Philippe Mvukani, la tête d’or
Philippe Mvukani, la tête d’or
En 1967, dans le cadre du championnat de Kinshasa, deux des trois grandes équipes de la capitale s’affrontaient. Ce match réveilla tous les vieux démons. Dragon avait une tradition à faire respecter alors que Daring courait derrière un hypothétique succès depuis des années.
A l’époque, le match était joué à l’avance. Avant la rencontre, Dragon partait toujours favori, sa victoire psychologique sur le papier étant assuré. La grande inconnue qui alimentait le suspens était la réaction de l’équipe vert-blanc dont les acteurs étaient animés par une rage folle de vaincre, de tenter l’impossible pour renverser la vapeur et tous les pronostics en leur défaveur, de casser ce ″mariage″ entretenu de façon mystique. Traditionnellement, Dragon avait ″épousé″ Daring depuis la fracture vers 1964 d’Eugène Tonda. Le nom de ce joueur était étroitement lié à toutes les victoires des rouge-or sur les vert et blanc.
En cet après-midi-là, le stade Tata Raphaël était archicomble. Dragon drapé de ses couleurs traditionnelles aligna ses ténors : Mokili Saïo, Mayombo, Mvukani tandis que du côté du Daring tout de blanc vêtu, on reconnaissait Pelé Muwawa et Mpembele Ngunza. La rencontre était âprement disputée. Le moment fatidique arriva à la 31e minute lorsque Philippe Mvukani marqua l’unique but de la partie en reprenant de la tête la balle qu’il logea dans les filets du Daring. Toutes les tentatives imaniennes furent infructueuses. Le match se termina sur le score étriqué d’un but à zéro. La tradition a encore une fois de plus été respectée. Mvukani, le buteur du jour qui avait déjà le sobriquet de prince en reçut un deuxième, La Tête d’or.
Les mbokatiers sont invités de vivre ou revivre quelques instants de cette rencontre qui était jouée à Kinshasa il y a près de 53 ans.
Samuel Malonga