La musique pop congolaise
La musique pop congolaise
Dans la configuration artistique du Congo, la musique porte plusieurs casquettes. En effet, les artistes-musiciens congolais ont touché à toutes les sauces et à tous les rythmes, des plus suaves au plus romantiques en passant aux plus exaltants ; du slow au merengue en passant par la rumba, le twist et le boléro. La musique pop n’a pas échappé à l’intérêt que lui a apporté les artistes congolais. Elle a côtoyé et tutoyé la rumba. L’arrivée de cette musique en RDC s’est imposée dans la majorité des groupes musicaux kinois. Bien que considérée comme importée en Occident, elle a fini par être adoptée par une frange de la population.
De la lointaine Amérique, parviennent aux oreilles des Kinois l’écho des chansons d’Otis Redding, de Jimmy Hendrikx et d’Elvis Presley ; de la France arrivent celui de Johnny Halliday (Noir c’est noir), de Claude François (Belle ! Belle ! Belle) ou de Nana Mouskouri la diva grecque exilée dans l’Hexagone (Adieu Angéline, Pour mieux t’aimer), les Beatles n’étant pas en reste. Le succès récolté par le passage à Kinshasa de certaines vedettes de la chanson française a produit un électrochoc dans le propre des mélomanes kinois.
Le rythm and blues ou le rock and roll sont-ils faits pour les intellos contrairement à la rumba qui est une véritable musique des masses populaires dont les rythmes se nourrissent des traditions locales et les thèmes s’abreuvent de la vie de tous les jours? Toutefois, il n’en demeure pas moins qu’à cause de l’attrait du public à cette musique venues d’ailleurs, les orchestres s’y sont vite conformés.
Adoubé par les titres en français chantés par les artistes-musiciens locaux, (L’âge et l’amour, Quand le film est triste) l’engouement du public congolais est total. La langue de Molière prend sa part active dans la chanson congolaise à côté du lingala et des autres patois. La musique pop y change la donne. Elle métamorphose la culture musicale du Congolais et par ricochet modifie la structure des groupes musicaux.
Vers 1966-1967, les orchestres peaufinent un répertoire euro-américain et se dotent d’un chanteur pop de référence. Celui-ci se produit en lever de rideau de l’orchestre type pour planter le décor et électriser les mélomanes. Cet avant-goût qui sert de prélude au concert proprement dit est devenu le propre de tous les orchestres et va s’inscrire dans le temps. Parallèlement, se forment en même temps des groupes musicaux entièrement voués à la musique transatlantique ou européenne. Les vraies répliques kinoises de ce vent sont les Mustang et les Black Devils. Ils se partagent le marché du R&B avec le groupe rock le plus populaire, celui dénommé Yss Boys composé de Claudy Davier Talangai, Pascal Kongo, Hubert Thuinza, Boniface Tshimanga puis plus tard de Ray Lema.
La pop music est beaucoup plus jouée dans les boîtes de nuit de Kalina (l’actuel Gombe). Les night-clubs de référence de cette commune sont Habanera et La Perruche Bleue où se produit l’orchestre Jambo-Jambo de Gérard Kazembe qui joue à la fois la musique congolaise et européenne. Si bien des orchestres de cette tendance musicale ne font que de l’interprétation des variétés étrangères, les Yss Boys eux créent leur propre répertoire avec des chansons comme A funny story de Thienza, Nobody would change my mind de Boni Tshimanga, For ever et Langston Hugues.
Le rock se frotte à la réalité congolaise mais ne reste pas cantonné dans les boîtes huppées du centre ville fréquentées par les Occidentaux. Il sort de son "ghetto" culturel de la Gombe pour être présent dans les bars de la cité. Pendant les concerts, le lingala côtoie désormais l’anglais et le français. La pop music avec ses variantes dont le rock, le jerk et le jazz accompagnent la rumba dans les productions musicales. Les concerts deviennent un métissage des harmonies culturelles à cause de l’interférence des rythmes et des sons du monde qui désormais font partie de son paysage. C’est donc sans complexe que les artistes-musiciens congolais se produisent à côté de James Brown, BB King, Celia Cruz et Johnny Pacheco lors du Festival de musique Zaïre 74 tenu à Kinshasa au stade du 20 Mai en marge du combat Ali-Foreman.
La musique pop a fait pas mal d’émules. Plusieurs chanteurs émergent notamment Massacre Takinga (Les Etoiles Minzoto puis Continental), Bovic alias Mister Fantastic (African Fiesta Sukisa puis Vévé), Champro King (Cobantou), Billy Barrel (Bella-Bella), Djo Mpoyi (Lovy du Zaïre), Mbuta Mashakado Yaya Brown (Zaïko) avec mbuta Matima pour soliste attitré. Certaines chansons ont rencontré un succès avéré dans le marché du disque. Les grands compositeurs sont sans nul doute Bovic (Eh bien mon ami, Loin du désespoir, Chou, Misère, I got the feelin), Billy Barrel Ngoma (Pour qui pour quoi, Du soleil dans le cœur, Milly, Hello-Hello, Jane B) et Champro King (Merci roi Champro).
Samuel Malonga
LES ORCHESTRES LUSHOIS DE LA MUSIQUE POP
The Wai Wai de Lubumbashi
Pour être complet, voici les trois orchestres Lushois de la musique Pop : THE BLACK DAVILS BAND, de Lubumbashi, LES KUDUS de la Ruashi, et THE WAI WAI de Lubumbashi.
Référence : http://www.mbokamosika.com/article-les-photos-de-trois-orchestres-de-lubumbashi-62694961.html
A la demande de Samuel Malonga, voici des extraits de l'album EXODE RURAL des Djinn's Music de Wedji Ped dit Pédro, album auquel j'ai fait allusion dans mon commentaire de l'article qui parle de la musique pop au Congo.
Blondé