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Cet espace se veut un lieu de rencontres et d'échanges entre ressortissants de l'Afrique Centrale et Australe . Tout étranger connaissant ou voulant faire connaissance de cette partie de l'Afrique est le bienvenu. Nous y aborderons des sujets culturels en français, portugais, ou en lingala, selon les interlocuteurs . Notre devise:réduire la distance qui nous sépare du continent, par l'entretien de la mémoire collective, en recourant à notre musique dans toute sa diversité
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Publié par Messager
KRUBONDO politique à Kinshasa.
Décidément, mon séjour kinois ne sera pas de tout repos. Je me disais que j’allais sûrement disposer des moments »off » pendant ces deux semaines à Kinshasa, mais c’était sans compter avec les acteurs politiques du coin, qui semblent tous avoir choisi les premières heures de mon séjour, pour donner un coup d’accélérateur, au calendrier politique. Une sorte de Krubondo, comme savait si bien le faire, un certain Mana, ancien sociétaire d’Imana Matiti Mabe, héros du Caire – vous savez, la coupe des nations de football Moseka de 1974, qui nous avait ouvert les portes du mondial en Allemagne avec les Léopards ; première participation d’une équipe d’Afrique noire à une phase finale de la coupe du monde - Evidemment Krubondo me parait la métaphore adaptée à la vie politique que j'ai trouvé en RDC.
Parlons donc Krubondo, il s’agit pour les non initiés du jeu du milieu de terrain de football, capable à la fois de briser les offensives adverses, à la manière d’un Mana d’Imana ou de lancer les contre-offensives, avec une distribution intelligentes des ballons récupérées à l’adversaire, à la manière d’un certain Mavuba de Vita. Et la qualité du Krubondo se mesure à l’aune des adversaires en face.
En politique, un Krubondo est un coup politico-médiatique qui permet à un acteur politique de se mettre au premier plan, quand on s’y attend le moins. D’occuper le terrain, de détourner l’attention sur soi, mettre un coup d’arrêt à l’attraction du moment et ramener vers soi les projecteurs de l’actualité. A l’instar d’un milieu de terrain traditionnel-en foot-le politique doit savoir lire le jeu de l’adversaire, anticiper les sorties-déclarations des adversaires, et le cas échéant, annihiler les attaques et autres accusations et contre attaquer. Un bon politique est donc, à mes yeux, un bon milieu de terrain, capable de trait de génie – Krubondo – en sortant au bon moment, la phrase ou la formule du moment, qui va focaliser ou relancer le débat.
Alors moi, je zappe entre les différentes chaines de télévision que l’on peut capter depuis Kintambo-pardon Kinshasa - le bon Krubondo. Parce qu’un bon Krubondo, c’est parfois un petit rien ; une expression du visage, un petit mot, une petite phrase, qui à la fin créée le buzz.
L’avez-vous remarqué ? La classe politique congolaise – RD- s’est inscrite depuis une semaine, dans un Krubondo des plus fous, une sorte de pré-campagne électorale qui ne dit pas son nom. Tout se passe comme si l’homélie-interpellation du cardinal archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo Paninya à l’adresse des dirigeants congolais, a donné le coup d’envoi pour la reprise d‘une partie, réveillant du coup, acteurs politiques et citoyens.
Le premier mouvement d’importance dirai-je, est venu du Président congolais Joseph Kabila – à qui la presse locale, évidemment très inventive a trouvé un surnom plutôt original : « l’autorité moral » de l’AMP, la plate forme politique de la majorité. Joseph Kabila a planté le décor des prochaines échéances, circonscrit le cadre des débats et polémiques à venir : son bilan à mi-parcours, alors qu’il lui reste une année de mandat à achever : « Si vous ne me croyez pas, croyez au moins en mes œuvres », devrait-on retenir de ce discours, au fond sincère.
Hasard de calendrier ou volonté assumée d’occuper le terrain, ce discours aux deux chambres, Kabila l’a tenu le jour même du retour triomphal de Tshisekedi, partageant ainsi l’espace médiatique avec le vieux Lion. Le président de l’UDPS rentrait en effet à Kinshasa, après 3 ans d’absence, officiellement, pour présider le premier congrès « officiel » de son parti. Sans avoir la mémoire courte, on se rappellera qu’il y a deux ans, sous la houlette de Beltchika, un premier congrès informel, a eu lieu du coté de Righini.
Tout était donc en place, pour une confrontation au sommet entre Kabila et Tshisekedi, mais c’était sans compter ce 3e larron, Vital Kamehere. Celui-ci, en bon milieu, est venu casser l’offensive politico-médiatique des deux premiers ce mardi, en réunissant une conférence de presse baptisée « matinée politique » pour se rappeler au bon souvenir des congolais. Il en a profité pour annoncer –urbi et orbi- sa triptyque de rentrée politique : Démission du PPRD et de son poste de député de la majorité, lancement de son parti politique l’UNC et bien entendu, sa présence sur la ligne de départ des prochaines présidentielles au nom de ce parti – si son congrès accepte sa candidature- en qualité de candidat de l’opposition. Drible , Soukous et Krubondo. Dernier à sortir du bois, Kamehere se positionne désormais en première ligne face à la machine Kabila, ou comme dirait mon confrère Freddy Mulongo, la machine Joséphiste.
Trois coups successifs au cour d’une même partie, cela suffira-t-il pour rattraper le coup d’avance de Joseph Kabila ? Nul ne le sait encore. Néanmoins, on peut apprécier en connaisseur, la stratégie de Kamehere, qui depuis 6 mois, est assez présent dans les médias et télés en particulier.
En programmant sa conférence de presse le 14 décembre, Kamehere a privé Tshisekedi et son parti du plaisir de se pavaner tous seuls devant les caméras, les obligeant à partager l’actu, voire à passer en seconde position dans les titres des journaux télévisés, un coup de griffe du Soso ya Mboka, que la fille aînée de l’opposition appréciera, même s’il est passé lui dire bonjour en marge de son congrès.
Muan'a Mangembo
Pour les jeunes mbokatiers qui ne connaissent ni le terme Krubondo, ni l'ex-International MANA, nous diffusons la chanson YAKANI, dédiée en son temps par Soki Vangu à ce brillant milieu de terrain.
YAKANI, par Soki Vangu et Bella-Bella