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Publié par Samuel Malonga

Terminaison des sobriquets et autres appellations dans l’ordinaire des Congolais          

                                                                                     

Référence: http://www.mbokamosika.com/article-sobriquets-des-congolais-celebres-59238263.html

 

Le sobriquet reflète sans doute l’image de son porteur. Si les parents ont donné à chacun de nous un nom de famille accompagné d’un prénom, le surnom qu’on se donne soi-même est à la fois une sorte de renaissance et d’indépendance. L’affirmation de la personnalité et de la responsabilité à venir se remarque dans la fabrication du pseudonyme et du choix de celui-ci. Sa confection requiert parfois une grande gymnastique intellectuelle surtout quand on se rappelle  de la façon dont Daniel Ntesa a trouvé le sien. Des noms congolais et des prénoms français ont été décousus, poli, tricotés puis transformés en une nouvelle structure au prix d’un véritable exercice orthographique. Lorsque le suffixe os  était en vogue, les patronymes congolais tout comme les prénoms en avaient fait les frais. On avait des Kamos (Kamokotolo), des Mpembros (Mpembele), des Landos (Landu), des Sébos (Sébastien), des Pecos (Pierre) et des Ricos (Richard). Pour cette catégorie de surnoms, les Joseph avaient toutes les facilités du monde à s’accorder un nouveau nom de jeunesse, le célèbre suffixe faisant déjà partie de leur prénom (Majos, Mujos, Kajos). Dans cette quête effrénée au sobriquet idéal, furent aussi utilisées d’autres terminaisons, notamment celles en y, o, i et a.  Le suffixe jouait-il un rôle majeur ? Avait-il une influence magique? Ou faisait-il seulement allusion à une préférence, une tendance ou un style. En tout cas, la volonté de s’y atteler était tellement grande que chacun de nous a fini par se retrouver dans son pseudonyme. En attendant la réaction des mbokatiers, voici une ébauche de ces appellations qui ont marqué notre jeunesse.

 

 

Sobriquets et noms en os

Berros, Pecos, Matos, Fejos, Domingos, Samos, Dajos, Ajos, Kajos, Kijos, Mermos, Ferros, Papos, Patos, Béjos, Célos, Sebos, Kamos (Kamokotolo), Bijos, Diazos, Bazos, Nedos, Freddos, Ikos, Mpembros, Mbonglos,  Malos, Fatos, Landos.

Célébrités : Mujos, Pajos, Danos, Porthos, Ricos, Ya Lengos, Kosmos, Flujos, Sijos (trompettiste de l’OK Jazz), Stervos Niarcos, Lajos, Adios (Alemba), Brazzos, Dinos, Pinos, Santos, Majos (dirigeant de FC Dragons), Mayos (Cobantous), Dokolos, Bongos, Mack Joss, Permos, Dilandos.

Orchestres : Los Nickelos.

Trio dans la chanson : Cepakos

Titres dans la chanson: Ekwile Ferros, Mbendos, Transberos.

Dancing-bar : Ngoss

Équipe :  FC Santos (de Kinshasa)

 

 

Sobriquets et noms en y

Govy, Andy, Samy, Dany, Felly, Athy (Albertine), Adidy (Adrienne), Biby (Bibiane), Eddy (Edouard et Edmond), Zéphy (Zéphyrin), Flory (Floribert et Florent), Mathy, Pathy, Ely (Eliane Elisabeth), Emy, Cathy, Getty, Jacky, Wany, Zorry, Jeanpy, Jeancy, Masky, Dely, Djany, Kady, Riddy,  Lamedy (Landu), Charly, Cassidy, Dandy, Aphy, Perry, Tony (Antoine), Daddy, Jacky, Sedy, Darly, Mimy, Betty.

Célébrités : Vicky (Longomba), Emmany (Shaba), Gerry (Gérard), Gaspy, Gaby (Lita), Reddy, Dicky, Dizzy, Clary, Freddy (Mayaula et Mulongo), Dally (Kimoko), Fally, Barly, Djo Maly, Flamy, Lady, Kelly, Kwamy, Pépé Felly, Missy, Roxy, Souzy (kaseya), Teddy, Eddy, Papy (Tex), Francky (Ombazi), Dercy, Billy (Barrel), Rocky, Jershy (Nyoka Nlongo), Passy, Kwedy, Rolly, Joly, Johnny (Bokelo), Jimmy,  Willy (Mbembe), Rossy, Baby (Ndombe), Gary (Ngasebe).

