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Publié par Messager


 
Kinshasa, 16/09/2009 / Politique
M. Yvon Kimpiob, l’un des premiers parlementaires congolais rescapé exceptionnellement de toutes les turbulences et péripéties politiques de la RDC vient enfin de s’éteindre presque incognito à l’âge de 86 ans. Le texte ci-après inspiré des ultimes confidences de ce vénérable vétéran vaut hommage posthume pour saluer sa mémoire

kimpiobVa-t-on vers la disparition totale de tous les patriarches d’anciens régimes politiques RD-congolais ou la disparition des archives vivantes ? La question est sur les lèvres de nombreux observateurs avertis. On est même tenté d’y croire. En effet, après Bernardin Mungul Diaka, Vincent Mbwakiem, Cléophas Kamitatu et aujourd’hui Yvon Kimpiob, la province de Bandundu risque de se retrouver sans baobab.

Kimpiob Vinadingi Nki Ekundi – littéralement le petit oiseau descendu du ciel, pourquoi le déranger ? – est mort le dimanche 14 septembre 2009 à 5 heures 30 à Kinshasa, des suites d’une pénible maladie amplifiée d’une cécité de près de 8 ans dans sa résidence de Ma Campagne. Et Ce, dans les oubliettes. Mort à l’âge de 86 ans, président honoraire de l’Assemblée nationale, avec à l’actif l’exercice de deux brillants mandats électifs à la tête de la Chambre des représentants, Yvon Kimpiob est décédé  peu après des soins médicaux poursuivis en Afrique du Sud.

Très entreprenant, sage et surtout intègre, vivant dans l’anonymat depuis l’effacement de la scène politique du Maréchal Mobutu, Kimpiob est toujours resté l’un des survivants de toutes les générations politiques de la Table ronde de Bruxelles, depuis 1960. Sa renommée fut renforcée en créant La Yako, la plus importante association de près d’un million de personnes regroupant la communauté Yansi, partie du sud de Brazzaville jusqu’au Kwilu en passant par le fief de Bagata et la rivière Kamutsha, en province de Bandundu.

Un an avant sa mort, il avait approché l’Agence Congolaise de Presse, et plus tard Africa News, pour parler du programme d’action de Joseph Kabila sur les infrastructures qu’il avait encouragé.

« L’impact  routier sur le développement des activités tant en milieu rural qu’urbain n’est plus à démontrer dans la mesure où les routes à construire par les Chinois assureront  la mobilité des personnes mais également le flux des produits vivriers qui à leur tour permettront de générer des richesses nationales » avait-il affirmé.

Parlant de son propre sort, Kimpiob avait regretté qu’en sa qualité d’un des pionniers de l’indépendance et d’ancien président de la Chambre basse qu’il soit oublié et abandonné par des institutions en place notamment l’Assemblée nationale dont il fut à deux reprises président du bureau. « Je suis devenu aveugle et abandonné à moi-même, la République ne peut perdre les précieuses archives de l’histoire que je possède », a révélé le patriarche Kimpiob qui avait « demandé aux jeunes politiciens élus d’être plus responsables devant le peuple et d’éviter la démagogie ».

Mais qui est Yvon Kimpiob

Né à Kikongo-Mitshakila le 1er juin 1923, le patriarche Kimpiob est le fils de Dias Suing  Mabong Ngul Mun et de Nkubiya Nazur. Marié et père de 20 enfants, il est un Munsamban du clan Mbel de la tribu Yansi, originaire du village Kikongo-Mitshakila, Secteur Niadi-Nkara, territoire de Bulungu, District du Kwilu, dans la province de Bandundu. Après six années d’études primaires et six années d’humanités commerciales et administratives à –Lusanga, Yvon Kimpiob entame vite la vie professionnelle.

Il est employé, en 1943 aux Huileries et Plantations du Kwango à Fumu-Mputu à Masi-Manimba en qualité de clerc comptable. De 1949 à 1952, il sera engagé dans la société ALMEIDA Frères à Kikwit. Il sera admis, de 1952 à 1956 dans l’administration coloniale pour exercer les fonctions de Commis attaché au secrétariat du district du Kwango qui deviendra le district du Kwilu en1954.

Sa vie politique

En 1957, Yvon Kimpiob tente sa première aventure politique et réussit à être élu Chef de Centre extra-coutumier de Kikwit, lors des premières élections communales qu’a connues la République du Congo fonctions qu’il exercera jusqu’en 1960.

C’est en cette qualité qu’il fera partie de la délégation des chefs coutumiers du district du Kwilu invités à rencontrer à Léopoldville, Kinshasa actuellement le ministre des Colonies, Van Merlrek qui voulait connaître l’origine des émeutes qui eurent lieu à Léopoldville, le 4 janvier 1959.

