Lu pour vous : « Congo-Zaïre, les acteurs de l’histoire »
Lu pour vous : « Congo-Zaïre, les acteurs de l’histoire »
La longue période des vacances de fin d’année m’a permis d’achever la lecture du livre « Congo-Zaïre, les acteurs de l’histoire » que son auteur, Ngimbi Kalumvueziko m’avait gracieusement offert.
Voici mon résumé après sa lecture.
Quinze acteurs, tel est l’effectif de personnages historiques que notre compatriote Ngimbi a choisis pour réécrire l’histoire du Congo-Zaïre.
« Réécrire », c’est le terme qui convient à cette merveilleuse publication de 214 pages qui va au de-là des récits sommairement repris dans les manuels d’histoire sur la RDC. D’emblée, force est de souligner que certains chapitres de ce livre ne figurent même pas dans les cours de l’histoire approfondie du Congo dispensé au niveau de l’enseignement supérieur en RDC.
En effet, là où les manuels scolaires n’accordaient que quelques lignes à Nzinga Nkuvu, Kimpa Vita par exemple, le livre de Ngimbi Kalumvueziko consacre des dizaines de pages très documentées sur ces personnages, décrit d’une manière structurée l’organisation politique du Royaume du Kongo, donne la chronologie des successions fortement influencées par la présence portugaise depuis 1491, et creuse les causes de sa décadence.
Le chapitre sur Léopold II est plein de révélations sur l’ambition démesurée et les abus que le monarque belge avait perpétrés au Congo. J’ai fait le même constat que l’auteur : on dirait que l’histoire se répète toujours au Congo. Les vexations , les abus, les atrocités, la corruption, les intimidations commis par le monarque belge ont été réitérés par lceratins dirigeants congolais . Le livre montre par ailleurs que le Congo a toujours été l’objet des convoitises étrangères bien avant l’entrée en scène de Léopold II. « Les congolais sont encore victimes de la pratique de la violence par un nouveau type des prédateurs, les compagnies multinationales opérant par des états frontaliers pour exploiter les richesses de leurs terres ».
D’autre part, le livre peint avec objectivité le rôle du « bâtisseur » joué par le monarque belge pour la construction du pays. A cet effet, il a bénéficié des services de deux importants serviteurs : l’explorateur Henry Morton Stanley, l’architecte pour la conquête du Congo et Albert Thys, l’officier d’ordonnance du Roi, le véritable « Bula Matari » ,constructeur du chemin de fer Matadi-Léopoldville, débuté le 15 mars 1890 et achevé le 16 mars 1898. Ce chapitre qui donne les moindres détails sur cette réalisation m'a beaucoup fasciné.
La partie consacrée aux défenseurs de la cause congolaise constitue la révélation de ce livre. En effet les quatre expatriés méconnus à travers l'histoire du Congo à savoir: les deux noirs américains, le juriste George Washington William, le premier à avoir accusé le roi Léopold II de "crime contre l'humanité", le missionnaire protestant William Henry Sheppard, qui a passé 20 ans chet les Bakuba ; le journaliste Anglais Edmund Dean Morel dont le journal "West Africa mail" attira l'attention du public sur la brutalité du système du souverain belge; et l'Irlandais Roger Casement, auteur du " rapport Casement ", contribuèrent à la condamnation de Léopold II et à la cession de l'EIC à la Belgique en 1908 non sana voir subi des menaces et des intimidations de la part du souverain belge.
La dernière partie du livre fait ressortir quelques caractéristiques spécifiques de six personnalités historiques congolaises.
Le prophète Simom Kimbangu y est peint comme l'un des premiers à "avoir fait prendre conscience aux congolais de la privation des libertés" et à avoir prédit les bouleversements politiques. Joseph Kasa-Vubu y est qualifié de "père de l'indépendance" en raison de l'antériorité de son combat politique. Patrice Lumumba, "le héros tragique" est reconnu comme un grand martyr du combat de la libération. Les deux leaders, Kasa-Vubu et Lumumba, ont formé un tandem politique de courte durée certes, mais remarquable sur le terrain. Moïse Tshombe, "le sécessionniste repenti", est vu comme un homme politique dont le parcours ressemblait à une ligne brisée. Mobutu, " le roi du Zaïre", comme une pièce maîtresse dans la stratégie américaine de lutte contre l'influence soviétique en Afrique centrale et qui a profité de la guerre froide pour consolider son système politique. Enfin Laurent Kabila, " le retour du révolutionnaire" qui a écumé les maquis à l'est du pays est considéré comme la pièce maîtresse dans la stratégie du renversement du régime Mobutu, mais dont la présence de nombreux Tutsi dans son entourage le fit passer pour une marionnette du Rwanda.
En guise de conclusion, je dirais tout simplement que « Congo –Zaïre, les acteurs de l’histoire », est un livre à introduire dans les programmes scolaires en RDC. Je le recommande à tous les mbokatiers qui voudraient découvrir les points encore cachés de notre histoire.
Dans la mesure du possible, je suggère à l'auteur de songer à la vulgarisation de la partie portant sur les différentes successions au sein du Royaume du Kongo à travers une bande dessinée . Notre ami Serge Diantantu est très bien placé pour réaliser ce projet.
Les coordonnées pour se procurer ce livre sont encore visibles à la une de notre blog.
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