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Publié par Clément Ossinondé

 

Isaac Musekiwa, le Zimbabwéen qui a donné des ailes au saxo, dans la musique congolaise.

Sa sonorité feutrée, lisse, douce et aérienne, la fraicheur de son invention mélodique ont fait de lui un phénomène

 

Isaac Musekiwa a su toujours évoluer, sans renier son style, vers une expression universelle, alliant la tendresse à la véhémence.

Originaire de la Rhodésie du Sud ( aujourd'hui Zimbabwe) Isaac Musekiwa est né à Bulawayo vers 1930. Très jeune, il suit le courant migratoire qui le conduira à Elisabethville (aujourd'hui Lubumbashi) au Katanga en 1949. Mécanicien auto, il exerce cette profession la journée puis saxophoniste le soir dans un groupe de la place. De passage à Elisabethville en 1950, l'éditeur Benattar le découvre et l'emmène avec lui à Léopoldville (Kinshasa), pour participer à la naissance des éditions Opika (auparavant Kina en 1949)

Aux éditions Opika, Isaac va s'avérer saxophoniste autodidacte émérite. Il va fortement marqué sa présence où il accompagne avec brio l'admirable section rythmique composée des guitaristes Charles Mwamba "Dechaud", Gobi, Tino Baroza et le bassiste Albert Taumani. A un moment où les meilleurs saxophonistes étaient une denrée rare dans la musique congolaise. Isaac a su se servir de son instrument, au point de rivaliser avec les grands saxophonistes belge, Fud Candrix (Opika) et français, Henriot (Loningisa) dont les jeunes premiers saxophonistes congolais ont pratiquement étaient leurs émules.

Ces saxophonistes européens, ont surtout exercé une forme d'expression structurelle qui a jeté les bases dont le saxo a été un élément déterminant. Isaac Musekiwa a été néanmoins, le membre le plus orthodoxe de cette famille musicale des saxophonistes dont les chefs d'oeuvre réalisés avec l'African Jazz, en compagnie de son partenaire André Menga constituent de très vivants témoignages d'une époque. On lui doit d'ailleurs les rares chansons en anglais dans la musique congolaise, chantées par Joseph Kabaselle.

En 1957, Musekiwa trouve mieux de quitter l'African Jazz, pour une nouvelle carrière très fructueuse au sein de l'orchestre OK Jazz qu'il intègre le 20 Août 1957. Il y déploie une activité débordante dans les enregistrements aux éditions Loningisa. Etonnant virtuose, il est l'un grands artisans de la forme rythmique dont on a attribue le nom de: "L'Ecole OK Jazz" et qui a fait exploser la Rumba "Odemba". En 1958, le clarinettiste Edo Clari Lutula intègre l'OK Jazz et forme avec Musekiwa un duo absolument magnifique.

Pour la suite de sa carrière, notons :

1958 - musicien de studio aux éditions Ngoma sous la direction de l'éditeur grec Nikiferos Cavadias , dont l'orchestre Vedette Jazz, avec lequel il se produira régulièrement en concerts.

1959 - Retour dans l'African Jazz. Il participe à quelques enregistrement sur disque, dont la célèbre composition "Kellya"de Tabu Ley.

1960 - De nouveau dans l'OK Jazz aux côtés du saxophoniste Albino Kalombo, qui jouait à la fois à la clarinette et à la trompette.

1967 - Isaac Musekiwa fait partie des dissidents qui ont quitté l'OK Jazz pour former l'Orchestre Révolution, qui hélas ! ne sera qu'un feu de paille. Au sortir de cet échec, Musekiwa, comme bon nombre des dissidents réintègre l'OK Jazz, avant de s'engager plusieurs années après dans une carrière solo, faite des hauts et des bas.

1990 - A la suite  d'une gangrène provoquée par son mal de diabète, Musekiwa est amputé d'une jambe. Il ne supportera  pas cet handicap absolument difficile, le privant de toute activité musicale.

1991 - Isaac Musekiwa décède à Kinshasa. Lui qui n'était plus retourné dans son Zimbabwe natal, a passé toute sa carrière musicale à Kinshasa, après avoir initié au saxo plusieurs jeunes qui ont valablement assuré la relève.