Cette délégation composée de chef coutumier par district, arrivée à Léopoldville, s’est réunie avec les quatre autres chefs coutumiers originaires de quatre autres districts de la province de Léopoldville, le Bas-Fleuve, les Cataractes, le Kwango et le lac Léopold II, lac Maï-Ndombe actuellement.

Relation des faits

Yvon Kimpiob relate, en commentant, la suite des événements comme suit : « les quatre chefs coutumiers illettrés plus moi-même, fûmes reçus par le ministre des Colonies. Et, à la question de savoir qu’elles sont les causes qui ont poussé les évolués de Léopoldville à la révolte du 4 janvier 1959, je prendrai la parole au nom de tous les chefs coutumiers en disant: monsieur le ministre des Colonies, je vous remercie infiniment pour la parole que vous me donnez ; je prends la parole parce que je reste convaincu que la plupart de mes collègues n’ont pas compris grande chose de ce qui est dit tantôt par vous.

J’ai bien suivi votre message axé sur les bienfaits de la Belgique au Congo. C’est vous Belges, qui avaient formés nos enfants dans vos écoles et aujourd’hui, ces enfants sont devenus des évolués ; ils réclament de la Belgique une indépendance immédiate et inconditionnelle. C’est pourquoi nous, leurs parents, sommes ainsi d’accord avec nos enfants qui nous connaissent très bien et demandons une indépendance immédiate et inconditionnelle. Mon intervention fut immédiatement applaudie par tous mes collègues.

Je suis, pour ainsi dire, le tout premier RD-Congolais à parler de l’indépendance d’une manière officielle et solennelle en face du colonisateur, assoiffé de sonder les cœurs de détenteurs de pouvoir à la base en vue d’une prise de décision conséquente. Si j’avais cédé ce jour là, le colon Belge aurait eu raison sur les évolués.

Mais avant cela, il y avait tant d’autres déclarations et actions. Il y avait d’abord le manifeste de la conscience africaine qui pour la première fois, parlait de l’indépendance. Vint ensuite la déclaration des évêques noirs selon laquelle la couleur de la peau ne confère aucun privilège.

(DN/Tkm/Yes)

