L'Epopée des Bana Mangembo(2)
Après avoir planté le décor de Kinshasa et partant de Kintambo, parlons de ses habitants. kinois à part entière entend-on
dire par-ci, par-là. Mais n'est pas kinois qui veut! Kolonga Molei dans son livre "Kinshasa ce village d'hier" , pour répondre à la question "Mais qui sont donc les kinois" nous donne cette
définition : est kinois, ceux qui à un moment de l'évolution de la ville ont été considéré comme des "détribalisés, inscrit au régistres de l'état civil sous la rubrique "Population flottante".
Ainsi donc, les Bana mangembo que je m'en vais évoquer font partie non seulement de cette population flottante, mais peuvent se réclamer du statut de Motolu.
Les populations flottantes
Losque le capitaine Thys, au terme de la construction du chemin de fer CFML (Kinshasa-Matadi) invite les ouvriers et manuels qui ont travaillé à sa réalisation à faire le voyage inaugural-après
le colon blanc bien sûr-la plupart d'entre eux avaient quitté depuis 10 voire 15 ans leurs village de l'Equateur, du Haut Congo ou du Katanga ou Kasai. Les jeunes ados donnés à l'administrateur
colonial comme quote part des territoires à l'effort national de L'Etat Indépendant du Congo, le pays du Roi Léopold II, étaient devenus de grands et vigoureux gaillards. C'est à la sueur de
leur front que le Congo doit de valoir un peu plus qu'un penny. mais le chemin de fer terminé, ils ne savaient plus ou n'avaient pas du tout envie de refaire le voyage du retour. par ailleurs,
beaucoup d'entre eux, partis adolescents (14/15 ans) ne connaissaient que des bribes de leurs langues maternelles. Pendant une dizaine d'années, leur langue était le lingala et le kikongo ya
leta. les deux langues de communications avec les colons. ce qui faisait d'eux de facto, des populations détribalisées, les fameux Ngala Kinsuka ou populations flottantes, c'est-à-dire, ne
pouvant logiquement être rattachées à Leopoldville (comprenant Kinshasa, le bandundu et le Kongo central). Beaucoup d'entre eux vont donc se marier au gré de leurs déplacements. C'étaient les
premiers mariages mixtes du Congo, le long du chemin de fer Nzela Masini. C'est ainsi qu'aux différentes haltes du premier train, ces hommes vont à la suite d'un regard de femme, choisi de
s'installer à côté de la gare: la gare centrale et Itaga pour Kinshasa-Ouest et Kintambo pour Kinshasa-Est, seront les gares de référence d'où partiront ces premiers kinois à la recherche d'une
terre accueillante.
les 100 maisons et le Nganda des Basoko
Plutôt que delaisser les anciens ouvriers de la CFML se disperser dans la nature, l'administration coloniale installé sur la colline de Léo 1, va offrir du travail à certains d'entre eux et les
installer en face de l'actuel Maison communale de Ngaliema. Ce premier quartier, qui je suppose devait compter une centaine de maisons, est appelé 100 maisons. Selon les souvenirs de Maman
Clara Komiso recueillis par nos soins en 1983, c'est là que s'était installé leur père et qu'ils sont nés lui et son Frère le champion cycliste Goerges Komiso.
Mais tout le monde n'a pas eu la chance d'être embauché par l'administration. Retrouvant les reflexes ataviques, les populations venant des kasai et bandundu vont se tourner vers le travail des
champs avec leurs amis du Kongo central, tandis que les bangala (Haut Congo et Equateur) riverains du fleuve Congo vont retrouver leurs reflexes de pêcheurs. C'est à cause de ces derniers que
l'on parle de Basoko à Kintambo. en effet, les basoko sont originaires du haut Congo. Pecheurs, ils vont s'installer d'autorité au bord du fleuve Congo dans ce qui fut le campement du Chef Teke
Ngaliema. Ils vont y ériger l'un des plus grands Nganda de pecheurs de Leopoldville. celui-ci s'étendait sur près de 500m en partant du bas du Magasin - Kintambo jusqu'aux premiers bâtiments du
camp de la police. Ce campement sera le lieu de naissance de beaucoup de ces Ngembo. mais Il n'y avait pas que des bangala la dedant. on y retrouvait aussi des populations Mongo et Tetela. Le
camp de Basoko ouvert dès les années 1900, tiendra dans ces lieux jusque en 1940 environ, malgré plusieurs tentatives pour réloger dans les nouveaux quartiers de Kintambo dès 1910 et 1923.
Combien étaient-ils les premiers kinois ?
Selon les chiffres cités par Kolonga Molei, les premiers enfants nés à Kin, étaient au nombre de 40 avant 1900, 70 en 1905, 190
avant 1910. Pour Kintambo, ceux que l'on peut considérer comme les fils aînés, sont nés entre 1910 et 1915. ILs font donc parties des quelques 600 premiers kinois de l'histoire. Leurs parents
étaient soit employés de l'administration, de l'hôpital des soeurs franciscaines arrivés en 1902 sur le site de Ngaliema, ou des Frères des ecoles Chrétiennes, arrivés en 1909. C'est parmi eux
que les premières industries - chantiers navals et usines textiles-vont recruter leurs ouvriers et clercs, après bien sûr un passage sur les bancs de l'école de la Montagne. Les premiers
enseignants autochntones sortiront aussi de leurs rangs.
