LES NOMS DE SCENES DE CERTAINS MUSICIENS.....
LES NOMS DE SCENES DE CERTAINS MUSICIENS ET LA TRADITION ROYALE ET IMPÉRIALE DE LA RDC
Koffi, le roi du tcha- tcho, la révélation de 1978
Je voudrais partager avec vous cette idée que j’ai découverte dans la lecture de l’ouvrage «Langages et aphorismes dans la chanson congolaise» de mon collègue et aîné Manda Tchebwa Tshamalu. Je l’ai trouvée intéressante que j’ai jugé bon de la mettre à la portée de tous nos lecteurs.
En effet, le deuxième millénaire a été la stabilisation et l'organisation politique des tribus en entités fortes dans le continent africain. Une fois le courant de migration épuisé, le sol fertile trouvé et l'asile sûr, les communautés bantoues ont commencé à se sédentariser, des formes de pouvoir s'y sont organisées et se sont consolidées, des dynasties sont nées et se sont succédé et des royaumes se sont créés. On a alors assisté à la naissance des civilisations présentant un ensemble de croyances religieuses, des concepts sociaux et des manifestations artistiques.
Notre pays, la République démocratique du Congo possède une longue tradition royale et impériale. On a connu le royaume Kongo, le royaume Teke, l’empire Lunda, l’empire Luba et consorts. La musique faisant partie de notre culture, certains artistes musiciens se sont inspirés du passé glorieux de ces royaumes pour y puiser leurs sobriquets. C’est le cas de Papa Wemba avec son village Molokai. Il s’autoproclame le chef du village Molokai, un village avec un territoire bien visible. A l’instar des chefs traditionnels, il réunit ses sujets au moyen des sons de «Lokole» qui est demeuré le symbole du groupe. Le «Lokole» est un attachement affectif pour les racines, un moyen de communication traditionnel et en même temps un instrument de musique.
Quant à Molokai, il est un quartier situé au cœur de la cité chaude, la cité d’ambiance à l’époque, c’est-à-dire un quartier situé entre les rues Masinamanimba, Oshwe, Lokolama, Kanda Kanda et Inzia. On s’est donc servi des premières lettres de chaque rue pour former cette anagramme. Le chef coutumier et traditionnel de ce village, c’est Papa Wemba, le souverain des souverains. A l’époque, il s’entourait bien de ses notables Fafa de Molokai, Jadot le Cambodgien, Sacré Marpeza tala Mwisi ya Zaza, Bayar de Munich, Losikiya Maneno, Colonel Jagger et bien d’autres.
Quant au Roi de la SAPE, nous avons cité le pape Stervos Niarkos, il s’est investi le Ngantshe, un titre de noblesse chez les Bateke. Il est le petit-fils de Ngaliema, un chef de tribu de commerçants et pêcheurs TEKE qui signa le «Traité de l’amitié» avec Henry Morton Stanley en en 1881.
Werrason a trouvé son territoire physique dans la nature et plus précisément dans la faune de notre pays pour se proclamer le Roi de la forêt à l’instar du lion qui règne sur tous les animaux qui constitue notre faune. J.B Mpiana a choisi le titre de Mukulumpa», un titre honorifique chez les Baluba.
Marie Paul Roi Pélé a été fouillé dans la terminologie Lunda pour y puiser le surnom de «Mwat Yav», le titre officiel du roi Lunda. Il a fait une parfaite combinaison avec son surnom de Roi Soleil à l’image de Louis XIV, le roi de la France et du Roi Pélé, le célèbre footballeur Brésilien d’origine noire.
J’allongerai la liste avec Kalonji «Jus d’Été» qui lui opte pour le titre de «Mulopwe» jadis conféré au monarque de l’empire Luba.
Beaucoup d’autres souverains, ne disposant pas d’un territoire physique ont trouvé un territoire imaginaire en mettant en réserve leur style ou leur instrument de prédilection. C’est le cas notamment
Du Roi des boléros, Vicky Longomba (TP OK JAZZ)
Du roi des maracas, Roger Izéidi (African Jazz)
De la reine de Mutuashi, Tshala Mwana
Du roi de Tcha-Tcho, Koffi Olomide (Quartier Latin).
Je laisse la tribune aux Mbokatiers pour compléter avec leurs commentaires sur les différents noms de scène de nos artistes musiciens. Je demande à tous ceux qui connaissent bien nos traditions et cultures de compléter et d’enrichir ce texte et pourquoi pas de corriger toute idée qui n’a pas été bien rendue.
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana
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