Orchestres : Grand Micky, Airs Vicky, Los Backy, Kamavasthy, Lovy, Getry.  

Titres dans la chanson: Chéri Lovy,   Kamavasthy.  

Danses : funcky

Editeurs : Biby

 

 

Sobriquets et noms en o

Dinzo, Zorro, Flo, Mado, Cloclo, Fedo, Adolo, Catho, Kato, Lolo, Demalo, Théo, Nginaro, Caro, Sadiko, Pasco, Ringo, Jado, Coco, Marcelo, Alino, Philo, Existo, Marco, Andro, Iblo, Pao, Kengo, Jo, Toto, Walo, Jojo, Ligo, Bonzo, Chico, Apho.

Célébrités : (Père) Buffalo, Franco, Nico, Yorgho, Kuyukutiko Kumekiko (Dino Vangu), Zozo, Mario, Edo,  Champro,  Ado (Makola), Simaro, (René) Moreno, Pamelo, Pablito, Modero, Rigo (Star), Amigo (Nzungu), Michelino, Alphonso, Guvano, Célio, Redo, Defao, Carlyto, Tchico, Mauro (Maurice), Armando, Popolipo, Beniko, Mack-Macro, Mashakado, Casino, De Mingongo, Picolo, Gento, (Yamba) Durango, Djo Nolo, Emoro, Lidjo (Kwempa), Tino, Dino (Vangu), Awilo, Pablo, Albino, De Piano, Domin-Domingo, Maproko, Dodo (Munoko), Mopao, Anto, Mangobo, Kokodioko, Koko dia Nzombo, Zatho, Sotcho, Bobo, Nono, Diatho, Gatho,  Barly Barliento (bassiste des Kamale), Modogo.

Titre dans la chanson : Dalo, Elo, Mario, Mokrano, Mosinzo, Margo, Hyppo, Véro, Monano, Miko, Macoco, Zikondo, Muvaro, Amando, Sorozo, Sacramento, Wilo Mondo.

Cri dans la chanson : Tchatcho

Orchestres : Somo Somo, Isoto, Libanko, Zaïko, Sosoliso, Kanako, Konono, Comet Mambo, G.O Malebo, Minzoto, Bella Mambo, Rock a Mambo, Afro Négro.

Editeurs : Esengo, Kaba Lisolo, Rono

Danses : Sonzo, ndombolo, mayeno, mukonionio, hélico, ya mado, boléro, fimbo.

Cri dans la chanson : Kroubondo.

Dancings-bars : Alphonso, Chez Mambo, Kongo (bar).

Éditeurs : Landa Bango, Apollo, Boboto

Distributeurs : Rigo Makengo, Zinago, Manglo

Slogan de la sape : Mangokoto                                                               

Équipes : Lupopo, Vaticano, Mikado, Muungano, Makiso, Etoile du Congo, FC Albino (de Kisantu).   

Journaux: Salongo, Masano, Myoto.

 

 

Sobriquets et nom en i

Vivi, Bibi, Kiki, Lili, Didi, Mandeni, Beloti, Divi, Sisi, Popsi, Nani, Fadi, Titi.

Célébrités : Joski, Ya Tshitshi, Fifi, Dona Mobeti, Koffi, Lipati, Masasi, Bipoli, Zizi, Mongali, Monzali, Bengali, Bozi, Katiti, Armando Grazi, Pili-Pili, Kabibi, Amalphi, Tokodi, Dodoli, Barami.

Orchestres : Mi, Macchi, Isifi, Bakuba Mayopi, Dynastie Mutwashi.

Titres dans la chanson : Biki, Parafifi, Nizi, Nzinzi, Muzi, Beloti, Nadi, Pa Oki, Ni’nzi

Trios dans la chanson: Madjesi, Zodemi, Mayopi, Mamaki, Nymuki

Danses : Kiri-kiri, mbiri-mbiri, esombi

Cri dans la chanson : Kinshasa malili, Eyi nkisi.

Éditeurs : Babi, Elengi.

Distributeurs : Molende Kwikwi, Alino Matabisi, Evvi.

Producteur : Kiki

Dancing-bar : Parafifi

Équipes : AS Veti, Babeti (ya Kin), Nzazi

Sape : Religion kitendi

Journal : Mweti

 

 

Sobriquets  et noms en a

Dina, Sola, Clara, Anna, Lina, Emma, Siska, Sisika, Paulina, Bibicha, Sharufa, Ngina, Loocha, Dada, Foya, Alpha, Anana, Bea, Shilva, Jilva, Dungura.

