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Publié par Samule Malonga

Longo Tété, femme la plus chantée du Congo

La musique congolaise dans son ensemble a pour thème principal l’amour. La femme occupe et domine l´espace musical par sa présence, par son influence et par l’inspiration qu’elle apporte à l’artiste dans la fabrication de ses œuvres. Elle est la sève qui nourrit la chanson. Sans elle, la musique congolaise n’aurait sans doute pas eu cet aura qui l’a aidée à conquérir l’âme de l’Afrique. La femme en est le symbole vivant et l’incarnation. De ce fait, plusieurs parmi elles ont été immortalisées. Les premières célébrités s’appelaient Marie-Louise (Wendo), Bondowé (D’Oliveira) ou Maria Tebo (Mputu /D’Oliveira). Phil-Philo est peut-être le premier à écrire plusieurs chansons de suite pour Marie-José son amour. Bavon Marie-Marie lui a emboîté les pas avec ses dédicaces à sa chère Lucie. Tabu Ley a fait autant avec des titres dédiés à son épouse Georgette Mowana dite Tété et Mundi. Le flambeau de la beauté est plus tard porté par d’autres jeunes dames dont les noms se retrouvent  dans des chansons comme Ndaya Paradis, Getou Salay, Sizarine, Jaria, Beloti, Mansanga, Flora et toutes les autres comme pour colorier la magnificence de ce jardin d’Éden qu’est Kin Malebo. Les filles ont toujours été la  source d’inspiration de plusieurs tubes sentimentaux et sensationnels qui ont fait danser l’Afrique tout entière. Mais de toutes les Congolaises, une seule a emballé le cœur des artistes-musiciens dans des proportions exponentielles. Cette miss des miss s’appelle Longo Tété ou Thérèse Muyaka. C’est elle qui détient le record de la femme la plus chantée du Congo, toutes les époques et toutes les générations confondues.

 

On disait d’elle qu´elle était la nymphe de Léopoldville. De son vrai nom Thérèse Longo Muyaka, ses intimes l’ont surnommée Tété la beauté ou Tété la sirène. Belle et influente, membre  à la fois du comité de l’AS V,Club et du fan-club La mode Préférée ou Bana La Mode, un moziki qui supportait l’OK Jazz, elle était considérée comme la Brigitte Bardot du Congo. De mémoire de Kinois, aucune Congolaise, aussi belle fut-elle, n’a jamais été aussi adulée qu’elle ; aucune splendeur féminine n’a jamais été autant contemplée par les artistes-musiciens que la sienne, aucune fille n’a autant inspiré les artistes dans l’écriture de leurs chansons que Thérèse Muyaka.  Son cas semble unique dans l’histoire de la musique congolaise moderne. Rossignol Cantador ouvre la série des chansons dédiée à la sirène kinoise en décrivant dans Tété Rossignol le charme et la joliesse de cette perle rare qui a tant hanté ses nuits et ses insomnies:

 

« Oh ! Thérèse d’amour

Je t’aime pour ta gentillesse

La grâce de ta démarche

Et la douceur de ton verbe

Une femme de ta classe et de ta beauté

N’a pas d’égales dans tout Kinshasa

Oh ! Thérèse

Ton sourire angélique ma pâme

L’éclat de tes dents irradie mon cœur

Et inspire un baiser à la mesure de ta grâce

L’élégance et le charme de ton habillement

Te confèrent les allures d’un ange du ciel. »

 

Au fils des années, plusieurs autres titres suivent et se succèdent dans une cadence effrénée pour marquer dans le marbre la quintessence de la beauté mythique de Longo Tété. Pétrifiés ou mystifiés par la jeune dame, les plus grands noms de la chanson congolaise se donnèrent à cœur joie dans l’exercice contemplative de la vénusté de cette reine. De 1956 jusque plus tard dans les années 70 lorsque s’estompe l’engouement autour de son nom, plus de 25 chansons lui sont dédiées. Quelle performance ! Plus que ses contemporaines, personne n’a jamais été autant immortalisée : Rossignol Lando Cantador (trois chansons dont Thérèse d’amour et Théthé Rossignol éditées par Loningisa en 1956 et 1957), Paul Ndombe (quatre chansons dont Longo), Kwamy (trois chansons), Tabu Ley (une chanson), Mujos (une chanson). Certains pensent même que la chanson Mousa de Mavatiku qui en décembre 1970 fit fureur à l’Olympia lui était dédiée. Mimy Mavatiku, aujourd’hui devenue une des divas de la musique chrétienne, n’est-elle pas le fruit de leur idylle ?

 

Du haut de son piédestal de femme la plus immortalisée de RDC, Tété la Sirène trône dans le palmarès des chansons dédicacées. Son record d´adulation établi depuis plus de 40 ans tient toujours.  Sera-t-il battu un jour ? Personne ne saura le dire ou le prédire. Mais pour y arriver, la prétendante doit avoir non seulement la beauté mais aussi et surtout beaucoup de chance.

 

 

Source : Terre de la chanson, Antoine Manda Tchebwa.



Samuel Malonga

 

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P
Pour une femme si adulée, cette chanson de Pepé Ndombe n’est pas une de plus, mais une de moins. Un rabais. Non seulement elle est présentée comme le prototype de la vanité de la femme congolaise, mais aussi la chanson lui rappelle qu’elle n’est pas unique et irremplaçable. C’est presqu’une insulte pour tous les autres compositeurs qui l’ont chantée.
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