Le "bûcheron" ou la complainte de Franklin Boukaka!
Or, c'est de ce côté du fleuve où est né un musicien engagé, dont nous avons déjà parlé dans nos articles antérieurs: Franklin Boukaka. Un des rares musiciens a avoir déclenché à temps la sonnette d'alarme sur les dérives du pouvoir en Afrique. Dérives à la base de la déconfiture du continent , laquelle a engendré des mouvements migratoires vers l'occident.
Cette chanson qui a été interprétée par de nombreux artistes met l'accent sur ce qui proccupe le plus les dirigeants africains:" l'enrichissement et le bonheur personnel".
"NAKOMITUNAKA MONDELE AKENDE; DIPANDA TOZWAKA MPO YA NANI?"
Laissons Franklin Boukaka lui-même nous exprimer son amertume à travers "le bûcheron". (messager)
Le bûcheron
En ayant écouté Franklin Boukaka, j'ai eu la chair de poule. Sur le plan
musical, il est impossible de séparer les deux Congo. Nous avons eu ensemble un grand metissage
découlant de nos origines communes. D'ailleurs parler métissage est, je pense, impropre, puisque tout nous unis, sauf la politique. C'est ainsi il est vraiment impétieux que nous
puissions intégrer dans ce forum les belles mélodies de l'autre rive, de l'autre "nous". Aujourd'hui, je jette mon dévolu sur " Choisis ou c'est lui ou c'est
moi". Elle me rappelle une histoire de ma vie.
C'est facile à comprendre !
Nous nous rappelons des tubes comme "mama na pesi yo melesi", "makambo mibale", "El manicero (version congolaise)", "Isabella (yoko na ngambo, ngai pe na ngambo, tokosala boni!)"
etc......
Frédéric
Cher Frédéric,
Si vous vous donnez la peine de parcourir votre blog, vous serez surpris par de jolies chansons de l’autre rive du fleuve Congo : « Makambo mibale, Merci maman, Mwana Djambala, Nzela ya Ndolo, Bana Cara, Marie Jeanne, Masamba MJ, Dia Bikola , Muzina Ave Marie …. »
Nous l’avons déjà souligné, la musique congolaise moderne englobe les deux congo.
Peut-être faut-il encore revenir sur certains titres .
Réécoutons ça: Marie Jeanne
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Messager
Franklin Bukaka, le politique et l'artiste
Ce matin, en ouvrant ma boitee-mail, je suis tombé sur une interpellation adressée à Mon aîné Djagas, par un internaute de son blog Hinterland. celui-ci se disait perturbé par les mélanges
musique-politique que se permettait Djamba Yohe. Il lui demandait donc de ne pas mélanger politique et musique, tout en l'invitant à se concentrer sur la politique.
Evidemment, je comprends cet internaute, bousculé par la facilité de Djagas, à passer d'un coup de gueule politique à une évocation de Franco Luambo ou Kwamy Munsi Lasitura. Mais faut-il en
fait séparer l'un et l'autre alors que d'une part, c'est la musique qui nous sert de fil conducteur, lorsque nous perdons tout répère? sans aller encore une fois dans l'opposition kinois- et
non kinois, il faut que les lecteurs de nos pages internet notent que pour nous qui avons grandi à Kin, et qui nous disons "yankés" (à ne pas confondre avec délinquant): deux choses comptent et
elles sont essentielles : la musique et notre histoire. la première est comme dit un proverbe Kongo, la parole-guide:
"le proverbe est le guide de la parole
Quand la parole se perd
C'est le proverbe qui aide
à le ramener"
Il en est de même de nos souvenirs enfouies, elles ne remontent à la surface que par le truchement d'une mélodie entendue, frédonnée à l'époque.
Franklin Bukaka, notoire opposant aux marxistes du Congo Brazzaville à l'époque de Ngouabi, s'était réfugié à Kinshasa. cet érudit et politicien, avait fait le choix, de couler son discours
dans la musique. Son groupe Cercul Jazz (Cercle Cultrel de Brazzaville), repétait à Bandal au Bar David dans les années 69/70, en face du terrain Municipal. Entre deux repétitions, il discutait
politique avec des ainés de mon quartier. J'en ai accompagné quelques uns, en doute sur leur engagement politique, alors que le MPR commençait à tout régenter.Il avait toujours un livre à la
main au point que je me demandais ce qui était important pour lui, sa musique ou la lecture des grands penseurs et révolutionnaires de notre temps.
Franklin Bukaka, jusqu'à sa mort, avait choisi d'être un vociférateur, celui qui refuse de se taire. L'éloignement forcée de sa ville natale Brazzaville, ne l'a pas empêché de repéter
inlassablement son message de liberté et de développement de l'Afrique. il était un pan-africaniste comme on en fait plus. il disait que l'on ne pouvait changer le Congo-Brazza que depuis
l'autre rive du Congo Kinshasa et vice-versa. Il disait qu'il fallait que les enfants de Kinshasa, aillent enseigner à ceux de Brazza ce qu'était la révolution et à ceux de Kinshasa, d'aller
former les enfants de Brazzaville aux arts. Lui même disait qu'il était venu faire ses classes de musiques aux côtés de Grand Kallé, qu'il suivra d'ailleurs jusqu'à paris pour la réalisation de
l'album le Bucheron, avec le concours de Manu Dibango et l'African Team.
Il faut arrêter de brider notre mémoire collective, en faisant de nos souvenirs musicale, un art mineur et de nos souvenirs politiques, du grand art, alors que les deux sont imbriqués. la
musique est en fait le matériaux qui peut nous permettre de comprendre ce qui s'est passé chez nous.
Il est dommage que celui qui demande à Djagas de mettre de côté les souvenirs sur Franco pour évoquer la figure de Lumumba, alors qu'en lisant l'hommage à Franco, on trouve les prémices
de la rivalité Lumumba-Kasa-vubu autour de l'affaire "Opédaler".
De grâce, ne bridons pas l'inspiration de Djagas. laissons-le nous raconter ses souvenirs à son rythme. Qu'il passe d'un hommage à Pépé Felly ou Franco, à l'évocation des horreurs des rebelles
mulélistes, prenons le temps de le lire et puisons, piochons la dedans pour nourrir notre intelligence et étancher notre soif de connaissance de l'histoire du Congo.
Joseph Pululu
A propos de Sec Paudos,
Réagissant à la demande de Ya Moti et des amis de Mbokamosika, nous pourrions consacrer, sur Mangembo FM, un Lisolo ya Banganga à Vieux Paudos, autour du phénomène des "Bana 15 ans". la date
retenue pourrait être ce dimanche 2 novembre. Je suis ouvert à toute suggestion et surtout, j'attends un coup de fil de Ya moti et tous les autres pour une meilleure préparation de cette
émission. Vous pouvez me joindre au 01 64 38 54 68.
Joseph Pululu