Patrice Emery Lumumba : Et l’après E. TSHISEKEDI ?
Patrice Emery Lumumba : Et l’après E. TSHISEKEDI ?
Le Congo Belge est une colonie de 6 provinces. Il y a plus de 450 tribus dans cet espace géographique. Elle est mise en coupe réglée par la Belgique, pays colonisateur. Le traitement de fer et de sang infligé par la Belgique va forger une identité et une aspiration dans les cœurs de tous les Congolais et toutes les Congolaises : se débarasser à tout prix du Belge. Certains, d’entre nous, se rappellerons de feu Kalend qui jouait avec son pote Nzund dans une pièce de théâtre « La secrétaire particulière ». Kalend avait une petite chansonnette qu’il chantait dans cette pièce : « bena beleji nuyaya kuenu… » Les Belges, vous allez rentrer chez vous…Mais ce n’était pas sa chanson. Ce sont les nombreux airs qui foisonnaient au Kasaï et dans tout le Congo en ces années 1960…pour marquer la détermination à se débarasser du colonisateur. Cette identité commune forgée dans la souffrance trouvera son aboutissement dans la création du MNC par Lumumba et un certain nombre de Congolais. Nos pères pensaient que les Belges partiraient tranquillement en laissant la prospère colonie du Congo avec toutes ses infrastructures.
Les leaders congolais de l’époque se rendirent vite compte que la partie ne sera pas aussi facile qu’ils le projetaient. L’ennemi, qui était en face, avait des moyens et des appuis insoupçonnables. Le premier cartel contre le nouvel état indépendant était constitué de la Belgique, des Etats-Unis, la France, bref tout l’Occident. Rappelons-nous que durant toute la Conférence Nationale Souveraine, les ambassadeurs de la France, la Belgique et les Etats-Unis assistèrent avec l’assiduité d’un moine aux travaux de ce forum national. Quelle était cette motivation ? A chacun d’y répondre.
Revenons en 1960. Lumumba avec ses compagnons viennent de fonder le MNC. Très vite, l’Occident perçoit le danger qu’il y a en Lumumba
et ses compagnons. Cette histoire nous la connaissons tous. Nous voulons seulement ici attirer l’attention de nos compatriotes sur un fait très important. Il s’agit de l’acharnement hors du
commun que mit l’Occident, la Belgique en tête, à éradiquer le MNC. Et toute la pensée et le combat nationaliste furent contaminés par des ennemis intérieurs et extérieurs. Ceci continue jusqu’à
nos jours. En effet, le MNC fut totalement détruit. Tous ses cadres furent assassinés impitoyablement. Je me rappelle d’un échange avec A. Kalonji Mulopue. Je m’entêtais à ce qu’il m’explique
comment Finant, Muzungu, Mbuyi et leurs collègues furent mis à mort à Mbuji-Mayi et par les leurs…Gros soupir de gène, silence coupable furent la réponse. Cet épisode est une grande honte et
tragédie pour notre pays.
Une fois que le navire MNC fut vidé de l’essentiel de ses cadres, l’Occident ne pouvait plus rien craindre. Ses satrapes entreprirent de désorienter le peuple congolais en mettant là où Lumumba et ses compagnons s’étaient levés, des créatures fantoches et sans envergures, faciles à manipuler. Qui peut nous dire aujourd’hui que Antoine Gizenga est un lumumbiste ? Voici deux ans bientôt que Gieznga et Bomboko ont été décorés comme patriarches de l’Indépendance pour leur participation à la Table Ronde de 1960. Il faut se dresser et refuser cette imposture.
En réponse à l’une de mes questions, voici ce que A. Kalonji Mulopue me dit : « mon fils, nous avons commis des erreurs, nous le regrettons. Mais l’histoire du Congo ou celle de la Table Ronde doit être écrite dans sa vérité. Je n’ai rien contre Gizenga et Bomboko. Gizenga est venu avec nous à la Table Ronde. Mais il n’y a pas participé. Sitôt arrivé en Belgique, il est parti à Belgrade et il n’a pas participé aux travaux de la Table Ronde. Regarde tous les documents ou tous les films de la Table Ronde, tu ne verras Gizenga nulle part. Quand à Bomboko, il était étudiant en Belgique. C’est Bolya qui l’avait pris comme secrétaire particulier. Bomboko n’avait rien à avoir ni faire avec nous à la Table Ronde. » Ce passage, c’est juste pour montrer que chaque fois on a roulé notre peuple dans la farine.
Le MNC était le parti dont notre peuple attendait les défenseurs de ses intérêts. On mit à la place ses fossoyeurs. C’est ainsi que même tard, on vit apparaître des MNC Mende…Peut-on dire, aujourd’hui, que ce personnage est nationaliste digne de Lumumba ? Ou c’est un intrus avec le MNC comme cheval de Troie ? De valeureux compagnons de Lumumba, il ne reste que leurs veuves et orphelins. En moins de 5 ans, soit de 1960 à 1965, tout le parti fut décapité et vidé de tous ses cadres nationalistes. Aujourd’hui que reste-t-il du MNC en tant que premier parti politique ayant incarné l’espoir de tout un peuple ?
ET L’UDPS, DEMAIN ?
La question majeure est de savoir si les mêmes forces qui ont combattu et détruit le MNC hier ont-elles disparu ? Aujourd’hui notre peuple a-t-il la maîtrise de son destin ? Qui sont les ennemis de notre pays actuellement ? Le peuple congolais dans sa grande majorité se rattache et se reconnaît dans le combat d’Etienne Tshisekedi. Peut-être par instinct de survie, en ce moment où le devenir du Congo est en jeu.
Demain, un demain très proche au vu de son âge, Etienne Tshisekedi ne sera plus là. Que ferons-nous ? Hier on
avait vidé le MNC et mis des traitres à la nation congolaise en son sein. Ceux-ci avaient bien floués leurs compatriotes. Et demain après Tshisekedi, quelles stratégies aurons-nous ? Il y
aura nombre des héritiers de Tshisekedi. Nombreux se prévaudront de son héritage. Et beaucoup, de ces prétendus héritiers, viendrons des ennemis de notre peuple pour nous désorienter. On
brouillera, à volonté, l’héritage politique de Tshisekedi pour qu’il n’y ait plus une suite logique dans le rang nationaliste. Yasser Arafat a été « emprisonné » par Israël à Gaza par
le maintien d’un blocus contre sa résidence. Ce qui se passe avec Tshisekedi ressemble bien à ce qui a été fait à Arafat. Dès lors il faut se poser la question de savoir qui est le concepteur de
ces stratégies ?
Quand on connaît la valeur de ceux qui sont à la tête du Congo, on peut douter qu’ils soient capables de penser un tel système. La grande question est de savoir est ce que les Congolais et les Congolaises se laisseraient encore bernés pour l’après Tshisekedi ? Nous voulons simplement dire que nombre de ceux qui se prévaudront de l’héritage de Etienne Tshisekedi demain ne seront pas des anges. Il y aura beaucoup d’intrus pour encore démobiliser notre peuple. Il appartient à chacun, au-delà de ce scénario attendu, de se préparer et de résister en privilégiant le Congo et son unité. Nous devons savoir anticiper les luttes et pièges à venir pour mieux les affronter. On reconnaîtra bien les futurs PNP (pene pene na mundele) comme nos pères le firent en 1960. On nous a fait le coup pour le MNC hier. Et demain encore avec l’UDPS ?
Claude Kangudie.