Les frères des écoles chrétiennes et les soeurs franciscaines resteront fidèles à Kintambo, suivant la population noire au fur à mesure que l'administration coloniale la déplacera des collines
de léo 1, vers son emplacement actuel, au délà de la ligne du chemin de fer. De l'autre côté, à l'Ouest de la ville sont arrivés les Scheuts, prenant en charge les populations noires de l'Ouest
de la ville - Kinshasa- instituant ainsi la tradition qui veut que les kinois, je cite encore une fois Kolonga Molei "ce sont d'abord des jeunes gens - filles et garçons-qui dès 1910 ont évolué
dans le sillage des écoles des missionnaires catholiques et protestantes. Et à Kintambo on ajoute un autre critère : le Motolu. Est motolu (d'origine, du cordon ombilical), celui qui peut
justifier que son cordon ombilical est bien enterré à Kintambo. La preuve exigée étant de figurer sur les régistres de baptême, catholique ou protestant, puisque à cette époque, chaque enfant
né à Léopolville devrait être baptisé dans la semaine suivant sa naissance. Les régistres de Saint Léopold, église construite en 1909 à Kilimani Grand seminaire et de saint François ( à partir
de 1938) ou de l'Eglise protestante CBCO ont longtemps servi à valider le statut des motolu de Kintambo. D'autres n'ont jamais eu besoin de cette validation, s'étant distingués par le
sport ou la culture, ils ont gagné leur statut de Bana le statut de mwan'a Kintambo n'est soumis à aucun critère, contrairement à celui de Ngembo et de Motolu, sinon celui de résider ou d'y
avoir résidé.
Mwan'a Mangembo.
Hors Sujet
Messager, pouvez-vous mettre la chanson de Verckys NAKOMITUNAKA svp?
Merci
i
Salut i. Le thème de notre ami Mwan'a mangembo n'est pas hors sujet. Nous avons besoin de connaître toutes les
facettes de notre histoire, y compris celle de la ville de Kinshasa.
Quant à la chanson "nakomitunaka", nous l'auditionnerons un de ces jours. N'oubliez pas de nous rappeler les souvenirs qu'elle vous a laissés.
Messager
Muana mangembo,
Je bois vos chroniques comme du petit lait.En parlant des basoko,est il vrai que les manianga sont des bangala qui ont émigré là où ils sont aujourd'hui?C'est une affirmation d'un des mes
amis qui a tiré cette conclusion en observant leur mode d'alimentaion.Il soutient que la cuisine manianga est une cuisine typiquement bangala.J'avoue que je n'ai pas trouvé d'autre source
confirmant ou infirmant cette assertion. Nos ancetres ont il pu apérer ce genre de migration?Je ne crois pas qu'ils aient pu etre aussi farouches que ne le prétend Stanley et
autres.
Anaclet
Mwan'a Mmangembo,
J'aimerais évoquer un des aspects que vous venez de souligner dans votre commentaire en réaction à l'article sur Angwalima de notre ami Anaclet. En effet vous affirmez qu'Angwalima est un
Mbuzadu Haut-Zaïre tout comme l'animatrice de la "radio mangembo".
Je sais que toute la zone de Bumba dont sont originaires les mbuza appartenait à la Région du Haut-Zaïre jusqu'en 1954 si ne m'abuse. Ce qui fait que de nombreux Mbuza parlent jusqu'à
ce jour swahili et résident à Kisangani. Mais sur le plan géographique,je doute qu'il puisse exister des mbuza du
Haut-Zaïre, bien que les sous-région du Bas et du Haut-Uélé soient peuplées des populations dites "bangala". Que votre collaboratrice nous dise de quelle zone
est-elle originaire dans le Haut-zaïre?.Elle nous aidera à enrichir notre connaissance sur notre pays.
Dans ce cas , la situation des mbuza sera similaire à celui des basonge dont une partie est
aujourd’hui originaire du Haut-Zaïre alors que géographique, ils sont situés plutôt au Kasaï, au Kivu et au Katanga. Le cas des basonge s’expliquant par le fait qu’ils sont les rescapés des
esclavagistes arabes, qui les ont abandonnés à Kisangani après la proclamation de la fin officielle da la traite des noirs, alors que leur
destination était les ports de Zanzibar avant l’embarquement pour les Amériques.
Messager
Je reviens chers amis pour apporter les précisions sur mes affirmations sur les Mbuza. A l'instar des manianga qui sont à cheval sur les deux Congo, les Mbuza sont aussi à cheval entre l'Equateur et le haut Congo. En tant que Mbuza "ya mayi", Mme Ehila Kolo est originaire du territoire de Basoko, clan des Yamoyenge, province du haut Congo. Vous l'avez souligné , Messager, une partie de ce territoire occupé par les "Mbuza ya Mokili" a été rattaché, après 1954 à l'equateur. Dans ces conditions, l'assertion d'Anaclet n'est pas erronée. Je puis même apporter d'autres précisions sur Angwalima, qui serait donc Mbuza de Bosanga, du secteur de Loeka Yamongili. les yamongili sont donc des cousins des yamoyenge. les premiers sont Mbuza ya Mokili et les seconds Mbuza ya mayi ou Basoko. les Basoko sont donc un prolongement des Mbuza. je n'ai pas encore trouvé le lien avec les manianga, un autre peuple de pecheurs mais qui sait....
Mwan’a Mangembo
Je remercie vivement ma compatriote de la radio mangembo de m’avoir enrichi sur l’histoire de notre pays. Ces détails me manquaient. Je vais d’ailleurs ajouter les Mbuza, sur la liste des tribus à cheval.
Messager