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Publié par C. KIM

 

 

Le colonel Mamady Doumbouyac’est le nom qui a le plus retenti en Afrique en ce Dimanche 5 septembre 2021 au petit matin. Ancien de la Légion étrangère française, ce colonel guinéen a emprunté le couloir très connu en Afrique pour accéder au pouvoir, celui du coup d’Etat. Ce Chef des Forces spéciales de la Guinée-Conakry est parvenu aisément a défénestré Alpha Condé. Ce dernier est un ancien opposant et partisan de l’International Socialiste qui, une fois au pouvoir, va faire du copier-coller de ses dénonciations de jadis. Le Président déchu modifiera même la Constitution de son pays pour faire un troisième mandat, celui de trop. Un bon parleur pendant qu’il était dans l’opposition mais qui part du pouvoir de manière humiliante. Arrêté comme un vulgaire voleur des poulets.

Ce n’est plus le moment de se demander ce qui se passe dans la tête de ces dirigeants africains. Il faut aller directement puiser dans la sagesse africaine d’Amadou Hampaté Ba qui disait : “« le pouvoir est comme l’alcool. Après le premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde comme le lion dans la savane. Au troisième, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries. ».

Le pouvoir change l’homme à l’instar de l’alcool. La situation économique et sociale des Africains constitue l’ingrédient essentiel pour voir se matérialiser ces coups d’Etat. Au pouvoir, on oublie le social du peuple. On crée des unités spéciales de répression qui, au mieux, savent réduire en silence les contestateurs. Au propre comme au figurée. Pour la plupart, étant de nature peureuse, la population souffre en silence. Lorsqu’un Coup d’Etat survient, la population jubile en croyant au discours des Sauveurs-Libérateurs qui finissent dans leur exercice du pouvoir de faire ressortir leur caractère des “Saints”-Maléfiques.

On est resté dans un cercle vicieux dont le début est toujours caractérisé par le même discours Classique aux contours bien connus : Dénoncer les dérives du pouvoir déchu. Prendre le pouvoir pour donner le bonheur au peuple. Mettre fin au chaos qui guette la Nation. Donner la chance à chaque enfant du pays. Remettre de l’ordre.  Rares ont été ces putschistes qui avaient changé le destin de leurs compatriotes.  Mais nombreux ont été ces putschistes qui ont fait pire que le régime déchu. Les Mobutu, Bokassa, Idi Amin, Hussein Habré… donneront toujours de la matière à réflexion. Il y a ceux qui les ont vus à l’œuvre mais qui ont évité ou refait la même chose. En Afrique, les cas sont légions de Coup d'Etat avec ses dirigeants qui sont (ont été) des "Saints"-Maléfiques ou des Sauveurs-Libérateurs.

 Le Général Guéï, " Balayer la maison" 

Devenu célèbre et craint pour avoir réprimé des manifestations de l'opposition sous la présidence de Felix Houphouët-Boigny, le Général Robert Guéï va s'illustre encore en renversant le président Konan Bédié par un coup d'État en décembre 1999. Comme souvent d'habitude, Ce Sauveur est à la tête du Comité national de salut public de la République de Côte d'Ivoire. Il se donna pour objectif : « Nous sommes venus balayer la maison ».  Il appliqua la méthode forte contre les délinquants. Il sera sur les faisceaux médiatiques lorsqu’il humilie dans un camp militaire les footballeurs de l'équipe nationale ivoirienne pour avoir été éliminés en Coupe d’Afrique des Nations 2000. Il se veut être le champion de la lutte contre la corruption. Face aux divisions de la classe politique ivoirienne, il se donne l'étiquette d'un démocrate. Il organise des élections en 2000 mais il est battu par Laurent Gbagbo. C'est alors que ses réflexes de « Saint »-Maléfique referont surface. Le Général Robert Guéï refuse de reconnaitre les résultats.  Il s'accroche au pouvoir et massacre en prime de centaines de manifestants ivoiriens. Mais la pression populaire finira par le pousser hors du pouvoir.  Plus tard en Septembre 2002, on va le soupçonner d'être à la base de la tentative manquée d'un autre coup d'Etat, celle qui plongea la Côte d'Ivoire dans une crise sanglante.

