurs artistes d’Amérique du Sud et de son pays. O Rei a sorti des singles et des albums. Chanteur, guitariste, auteur-compositeur, parolier, le Roi a  une riche discographie dont voici quelques titres :

Tabelinha : Perdão não tem,  Vexamão (1969); Meu Mundo é uma bola" (1977) ; Criança, Moleque Danado (1979) dont les droits ont été reversés à l’Unicef ; Clube da criança (1984),  album ; ABC Bicho-Papao, Todo criança tem ler e escrever (1998), utilisé pour une campagne d'alphabétisation du ministère brésilien de l'Éducation ; Pelé Ginga, (2006), album; );  Cidade Grande (2014) ; Esperança (2016), à l’occasion des JO de Rio ; Acredita no véio (2020.

 

Acteur en herbe

Pelé a mené une carrière éphémère au cinéma. Il fait sa première apparition sur le grand écran en 1962 dans O Rei Pelé. Puis il apparaît dans Os Trombadinhas (1979), Fuga para Vitória (1981). Il a ensuite partagé l’écran avec Sylvester Stallone dans le long métrage Escape to victory (A nous la victoire) en 1981. Le tournage a commencé une année plus tôt. Selon le scénario original, Stallone était prévu pour marquer le but du vélo dans la séquence finale du film.. Mais vu sa difficulté à le faire, il a dû se contenter du rôle de portier et ce but est revenu au Roi Pelé lui-même. D’autres footballeurs de renommée internationale comme l’Anglais Bobby Moore et l’Argentin Ossie Ardiles y ont été des figurants. Il tourne dans Pedro Mico (1985), En 1986, on le voit dans Os Trapalhões e o Rei do Futebol dont une scène s’est jouée au stade Maracana. Le film a connu une audience d'environ 3.650.000 spectateurs. Dans sa filmographie on trouve aussi le documentaire A la recherche de l’excellence (2020). Au total , Pelé a joué dans une bonne quinzaine de films dont des feuilletons pour la télé.

Ministre des Sports

En 1990, Pelé annonça son intention de briguer la présidence du Brésil mais sa candidature n’est jamais venue. Le Roi aurait pu devenir président. En 1994, il devient ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco.  De 1995 à 1998, il est nommé ministre extraordinaire des Sports. Il est le premier Noir à accéder à une telle responsabilité dans son pays. Pelé profite de sa position au  gouvernement pour faire pression en vue de l’adoption d’une législation visant à réduire la corruption dans le football brésilien et à donner aux footballeurs professionnels alors propriétés de leurs équipes plus de pouvoir de négociation pour leur avenir. C’est la loi Pelé (Lei Pelé). Mais beaucoup lui reprochent son silence pendant le régime militaire qui a dirigé le Brésil après le coup d'Etat de 1964. Il n'a pas non plus pris position contre le racisme qui règne depuis longtemps dans son pays.

Ecrivain

Outre les livres écrits sur lui, Pélé est lui-même auteur de plusieurs ouvrages. Il a écrit notamment Ma vie est ce jeu merveilleux (1978), Ma vie (2006), Histoire de ma vie (2010), Ma vie de footballeur (2014). En 1977, il accepte qu’il soit transformé en personnage de BD pour enfants dans le magazine Pelezinho créé par l’Italien Mauricio de Soussa.

Museu Pele

Inauguré le 15 juin 2014,  le musée Pelé est l’hommage rendu par la ville de Santos au Roi du football. Il retrace la vie du footballeur. De son enfance pauvre à sa célébrité. Sont exposés plusieurs de ses effets personnels : documents, maillots, bottines, ballons, décorations, trophées, récompenses sans oublier des statistiques et des titres de journaux sur ses réalisations. Le public peut aussi profiter des éléments sonores, des vidéos, des photos et des textes sur l’histoire de Pelé. C’est le célèbre footballeur qui a donné une bonne partie de sa collection personnelle à la ville. Le reste soit plus de 2.000 objets, a été vendu aux enchères en 2016 à Londres afin ″de permettre aux supporteurs et collectionneurs d'accéder aussi à une pièce d'histoire." Pelé avait donné une partie des recettes engrangées à une pédiatrie brésilienne.

 

Dernière demeure au Memorial de Santos

Le Memorial Necropole Eucumênica ressemble plus à un immeuble cossu ou à un hôtel de luxe qu’à un cimetière. Conçu par l’architecte argentin Pepe Altstut en 1983 et inauguré en 1991, il avait l’ambition de régler une problème récurrent dans la région de Santos. A l’époque beaucoup d’enterrements avaient lieu les pieds dans la boue à cause des nappes phréatiques gorgées d’eau. C’est le cimetière vertical le plus long du monde selon le Livre Guinness des records.  Situé dans la ville de  Santos, le Memorial compte quatorze étages, entre 14.000 et 18.000 tombes pour accueillir les cercueils des défunts et un columbarium pour les urnes contenant les cendres. Adossé à une colline et à sa forêt équatoriale, il s’étend sur une superficie de 4 hectares bordée de palmiers. Le corps du Roi devrait reposer au 9e niveau à côté des siens dans un mausolée de 200 m² spécialement conçu pour lui et qui rappelle un stade de football avec son gazon synthétique et aux murs des photos retraçant la vie du triple champion du monde. Mais pour faciliter son accès aux pélérins futurs, son lieu de repos éternel est au rez-de-chaussée. Le célèbre numéro 10 a acheté cette concession funéraire en juillet 2003 pour lui et sa famille. Il l’a choisi pour deux raisons majeures. D’abord parce qu’il ne ressemble pas à un cimetière. Ensuite parce qu’il lui apporterait la paix spirituelle et la tranquillité. L’édifice qui surplombe la ville portuaire offre à quelques encablures de là une superbe vue sur le Vila Belmiro, le mythique stade de Santos FC où Pelé a pendant de longues années passé l’essentiel de sa carrière légendaire.  

Dans ce luxueux établissement à la façade immaculée et au carrelage de marbre au sol, reposent également pour l’éternité au 9e étage son père Dondinho, sa fille Sandra Arantes, son frère Jaïr Arantes  dit Zico ainsi que Coutinho, son ancien coéquipier au Santos FC. Ce cimetière atypique dispose au rez-de-chaussée des salons de recueillement, des suites de repos, un restaurant ouvert 24 heures sur 24, une chapelle, une volière, un étang poissonneux, un musée automobile, une collection de motos et de voitures anciennes. Au sein de celle-ci se trouve la Mercedes Benz 280-S que Pelé a reçue du constructeur allemand à l’occasion de son millième but marqué au Maracana en 1969.

Samuel Malonga

 

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