Clément Ossinondé

 

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M
Oui, c'est a cause de Vicky longomba qui avait marché avec la femme d'Isaac, que ce dernier avait préféré quitter l'ok jazz et rejoindre vedette jazz de Robin et baguette, qui jouait au bar tshibangu a bandal. Tshibangu lui avait même offert une petite voiture fiat de service. Et.c'est seulement lorsque Vicky quitta l'ok jazz pour l'african jazz qui partait.a la table ronde de Bruxelles, que Isaac reintegra l'ok jazz.
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B
Salut !<br /> J'ai besoin d'avoir les nouvelles de votre site.<br /> Merci
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M
Il suffit de visiter mbokamosika.com, et vous saurez tout.
I
Isaac est entré dans l'African Jazz de Grand Kallé, tout juste après le retour du grand saxophoniste belge de jazz en Belgique, Fud candrix, lequel accompagnait l'African Jazz lors de ses enregistrements au studio des Editions Opika de monsieur Moussa Benatar. Car le jour où Isaac est arrivé à Kinshasa en provenance de Lubumbashi où Kabaselle et l'African Jazz venaient de le recruter, fut le même jour où Candrix avait pris son avion pour la Belgique. Il y a lieu de savoir que Candrix jouait au Guest House de Ndolo pour le compte de la Sabena, qui l'avait invité à Kinshasa pour un contrat d'une année. Et c'est là où Moussa Benatar, patron des Editions Opika, est allé le découvrir, pour lui demander d'accompagner Kabaselle lors de l'enregistrement de ses chansons parmi lesquelles la fameuse "Ambiance"..Isaac s'est inspiré (et merveilleusement) de Candrix, mais sans jamais l'égaler. Et puis, Isaac a quitté l'OkJazz, pour un conflit de femme avec Vicky Longomba, son collègue d'orchestre..
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I
Isaac est entré dans l'African Jazz de Grand Kallé, tout juste après le retour du grand saxophoniste belge de jazz en Belgique, Fud candrix, lequel accompagnait l'African Jazz lors de ses enregistrements au studio des Editions Opika de monsieur Moussa Benatar. Car le jour où Isaac est arrivé à Kinshasa en provenance de Lubumbashi où Kabaselle et l'African Jazz venaient de le recruter, fut le même jour où Candrix avait pris son avion pour la Belgique. Il y a lieu de savoir que Candrix jouait au Guest House de Ndolo pour le compte de la Sabena, qui l'avait invité à Kinshasa pour un contrat d'une année. Et c'est là où Moussa Benatar, patron des Editions Opika, est allé le découvrir, pour lui demander d'accompagner Kabaselle lors de l'enregistrement de ses chansons parmi lesquelles la fameuse "Ambiance"..Isaac s'est inspiré (et merveilleusement) de Candrix, mais sans jamais l'égaler. Et puis, Isaac a quitté l'OkJazz, pour un conflit de femme avec Vicky Longomba, son collègue d'orchestre..
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C
Merci Clément! Une fois encore, un témoin nous ramène aux sources de la musique congolaise moderne, dont les racines aussi lointaines et diverses soient-elles, sont un véritable rameau d'horizons convergent, qui ont donné le resultat que voici. Le plus surprenant pour moi, c'est que depuis quelques jours auparavant avant le présent article, j'écoutais et réécoutais encore des titres de ma très grande jeunesse de l'OK Jazz des dernières années 50, où Isaac fait la démonstration -sans le vouloir évidemment- qu'il n'aura son pareil pendant plusieurs decennies sur les deux rives du Grand Fleuve. Même Nino Malapaet que j'ai toujours admiré, quoique de style différent, n'avait jamais atteint la virtuosité d'Isaac. Quand je découvre sous les lignes de Clément, qu'Isaac était autodidacte, j'en reste bouche bée. Merci Clément!!!
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D
Merci doyen Clément. Merci pour cette belle page d'histoire. Le Messager prétendait l'autre fois que nos historiens ne font pas leur travail. Voilà un cinglant démenti.
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I
Nino Malapet était plus un saxophoniste d'accompagnement, plutôt qu'un soliste comme Candrix, Isaac ou encore Albino Kalombo. A ce titre, il se contentait souvent d'accompagner le clarinettiste Essous, qui, en fait, était le véritable soliste souffleur de l'orchestre Rock-à-Mambo, où évoluaient et lui et Essous.
M
Depandhaert,<br /> En ce qui concerne le travail de mémoire qui s'effectue ici, il faut retenir qu'il est réalisé d'une manière bénévole, par amour pour la culture. Nous aimerions voir ce que font les services publics dotés de fonds publics. <br /> Messasger
M
Je faisais allusion à ceux qui tronquent l'histoire politique, en réponse à celui que voulait nous donner des leçons pendant qu'il est incapable de condamner la gestion calamiteuse de nos pays.<br /> Messager