Orchestres : Shama Shama, Lipua Lipua, Conga, Bella Bella, Banita, Cavacha, Afrisa, Africana, Bakuba, Bamboula, Karawa Muzika, Grand Zaïko Wawa, Etumba na Ngwaka.

Célébrités : Mounka, Decca (Mpudi), Lengi Lenga, Dona (Mosambo), Baroza, Inga, Gina, Djuna Djanana, Sinatra, Sangana, Debaba, Mata-Mata, Ngunza, Jamais Kolonga, Misisa, Mageda, La Sintura, Fafa.

Trio dans la chanson : Kadima

Attaque chant : Attaque Bazooka, Fania (All Stars)

Titres dans la chanson : Paulina, Clara, Lina, Sola, Effrakata, Mupepa, Zanga Zanga, Marie Jéa, Naza, Mfumbwa, Verra.

Danses : Ekonda, tara, rumba, cavacha, maria, kwasa-kwasa, eza, charanga, cha-cha, washa-washa, six motoba, siatapata, bidunda-dunda, roboti robota, suelema.

Cri dans la chanson : Ebeba, pusa kuna, fiona-fiona.

Dancings-bars : Suzannela, Chez Kara, Kimpuanza, Viva, Ma Elika, Liziba.

Editeurs : Opika, Ngoma, Muzikana, Loningisa, Olympia, Vita, Tcheza, Génidia, Kina Rama, ISA, Mara, Epanza Makita, Sakumuna.

Distributeurs : Mara

Équipes : Vita, Bilima, Imana, Vutuka, Elima, Cara, Nika, Vijana.

Journaux : Elima, Etumba, Umoja

Slogan de la sape : Vuata ku vuata

Mouvement ésotérique : Prima curia

 

 

 

Samuel Malonga

Commentaire

 

En 1967, le deuxième enfant de ma plus-grande-sœu (c’est-à-dire la première fille de notre mama kulutu) est né. Il a été nommé MenakwaNzambi. Immanquablement, tout le monde appelait le petit garçon Menos. Aujourd’hui il est devenu Ya’Menos pour certains, Papa Menos pour d’autres et pour d’autres encore Noko Menos. Le premier instinct était donc de ramener les cinq syllabes à deux dont l’ultime est le suffixe du nominatif singulier de la première déclinaison en grec ancien. Effectivement, de tous les sobriquets en –os que Sam nous donne, seuls Dokolos, Domingos, Nickelos, Dilandos, Transberos et Cepakos ont trois syllabes. Dokolos terminait déjà en –o. Nickelos est un mot au pluriel, vu l’article pluriel Los. Transberos et Cepakos ne sont pas des cas de suffixation. Cepakos, par exemple, vient d’une autre technique de formation des noms où l’on prend les premières syllabes des noms d’un trio, à l’instar de Madjesi et Nymuki. 

J’ai donc l’impression que le suffixe –os formait des sobriquets quand il n’y avait presqu’aucune créativité. Quiconque voulait être créatif éviterait d’avoir son sobriquet en –os. Voilà pourquoi Dalienst n’est pas Danielos ou Ntesos, mais une anagramme sophistiquée qui décide quels sons de Daniel et de Ntesa seront élus et dans quel ordre. Et Kiambubuta aurait pu être Kijos. Ça ne m’étonnerait pas qu’il ait évité d’avoir un sobriquet aussi insipide. Il a donc échangé les syllabes de Kijos pour lui donner Joski, par la suite mettant un c avant le k et préférant le y au i pour être plus sophistiqué.

L’autre technique, c’est le dédoublement de la même syllabe, une autre preuve qu’en principe les sobriquets doivent contenir deux syllabes. Une classification alternative des sobriquets mettrait donc sur la même liste Zozo, Nono, Kiki, Bibi, Fifi, Mimi, Lili, Vivi, Didi, Sisi, Zizi, Coco, Jojo, Toto, et je me rends compte que c’est –o ou –i (-y). Au Brésil, nous aurions Kaká (qui vient de Ricardo). Je me rends aussi compte que c’est probablement la technique la plus unisexe. 

Puis, nous avons sur la même technique de formation, le doublement de deux syllabes : Zanga Zanga, Mata Mata, Shama Shama, Lipua Lipua, Bella Bella, Somo Somo, Kiri Kiri, Mbiri Mbiri, Kara Kara, Kwasa Kwasa, Fiona Fiona. Et si nous étions sud-africains nous ajouterions Pata pata.