Tabasenge/Africa News

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J
Notes Kinoises (3) : l'obélisque du Photographe Pedo Manuel.J'avais déjà évoqué cet obélisque dans un article publié sur ce blog en mars 2009, un article que j'avais consacré aux "manuel" de Kinshasa.Pour mon fils qui avait lu l'article, je suis retourné à Dendale (kasa-Vubu) pour revoir une dernière fois, avant peut être sa disparition, comme d'autres lieux de mémoire de Kinshasa, l'obélisque de Pedro manuel, l'un des rares photographes, avec Lukuni, à avoir immortalisé les émeutes du 4 janvier.L'obélisque est aujourd'hui emprisonné derrière un mur de brique, les inscriptions et les lettres de Pedro Manuel ont été cassé au marteau sûrement, mais il reste encore son numéro RC - régistre de commerce.Sur l'avenue Victoire, devenue le supermarché des pièces automobiles d'occasion, très peu de personnes, jettent encore un regard sur ce monuments. Le commerçant installé juste devant la parcelle n'a jamais entendu parler de l'ancien propriétaire des lieux. Et encore, c'est le cadet de ses soucis.dans la parcelle, derrière le mur d'enceinte, l'obélisque campe encore sur ses pieds. le nouveaéu propriétaire se désole de ne pouvoir s'en débarraser. il voudrait bien le casser pour ouvrir une autre annexe liogablo.cela lui rapportera au moins 100$ de plus par mois.Pour être solide, l'obélisque l'était vraiment."il a fallut presque une semaine pour casser les lettres en ciment, alors vous imaginez le temps que cela prendra de casser l'obélisque? me dit d'un air désolé l'occupant des lieux. En plus ajouta-t-il, elle casse la beauté de la parcelle et de la maison. Une belle maison "fonds d'avance" qui garde encore intacte, sa couleur verte de mon enfance.S'il pouvait parler, l'obélisque de Pedro manuel, nous aurait raconté, en l'absence des clichés du photographe, ce qui s'était réellement passé ici, lors de cette sanglante journée du 4 janvier. Il est certain que depuis le rond point de la Victoire, la solution la plus simple, pour échapper aux "ekoti mbila" de la force publique appelés pour mater la révolte des kinois, l'avenue de la Victoire et son croisement avec Gambela. peut être que la traque s'est poursuivie jusque à la hauteur du Kimpwanza Bar (ce qui expliquerait son nom. Et pendant qu'Arthur Pinzi s'époumonait au dessus d'une impala, une sonophone collée à la bouche, quelques ngembo devraient être juché au dessus de l'obélisque, à mi hauteur, pour ne rien râter de la scène.Qui a fui par là? par où Kasa Vubu s'était-il échappé avant de se retrouver à Kintambo, sur Kwamouth, Chez les Kuyena et s'y cacher pendant trois jours, avant de se rendre de lui même àla police?Combien de victimes anonymes ou de bléssés sont tombés devant ce témoin immobile et muets, avant que les belges n'acceptent d'ouvrir une table ronde pour examiner les révendications congolaises? Voilà à quoi je pensais en tournant autour de l'obélisque.Lorsque je suis ressortie sur l'avenue de la Victoire pour reprendre un nouveau cliché de l'obélisque, un homme s'est approché de moi: "Vieux, me dit-il, soki olingi, nakoki kotekela yo bord wana. Namoni olingi yango mingi". ce n'est pas que nalingi yango mingi, lui-ai-je répondu. Eza histoire na yo na ya ngai. Justement ekozala mawa trop ebukana, sans que balobela bino lisolo n'ango.J'aurai bien voulu lui en dire plus sur cet obélisque, mais j'ai compris qu'ici, on n'a pas le temps pour écouter de tels discours.ici on vend de tout, pourvu que ça rapporte un peu de dollars. Il ne reste qu'un seul endroit pour apprendre à nos enfants ce qui s'est passé, à leur présenter et apprécier nos lieux de mémoire, comme cet obélisque qu'un jour, un photographe d'origine angolaise, Pedro Manuel érigea pour attirer l'attention de ses clients, et qui, par la force de l'histoire, se retrouve associé aux évènements fodateurs de la république démocratique du Congo, la journée des martyrs du 4 janvier 1959.<br /> La saga des "MANUEL" par Muan'a Mangembo <br /> J'ai connu plusieurs "Manuel", tous d'ascendance angolaise.ils savaient d'ailleurs comment se mettre en valeur, puisque beaucoup d'entre eux étaient des "self made man".Pour une fois, le premier qui m'a frappé, n'était pas à Kintambo. En effet, je devais avoir entre 9 et 10 ans, lorsqu'un jour, j'ai accompagné mon père à la "population noire-la Cité". Nous avions pris place à bord d'un TCL qui faisait pratiquement le tour de Kinshasa - était-ce une ligne 6-, toujours est-il que le bus nous a promené un peu partout de Kintambo à Dendale. Avions-nous changé de bus? je ne m'en souviens plus. est-il que nous avions emprunté l'avenue de la Victoire. entre le rond point de Saio et Victoire (Kimpwanza) et Gambela je crois, notre bus s'est immobilisé devant une belle batisse "fond d'avance de couleur verte. Devant la maison trônait une belle obélisque d'au moins 4m. Dessus était marqué "Manuel" suivi d'un autre nom. Nous étions devant les studios et laboratoires photographiques d'un des grands photographes de Kinshasa. L'obélisque m'a expliqué mon père, c'est en souvenir de son passage à Paris: " regardes bien çà c'est Paris, m'a dit mon Père". pendant longtemps, Paris était pour moi, cet obélisque en ciment de M. Manuel.Un autre manuel que j'ai connu a été chanté par des grands artistes congolais, puisqu'il avait un Bar où se produisait de groupes