 Le Capitaine Moussa Dadis Camara, le "Showman" 

Le premier Président de la Guinée-Conakry, Sékou Touré fut un autocrate sanguinaire. Son successeur, très mauvais encore, le Général Lansana Conté fera regretter même aux Guinéens l’ère du père de l’indépendance en foulant au pied ses propres promesses faites lors de la prise du pouvoir par un coup d’Etat en 1984. A la mort de ce dernier en 2009, le tableau de la Guinée n’était pas reluisant. C’est alors qu’apparu, le Capitaine Moussa Dadis Camara Inconnu du grand public mais ayant la sympathie de plusieurs hommes de troupes. Sa prise du pouvoir fut marquée par des mesures spectaculaires. Il s’y mit aussitôt au travail. Parmi ses chantiers : lutte contre la corruption et les narcotrafiquants, revisiter les contrats miniers et autres, donner le bonheur au peuple… Il va se permettre d’annoncer sa volonté de reprendre le contrôle du Port de Conakry entre les mains du Groupe français Getma. C’est alors que commença une campagne contre lui dans les médias. Et comme souvent, ce sont des opposants qui reprennent ces critiques. La Capitaine Dadis devient allergique aux critiques. Il se déchaine avec son discours alambiqué. Il multiplia des rocambolesques sorties médiatiques aux cours desquelles il dénonçait, menaçait tous ceux qui tentent de s’en prendre à son pouvoir, surtout les Néo-colonialistes et autres impérialistes. Il y a même ceux qui disaient pour avoir fait ses études en Allemagne, le Chef de la junte guinéenne rêve d’être le Hitler africain. Il va franchir le Rubicon lorsque le 28 Septembre, les militaires massacrent et violent des militants de l’opposition au stade de Conakry. Le Sauveur Camara était-il responsable ou non ? Mais en se désolidarisant des auteurs de ce massacre de plus de 157 personnes, il s’attire leur colère au péril de sa vie. Un attentat le visant va l’éloigner du pouvoir. Quoique parti comme un “Saint”-Maléfique pour certaines presses occidentales, dans son exil Ouagalais, le Capitaine demeure encore Populaire en Guinée au point d’avoir donné des maux-de-têtes à Alpha Condé en 2015 par le simple fait d’annoncer sa candidature aux futures élections.

Amani Toumani Touré "ATT", l’appétit vient en mangeant

En 1991, Amani Toumani Touré avait renversé le Président Moussa Traore. Ce dernier en renversant le père de l’indépendance malienne Modibo Keita en 1969, il avait promis monde et merveilles aux Maliens. Mais durant son règne, Moussa Traore s’illustra par sa dictature. Ce sont ses massacres contre les civils et autres élèves qui conduisirent à sa déchéance par des militaires dirigés par Amadou Toumani Touré dit ATT. Lorsque ATT quittait le pouvoir après la transition militaire de deux ans, beaucoup de gens n’en revenaient pas. Un militaire qui lâche le pouvoir au profit des civils. Lui-même l’expliquait de la manière suivante : “ Je comprends enfin pourquoi ceux qui prennent le pouvoir ne veulent plus le quitter. Je m’en vais. Je suis un Militaire et j’ai donné ma parole d’honneur”. Et pourtant, loin du pouvoir politique, il cultiva son image comme Médiateur dans plusieurs conflits en Afrique ; bienfaiteur par sa Fondation d’aide aux enfants au Mali. Plus tard, il va troquer son treillis pour un costume civil pour se présenter aux élections de 2002. Il sera élu au deuxième tour. ATT étant l’homme de dialogue et de consensus, il forma une sorte de gouvernement d’Union nationale. Bon travailleur, il briguera et gagnera un second mandant en battant son adversaire au premier tour.  Sa campagne a été basée sur son bilan marqué par de nombreuses réalisations au bénéfice du peuple malien. Malheureusement deux mois avant la fin de son mandat présidentiel, il fut renversé par un putsch militaire conduit par le Colonel Sanogo. Celui-ci reprochait à ATT son attentisme face au mouvement djihadiste qui avançait partant du Nord malien. Voilà, le héros de la démocratie de 1992 qui part vivre en exil au Sénégal.