En 1974, le dernier garçon de la même plus-grande-sœur est né. Il fut nommé Mavitidi. J’ai remarqué que personne ne l’a bercé par le nom de Mavos. C’est maintenant, grâce à cet article sur les sobriquets, que je me demande si Maurice Grevisse nous a dicté une règle qui a fait en sorte qu’on dise Mavin. Et ça rimait avec Ngouabin. Plus tard, ma jeune sœur eut un Paul. On l’appelle Petit Paulin. Voilà un sobriquet qui ajoute un suffixe sans préalablement abréger, puisque Paul n’a qu’une syllabe.

Pedro

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C
Belle intro, j'apprecie bcp > // A la difference de la tendance actuelle des no^tres qui aiment se bombarder des superlatifs ou des appellations des personnalités existantes ou ayant existées; ce qui ne fait que refléter une démesure, une mégalomanie, voire une faiblesse. Ce burlesque manque d'inspiration explique souvent une complexité d'identité. Tozokende wapi? Oh Le grand boye... Na yoka Zimbabwéen moko a se surnomma Mobutu...<br /> <br /> Charles
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P
En 1967, le deuxième enfant de ma plus-grande-sœur (c’est-à-dire la première fille de notre mama kulutu) est né. Il a été nommé MenakwaNzambi. Immanquablement, tout le monde appelait le petit garçon Menos. Aujourd’hui il est devenu Ya’Menos pour certains, Papa Menos pour d’autres et pour d’autres encore Noko Menos. Le premier instinct était donc de ramener les cinq syllabes à deux dont l’ultime est le suffixe du nominatif singulier de la première déclinaison en grec ancien. Effectivement, de tous les sobriquets en –os que Sam nous donne, seuls Dokolos, Domingos, Nickelos, Dilandos, Transberos et Cepakos ont trois syllabes. Dokolos terminait déjà en –o. Nickelos est un mot au pluriel, vu l’article pluriel Los. Transberos et Cepakos ne sont pas des cas de suffixation. Cepakos, par exemple, vient d’une autre technique de formation des noms où l’on prend les premières syllabes des noms d’un trio, à l’instar de Madjesi et Nymuki. <br /> <br /> J’ai donc l’impression que le suffixe –os formait des sobriquets quand il n’y avait presqu’aucune créativité. Quiconque voulait être créatif éviterait d’avoir son sobriquet en –os. Voilà pourquoi Dalienst n’est pas Danielos ou Ntesos, mais une anagramme sophistiquée qui décide quels sons de Daniel et de Ntesa seront élus et dans quel ordre. Et Kiambubuta aurait pu être Kijos. Ça ne m’étonnerait pas qu’il ait évité d’avoir un sobriquet aussi insipide. Il a donc échangé les syllabes de Kijos pour lui donner Joski, par la suite mettant un c avant le k et préférant le y au i pour être plus sophistiqué.<br /> <br /> L’autre technique, c’est le dédoublement de la même syllabe, une autre preuve qu’en principe les sobriquets doivent contenir deux syllabes. Une classification alternative des sobriquets mettrait donc sur la même liste Zozo, Nono, Kiki, Bibi, Fifi, Mimi, Lili, Vivi, Didi, Sisi, Zizi, Coco, Jojo, Toto, et je me rends compte que c’est –o ou –i (-y). Au Brésil, nous aurions Kaká (qui vient de Ricardo). Je me rends aussi compte que c’est probablement la technique la plus unisexe. <br /> <br /> Puis, nous avons sur la même technique de formation, le doublement de deux syllabes : Zanga Zanga, Mata Mata, Shama Shama, Lipua Lipua, Bella Bella, Somo Somo, Kiri Kiri, Mbiri Mbiri, Kara Kara, Kwasa Kwasa, Fiona Fiona. Et si nous étions sud-africains nous ajouterions Pata pata.<br /> <br /> En 1974, le dernier garçon de la même plus-grande-sœur est né. Il fut nommé Mavitidi. J’ai remarqué que personne ne l’a bercé par le nom de Mavos. C’est maintenant, grâce à cet article sur les sobriquets, que je me demande si Maurice Grevisse nous a dicté une règle qui a fait en sorte qu’on dise Mavin. Et ça rimait avec Ngouabin. Plus tard, ma jeune sœur eut un Paul. On l’appelle Petit Paulin. Voilà un sobriquet qui ajoute un suffixe sans préalablement abréger, puisque Paul n’a qu’une syllabe.
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