Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Samuel Malonga

Les reprises occidentales dans la chanson congolaise

Le lingala est la lingua franca de la musique congolaise. C’est dans cette langue que la majorité des titres est composée. Mais le français légué par le colonisateur n’est pour autant pas en reste. Il a rongé tant soit peu une moindre part dans la grande discographie congolaise avec des reprises et plus tard avec des textes écrits par les artistes-musiciens congolais eux-mêmes. Selon Malangi, dans l’ensemble du patrimoine culturel d’avant l’indépendance, la rumba occupait 75 %, le cha cha cha 10 %, la salsa et le mambo 10 %, la musique occidentale n’intervenant que dans 5 % des cas. C’est dans ce registre que se distingue le jeune iconoclaste Franck Lassan. Pris d’affection pour les chansons du répertoire français, il visite la discographie de Tino Rossi. Le Grand Kallé Jeff en fait de même.

Après l’indépendance s’accélère la cadence des reprises que les Congolais appellent ″adaptations″. Plusieurs artistes s’y mettent, montrant ainsi la facilité qu’ils ont à interpréter leurs collègues européens et à s’acclimater à tous les courants musicaux. Leur maturité se dévoile tout au long des reprises.

 

 

En 1961, alors que l’African Jazz se scinde en deux ailes, Kallé rassemble quelques musiciens autour de lui (Tino Baroza, Dicky, Roger Izeidi, Lutula Clari, Mwena) et s’envole pour Bruxelles. Dans la capitale belge, Kabasele et les siens se font accompagner par Manu Dibango dans l’enregistrement de plusieurs chansons dont certaines sont en français. Ces interprétations tirées dans la discographie européenne sortent sous le nouveau label que Kallé Jeff a créé : les éditions Surboum African Jazz. Dans cette ballade euro-caraïbéenne, on retrouve les artistes congolais dans un autre registre. Beaucoup excellent dans la perfection de cet art dont ils maîtrisent les contours. Ci-dessous une ébauche de quelques chansons de ces chansons qu’ils ont interprétées.

 

  1. Timide sérénade (1958)  

Titre original : Timida serenata

Compositeurs : Gino Redi & Nisa

Interprétation : Kallé Jeff et l’African Jazz (1961)

Chanté en italien, le titre connaît plusieurs reprises l’année même de sa sortie. Jean Broussolle le traduit en français au tout début des années 60.

  1. Le bateau de Tahiti (1952).

Compositeurs : Marc Fontenoy (paroles) & Pedro Liberal (musique)

Interprétation : Kallé Jeff et l’African Jazz (1961)

  1. La dernière danse (1961)

Compositeur : Henri Salvador

Interprétation : Kallé Jeff et l’African Jazz (1961)

Il y a aussi trois autres titres enregistrés à Bruxelles : Mon pauvre cœur, Ma doudou et Chant d’Orphée.

  1.  Le chant de Mallory (1964)

Compositeurs : Pierre Cour & André Popp

Interprétation : Rochereau et l’African Fiesta (1964)

La chanson est exécutée pour la première fois à Copenhague. Elle est interprétée par Rachel Ros représentante de la France à l’Eurovision.

 

5. Quand le film est triste (1961)

Titre original : Sad movies (make me cry)

Auteur : John D, Loudermilk (paroles)

Compositeurs : Georges Aber & Lucien Morisse

Interprétation :  Vicky Longomba et OK Jazz (1966)

Traduite de l’anglais, Sylvie Vartan interprète la version française dans le premier album qui marque le début de sa carrière.

6. Adieu la belle

Compositeur :  Alain Barrière (1964)

Interprétation : Rochereau, Sam Mangwana et African Fiesta National (1966)

7. Si vous passez par-là

Titre original : Sérénade argentine (1949)
Compositeur :  Max François
Interprétation : Franco, Vicky  et OK Jazz (1966)

Ce boléro est composé en espagnol par Enrico Pueca sous le titre ″Amparito″. En 1949, Max François lui donne des nouvelles paroles en français sous le titre ″Sérénade Argentine″. Vingt-sept ans plus tard, elle est reprise par Franco qui lui donne un nouveau nom : ″Si vous passez par-là″. Avec sa version, Luambo détricote l’original en sublimant l’instrumental pour que la voix de Longomba fasse le reste.

8. Ce palmier

Compositeurs : Emilio Vitória Pereira & Franck Gérald (1965)

Interprétation : OK Jazz 

Le groupe angolais Dou Ouro Negro réalise le titre à Paris avec le concours des auteurs français de la chanson. La version de l’OK Jazz est proche de l’original mais avec une cadence beaucoup plus lente car transformée en boléro.

 

9. Loin du désespoir

Interprétation : Bovic et African Fiesta Sukisa (1969)

10. Lal’a by

Titre original : Let it be (1970)

Compositeur : Paul Mc McCartney et The Beatles

Interprétation : Rochereau et l’International Afrisa (1973)

La reprise de Tabu Ley est en kiyanzi sa langue maternelle. Les paroles de cette version n’ont rien avoir avec celles de l’original.

11. Leridi

Interprétation : Les Yondo Sisters et l’Afrisa International (1975)

Le titre original serait en allemand et serait donc chanté dans la langue de Goethe.

12El manicero

Titre original : El manisero (1928)

Compositeur : Moisés Simons

Adaptation : José Misamou et Bantous de la Capitale (1976 ?)

Il existerait plus de 500 différentes versions dont celle des Beatles. Le hit est traduit en français en 1931 par Henri VarnaLéo Lelièvre et Leopold De Lima sous le titre La rumba d’amour. El manisero veut dire le vendeur de cacahuètes

13. Marina

Compositeur : Rocco Granata (1959)

Interprétation : Beyou Ciel et l’International Afrisa (1988)

 

Les variétés occidentales et caribéennes sont bien présentes dans les concerts. A l’époque, le Congo culturel est attentif à tous les vents musicaux qui soufflent dans le monde musical. Plusieurs de ces hits passent à la radio et à la télévision. Pour bien s’adapter à tous ces courants, chaque groupe a ses chanteurs pop qui plantent le décor avant le concert proprement dit. Les plus connus sont Mbuta (Zaïko), Billy Barrel (Bella Bella), Bovic (African Fiesta Sukisa puis Vévé). Même si la plupart des reprises qu’ils interprètent ne sont pas gravés sur disque, le jerk, le rock, le funky, le yéyé, le pop, le disco ou la salsa font partie intégrante du paysage musical congolais.

Samuel Malonga

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Comme Ray Lema aime bien appeler tous ceux qui font du bon travail, moi aussi, je dis merci grand "Requin" Papa Sam. Que des découvertes en parcourant les articles de Mboka Mosika. Entre des reprises et leurs propres textes en francais, ces vieux avaient du talent.
Répondre
M
Le chant de Mallory fait partie des mes chansons d'enfance préférées. Merci à toi Sam de les nous avoir fait revivre<br /> <br /> Messager
Répondre