L'ELITE
Le choix des dirigeants qui occupent des postes importants dans notre pays.
Partout dans le monde, on se base sur un certain nombre de critères telle que la compétence, les aptitudes, l’expérience avant de confier à une personne un poste quelconque. Au Congo-Kinshasa, la réalité est toute autre. Disons qu’avant 1990, on devenait élite politique sur base de ses relations avec le pouvoir et en fonction de ses origines ethniques. On ne tenait compte ni des aptitudes ni des qualités. Il fallait servir la dictature mobutienne pour ne pas être marginalisé. L’élite congolaise a été marginalisée pour n’avoir pas respecté la règle d’or. Pour avoir la chance d’accéder aux postes clés de la vie publique, il fallait être nommé. Et pour être nommé, il fallait accepter de servir cette dictature. Malheureusement toutes ces nominations pour les chantres du Mobutisme étaient motivées par des critères ethniques, régionaux, claniques et surtout amicaux. Ces nominations fantaisistes ont fait accéder des étrangers et des personnes à nationalité douteuse dans des postes d’avant- garde. Nous avons vu Barthélemy Bisengimana Ruema et beaucoup d’autres occuper des postes importants dans notre pays. Je ne vous apprends rien, car on a vu un étranger de père polonais naturalisé belge et de mère rwandaise imposer une soi-disant rigueur aux Congolais pour simplement les affamer davantage.
Parlant de ces critères, j’aimerais souligner l’importance du patriotisme sous la deuxième république. Ndjoku Eyobaba, un ancien enseignant de Mobutu dans une école primaire de Mbandaka, a pour son sens de patriotisme élevé occupé le poste Gouverneur de la ville de Kinshasa pendant près de dix puis celui de l’Équateur. Cet homme avait la manie de ramper sur la pelouse du Stade du 20 mai à l’époque de l’animation politique et lors de nombreux meetings du Guide. Ce monsieur était plus flatteur qu’un renard. Beaucoup d’entre vous le savent, lors des obsèques de Maman Antoinette Mobutu, Ndjoku pleurait à chaudes larmes. Il lançait des cris pour indiquer qu’il voulait être inhumé avec elle. Toutes ces flatteries avaient pour seul objectif de démonter le niveau de son patriotisme et chercher comment plaire à Mobutu. Gêné devant une multitude de visiteurs, Mobutu avait demandé qu’on l’enterre effectivement avec Maman Marie-Antoinette Mobutu. Cela avait suffit pour calmer définitivement notre pleureur national.
Restons dans le contexte des critères amicaux pour parler de la nomination de Mr. Max Munga Mibindo dont le père était l’ami d’enfance de Mobutu. Avant de rendre son dernier soupir, il confia son fils entre les mains de Mobutu. C’est ainsi qu’il sera nommé tour à tour conseiller du Président de la république en 1970, PDG de la SNCZ qu’il avait mis en faillite, PDG de l’Office des transports en commun du Zaïre (OTCZ) en 1972, PDG de la SNEL en 1980. Toutes ces sociétés avaient subi le même sort que la SCNCZ suite à sa megestion.
Arrive le tour de Tshimbombo Mukuna, lui qui prétendait avoir giflé l’écrivain et avocat belge Jules Chomé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles en 1974. Mr. Jules présentait dans cette conférence un pamphlet qu’il venait de publier contre le Guide éclairé, clairvoyant, le timonier, le sacré et le sauveur du Congo. Pour avoir revendiqué ce geste, il a été nommé chargé de Mission au Bureau du Président, responsable de la MOPAP, Ministre puis Gouverneur de la ville de Kinshasa. Les exemples sont légion et je vais devoir m’arrêter ici. Ma seule préoccupation était de présenter aux jeunes comment notre pays, ce grand éléphant de l’Afrique centrale, a été mis à genou. Le comble est que même aujourd’hui, nos dirigeants ne sont pas arrivés à tirer les leçons du passé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces nominations fantaisistes continuent à exister, mais sous une autre forme. Dans l’opposition tout comme dans le rang de la majorité au pouvoir, on présente des candidats sur base de la géopolitique, des critères régionaux, amicaux, claniques et tribalo ethniques au détriment de ceux qui ont des véritables aptitudes et compétences.
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana