PRÉSIDENT YAKUBU GOWON, PAR KALLÉ ET L’AFRICAN-JAZZ.
PRÉSIDENT YAKUBU GOWON, PAR KALLÉ ET L’AFRICAN-JAZZ.

Le général Yakubu Gowon
En parcourant le site de Planet Ilunga, nous y avons découvert une chanson intitulée « PRÉSDIENT YAKUBU GOWON », que le grand Kallé avait dédiée en 1966 au jeune officier général nigérian, qui venait de s’emparer du pouvoir.
Cette œuvre est certes de la propagande et nous semble avoir été pressée en nombre très limité. Mais 52 ans après, elle revêt désormais un caractère historique, et devrait basculer dans le domaine public. Raison pour laquelle nous la diffusons comme pièce de la mémoire africaine.
En l’auditionnant, nous nous rendons compte que dans le cadre du panafricanisme, la chanson congolaise avait profité de son rayonnement international pour célébrer plusieurs les leaders africains : Léon Mba ; Jean Bedel Bokasa ; Omar Bongo ; Massamba Débat ; Youlou ; Marien Ngouabi ; Yombi Opango ; Kaunda na Zambie dans « One Zambia on nation » ; Modibo Keita, Michombero, Nyerere, Mandela, etc, etc .
Revenons au général Yakubu Gowon pour souligner qu’à moins d’une erreur de notre part, c’est lui qui avait inauguré la série des coups d’état militaire au Nigéria. Il avait eu au milieu des années ‘60 la lourde tâche de combattre la rébellion du Biafra, dirigée par le colonel Odjuku. Nous nous souvenons encore que Gowon fait partie des dirigeants africains qui avaient accepté de se retirer du pouvoir, avant d’aller poursuivre ses études en Grande Bretagne.
Messager
Merci cher Messager.
Je ne connaissais pas cette chanson qui, tu l'as rappelé, fait aujourd'hui partie de l'histoire de notre continent. En fait, Yakubu Gowon n'a pas initié la série des coups d'état militaires au Nigeria. Le véritable auteur du premier coup d'état dans ce pays était le général Ironsi qui renverse en janvier 1966 le premier ministre Abubakar Tafawa Balewa. Ce dernier trouve la mort au cours du putsch. Sept mois plus tard, en juillet de la même année donc, Yakubu Gowon procède à une révolution de palais et évince Ironsi, lui aussi assassiné durant cet évènement. L'instabilité allait ainsi s'installer pour longtemps dans ce grand pays d'Afrique de l'Ouest.
Pour ce qui concerne l'initiative du président Ouphouët Boigny, elle s'inscrit dans le cadre de l'injonction de Charles de Gaulle au pré-carré français en Afrique de soutenir la rébellion biafraise, en contradiction avec le principe d'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. La France soutenait la sécession briafraise en vue de s'assurer un approvisionnement pérenne en pétrole. La région du Briafra recouvrait en effet une bonne partie du delta du Niger, véritable éponge en hydrocarbures.
En clair, la France avait choisi presque ouvertement de soutenir une rébellion (le Biafra) contre un État formellement constitué (le Nigeria), dans un conflit feutré avec la Grande Bretagne, puissance coloniale locale. Une première. Et puis, il n'y a pas que la Côte d'Ivoire qui a emboité le pas à la France. Outre le régime raciste d'Afrique du Sud, le Gabon d'Albert Bernard Bongo était également en pointe dans le soutien à Odumegwu Ojukwu, leader de la sécession biafraise. Dans le cadre de ce soutien, la France a organisé un véritable pont aérien pour évacuer des dizaines d'enfants de dignitaires biafrais vers le Gabon.
Beaucoup d'entre eux ont été adoptés par des Gabonais. La polémique sur l'origine de l'actuel chef de l’État gabonais y trouve sa source. La guerre du Biafra a été d'une férocité inouïe: plus d'un million de morts. Et pour beaucoup de Nigérians, cette tragédie reste une plaie toujours béante dans l'histoire de leur pays. Enfin, comme partout en Afrique noire, les anciennes coloniales, s'appuyant sur des potentats locaux, y ont joué un rôle décisif.
Simba Ndaye.