Jerry Rawlings, le putschiste qui amène la démocratie 

Le jeune capitaine de l’aviation, Jerry Rawlings s’inquiéta de la corruption qui gangrène le pouvoir ghanéen. Ce fait plonge la population dans la misère mais aussi crée de l’indiscipline au sein de l’armée. C’est alors qu’il organisa son premier coup d’Etat qui fut un échec en 1979. Arrêté, jugé et condamné à mort, le pouvoir commettra l’erreur de diffuser son procès public en direct des médias. Quand le juge lui donne la parole pour le plaidoyer, Jerry Rawlings fut un discours marquant. Jerry défend d’abord ses compagnons de fortune en prenant toute responsabilité de leur action.  Puis il dénonce les dérives du pouvoir qui plongent le peuple dans la misère. Une deuxième erreur du pouvoir sera cela de ne pas l’exécuter immédiatement. Quelques mois seulement après sa condamnation, certains jeunes officiers vont aller le libérer et organiser un second coup d’Etat en le plaçant à la tête du pays. Après un “nettoyage” car il y a eu des exécutions des anciens dirigeants, le Capitaine d’aviation Rawlings ne se présenta pas aux élections organisées en 1981. Les civils qui revirent au pouvoir se montrèrent incapables de soulager tant soi peu la misère du peuple. Le capitaine Rawlings reprend le pouvoir peu de temps après en décembre 1981. Malgré lui, il collabore avec les bailleurs des fonds internationaux comme FMI ou Banque Mondiale. Contrainte après contrainte, le peuple commença à retrouver le sourire. Pour y avoir gouté, Jerry Rawlings quitte l’armée pour la politique. Il fera deux mandats constitutionnels. En 2000, quoique son dauphin de candidat John Atta Mills ait été battu par l’opposant John Kufuor, le Ghana connut une alternance pacifique. Le cycle politique apaisée continue jusqu’à présent

 

Sankara, le meilleur dirigeant africain

 Plus de 35 ans après la mort de Thomas Sankara, ses détracteurs cherchent toujours à justifier les motifs ayant conduit à l'éliminer.  Certains disent qu'il parlait trop directement et ouvertement.   D’autres essayent de le justifier par quelques dérives des membres des Comités de Défense de la Révolution “CDR”.   Et d'autres encore d'ajouter qu'il était trop pressé. Peut-on être trop pressé en voulant améliorer les conditions de vie de ses concitoyens ? Seuls les Impérialistes, les néocolonialistes et leurs valets africains qui peuvent tenir un tel Discours. Sankara disait lui-même : « Tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme ». Il a su le matérialiser. Après ses prouesses militaires sur le terrain, il s'active en politique. 

Avec le coup d'Etat du Colonel Saye Zerbo en Septembre 1981, il se retrouve nommer comme Secrétaire d’État à l’information. Il démissionne de son poste en avril 1982, en déclarant en direct à la radio et la télévision : « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! ». Sankara protestait ainsi contre la répression des manifestations populaires par le régime des "Sauveurs-Libérateurs". 

Un autre Coup d'Etat celui Jean-Baptiste Ouédraogo en Novembre 1982, va le propulser au poste de Premier Ministre. Les nouveaux "Sauveurs-Libérateurs" l'avaient associé pour bénéficier de son aura. Lorsqu'il invite en visite le colonel Kadhafi à Ouagadougou, les Impérialistes virent cela d'un mauvais œil. Sous la pression française, il est limogé et arrêté par les dirigeants de la junte. Mais la pression populaire contraint le régime à le placer en résidence surveillée. C'était le moment choisi par ses amis pour faire un autre Coup d'Etat et vont placer Sankara à la tête du pays. Durant les quatre ans de son règne, Sankara a su donner à son peuple le sens de la dignité en comprenant que le destin du pays était entre leurs mains. L'autosuffisance alimentaire dans un pays sahélien car disait-il : "« Ces aides alimentaires installent dans nos esprits des réflexes de mendiant, d’assisté, nous n’en voulons plus ! Il faut produire plus parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés ». C'est avec raison qu'il changea le nom du pays en "Burkina Faso" (Pays des hommes intègres) mais auparavant le pays s'appelait Haute Volta. Sankara, un homme intègre et respectueux des biens de l'Etat. A l'image du proverbe d'Hampaté Ba évoqué ci-haut, au pouvoir, Sankara ne buvait que de l'eau car sa tête était restée entre ses épaules. 

 

C:KIM

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