célèbres. C'était M. Nzuzi Emanuel ou Manuel Nzuzi. Rochereau l'a immortalisé dans "Milano", lingomba ya bana bayebana: "Mvuemba thomas, Polo Kalambay NZUZI EMMANUEL, Ngoy Léon, Tshimpaka Kongolo, Benga Tusamba, bana ya Milano. C'est toujours cette année de mes neuf ans, que je suivrai dans ce bar en Ngembo, un concert de Negro succès, avec bavon marie Marie en Guest Star et son amoureuse Marie José. Le Bar de Nzuzi était sur Boma tandis que la copine de Bavon habitait sur Kasai.Enfin le dernier Manuel de mes souvenirts était un tailleur célèbre. Son atelier était au coin d'Uele et de l'avenue Komoriko. il avait réussi a s'offrir une clientèle huppée. il parait que c'est lui qui a cousu le premier costume de Boboliko, alors qu'il n'était qu'un jeune syndicaliste chrétien.Mes trois Manuels, ont été parmi les premiers à retournber en Angola, dans le sillage du FNLA de Holden Roberto, dont ils étaient les soutiens. Après la guerre perdu par le FNLA contre le MPLA, certains reviendront à Kinshasa, après avoir tout perdu. Nzuzi Emmanuel finira ses jours comme portier à la CPA à Kinsuka.Il y a six mois, de passage à Kinshasa, je suis retourné à Kasa-Vubu pour revoir l'obélisque de M. manuel (Pedro?). il était encore là. Quelqu'un, sûrement le nouveau propriétaire de sa parcelle, a fait enlever ses noms sur l'obélisque de "Paris". Peut être un muan'a Kasa-Vubu nous en dira plus sur ce photographe et ce qu'il est devenu. Moi en tout cas, je n'oublie ces lettres carrées "Manuel" sur les tranches de son obélisque.Allez, reécoutons pour le plaisir un de ces morceaux d'anbthologie de Bana San salvador, avec Georges Edouard et manuel d'Oliveira " Basi nionso tapale" que Messager ne manquera pas de nous faire écouter à la suite de cette petite contribution.PS: Les "manuel" avaient une prédilection pour les vieilles communes - Kintambo, Linguala et Barumbu. Dans les années 70, beaucouyp d'entre eux émigreront vers Kimbanseke ou Ozone.Muan'a Mangembo
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J
NOTES KINOISES 2 - Adieu Sec PaudosJ'étais à Kinshasa depuis à peine deux jours, lorsque passant sur l'avenue Boboliko pour rejoindre la Maison de passage de l'armée du Salut où je descend à chacun de mes voyages, je remarque un groupe de personne en train d'installer un chapiteau. Signe qu'il y a un deuil dans le coin. Ayant gardé mes bonnes vieilles habitudes de Ngembo, je m'approche du groupe pour me renseigner sur le défunt. "C'est un directeur de la poste" m'a-t-on répondu. Sur le champs, je me contente de murmurer mes condoléances et je continue ma route.C'est en ressortant avec un ami dont la femme est agent de la poste, qu'ayant complété mes informations, je me rends compte et avec effroi, que ce ne pouvait être que quelqu'un que je connais. Sec Paudos!!! Oui, il a été secrétaire d'Imana, motema pembe.L'information m'a scié. et dire que je voulais passer lui dire bonjour et lui remettre une copie de l'émission sur les Bana 15 ans à laquelle il avait participé sur les antennes de Mangembo, quelques 5 mois plus tôt.Sec Paudos était donc mort, moins de six mois, après que toute la communauté des Mbokatiers lui ait souhaité "Bon anniversaire" pour ses 60ans. Souvenez-vous les gars de Sec Paudos Pangoula, à travers nos voeux d'anniversaire, nous avions exhumé des souvenirs de Kinshasa et de ses fameux bana 15 ans.En fait c'était notre hommage à nous, avant l'heure, pour l'homme exceptionnel qu'il a été, à travers un parcours propre à tout kinois.Muana barumbu, ses frères de quartiers d'origine ont fait le déplacement pour lui rendre les derniers hommages. je ne citerai entre autre que l'honorable Kiakuama Gilbert, aîné de quartier de Sec Paudos (Kiakuama a grandi sur Nyangue). J'y ai croisé aussi beaucoup d'autres bana Kinshasa et barumbu, comme Ya paulin, un ancien cadre de l'ex compagnie aérienne Air Zaire, qui m'a replongé dans le passé de sa génération, à côté de leursd aînés de l'école saint Pierre.Les Ngembo et fidèles de saint François étaient aussi nombreux à ce deuil, démontrant que Sec Paudos a réussi son intégration à Kintambo. J'étais là aussi lorsque son corps est revenu de la Belgique où il avait trouvé laé mort, au milieu de nombreux agents de la Poste (OCPT) qui pleuraient leur chef.En promenant ma caméra et mon appareil photo au Matanga de Sec Paudos, j'ai compris aussi ce que c'est l'esprit kinois - pouvoir rassembler au délà des clivages tribaux et régionaux. C'est un groupe Bantandu qui a animé le deuil, en alternance avec des groupes chrétiens. Les pleureuses qui sont venus rendre les derniers hommages à Sec Paudos, chantaient dans toutes les langues du Congo: ils pleuraient tous Sec Paudos Luaba. C'est à peine si on pouvait se rendre compte que le défunt était Muluba. Adieu Sec Paudos et merci d'avoir enrichi notre mémoire commune de Mbokatiers avec ton histoire.PS: Sec Paudos qui a grandi à Citas à Barumbu a fini ses jours à Kintambo, sur la rue Boboliko, juste à côté de la concession de l'Armée du salut, à la limite du Vieux Kintambo. Sachez que la rue Boboliko a cette particularité, d'être l'ex rue Dhanis, sur laquelle a grandi l'ex syndicaliste et homme politique congolais, André Boboliko Lokonga. Parti d'un quartier des Bangala, il a fini ses jours à Basoko,un quartier historique des bangala de kintambo.
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