Les orchestres de la ville de Matadi
La ville portuaire de Matadi, peut se targuer d’avoir donné naissance à quelques grosses pointures de la musique congolaise moderne dont Grand Kallé. Le chef-lieu de la province du Kongo Central a été pendant des années musicalement marqué par deux orchestres : Grand Micky et Comet Mambo. Les patrons de ces deux groupes étaient aussi les artistes qui se sont le plus distingués dans la corporation musicale de la ville. Le soliste Depoutrou, le docteur Nico local, se disputaient sportivement le leadership au chanteur vedette Jogo. Ils ont tous les deux imprimé leurs marques sur l’échiquier musical de Matadi. Notons que beaucoup d’artistes entre autres Mavatiku et Djo Chantal) ont navigué avec les deux bateaux.
Comet Mambo
D’aucuns disent que ce groupe est le plus ancien de Matadi. Maître Jogo, le chanteur-vedette, a laissé le souvenir d’un grand formateur de la jeunesse musicale matadienne. Bien des artistes sont passés par ses mains. De Michelino Mavatiku à Muazik devenu Mimi Ley en passant par Shimita, Solo Sita, Chekedan ou Makolin.
Plusieurs œuvres phonographiques ont été mises sur le marché notamment Comet eyebana,Tina ya zuwa, Ami, Mbiti Marie, Zoi Sala tala likambo, Kifwesekele, Yau na yau, Koba yandi (Jogo) ; Ndima mwana ya moto , Monthana, (Tex), Tété (Mario Ndozi Menga), Bolingo nde mopaya (Deyesse), Faute ya mama leki (Suki Mayansa), Vindu (Shimita). Bibon (Dassy Mbelani). Il y avait aussi les guitaristes Makoba Cyriol et les solistes Vangu Michaux et Tino. Dans ces années 70 où chacun devrait prouver son militantisme, Comet Mambo bien qu’étant un orchestre de province n’a pas échappé à ce devoir citoyen. Maître Jogo a alors écrit pour ce faire les chansons JMPR provinciale et Kongo-Central oyé. Comet Mambo a su s’adapter à l’évolution de la musique congolaise. Il pouvait facilement passer du soukous au boléro , du lingala au kikongo ya l’État.
Une anecdote : Lorsque dans les années 60, deux Michel se retrouvent dans l’orchestre, une astuce est trouvé pour les différencier. Le soliste Michel Vangu deviendra Michaux tandis que le guitariste rythmique Mavatiku s’appellera Michelino.
Grand Micky
Ce groupe qui est né dans les années 60 a vu le passage en son sein du guitariste Michelino Mavatiku. Mais le maître d’œuvre fut sans conteste le soliste Depoutrou. Fils spirituel de Docteur Nico, il a travaillé dans la droite ligne du maître qui lui a aussi appris la guitare hawaïenne.
Si on se réfère à certaines indications marquées sur certains de leurs singles, on remarquera que ce groupe avait réussi à créer ses propres rythmes comme ″rumba mambeta″ avec la chanson Kolinga ekeseni de Teddy ou ″denghe molunge″ avec Mama leki Catho toujours du même Teddy. Bien d’autres titres ont fait danser les Matadiens notamment Mbote ya lokalo, Bisengo ya la vie, Ndenge nini wana ko et MPR muinda de Serge Batangisa, Prozaïre de Danius ou Hawaï tattoo de Depoutrou.
Rasta Musica
Un groupe des jeunes, qui selon un commentaire découvert sur YouTube, avait été sacré meilleure formation musicale de Matadi. Elle avait fait parler de lui avec des musiciens comme Ndobra au solo, Buma à la basse, Jolino à la guitare rythmique. A l’attaque chant il y avait Kokode, Matapol, Polis Aye et Polva. La chanson Ya bolingo dont nous n’avons pas pu retrouver le nom du compositeur est la parfaite illustration du travail abattu par ces jeunes.
Orchestre Kinsekwa
http://www.mbokamosika.com/search/orchestre%20kinsekwa/
Depuis plusieurs années, la production phonographique s’est arrêtée. Elle est aujourd’hui quasiment inexistante. Les orchestres qui ont fait la renommée de la ville portuaire ont disparu. Les singles autrefois déversé sur le marché du disque par Comet Mambo et Grand Micky ne sont plus qu’un lointain souvenir. Même si aujourd’hui l’inspiration des artistes matadiens n’a pas tari, ils sont confrontés au désintéressement des sponsors, au manque de producteurs et à la pire crise économique que le pays ait connu. Depuis, les musiciens de Matadi ne sont plus entrés au studio.
Samuel Malonga