La pauvreté structurelle de notre musique
A la pauvreté textuelle il faut ajouter la pauvreté structurelle.Notre musique est à la base percussions(musique traditionnelle).
En se débarrassant donc des percussions(maracasses,claves,congas,cloches,râleur) et des instruments à vent,en criant à la place de chanter,en faisant fi de toute ligne mélodique dans la structure du texte et de la mélodie pour le chant,l'orchestre Zaïko,négation de la "musique de Kallé" considérée comme "musique de papa",musique des vieux,venait de créer la troisième école de la musique congolaise et donc sonner le glas de cette dernière.Fini ses 23 ans(1950-1973)de suprématie continentale,les Africains ne s'y reconnaissant.
Libre conscience aux autres d'inventer donc leur musique.Les Ouest-Africains se tourneront vers la salsa avant de découvrir la World-Music,aux Camerounais le makossa.Aujourd'hui la baisse de niveau des instrumentistes comme des chanteurs ne pouvaient augurer des lendemains meilleurs,et l'adoption de la programmation électronique aux enregistrements vient encore enfoncer le clou.Les grands ténors de notre musique n'ont pas de successeurs,les chanteurs sont nuls.Ils chantent faux aux concerts,convaincus qu'ils font "chorale".Dièses et demi-tons tiennent la dragée haute.
Revisionnez toutes vidéos,sereinement,pour vous en rendre compte,tous orchestre ou vedetes confondus,de Za¨ko aux Wengés,de Papa Wemba à Koffi Olomidé.Ecoutez l'album "Koffi Olomidé chante Tabu Ley",écoutez aussitôt les originaux des chansons reprises(pour ceux qui les possèdent encore)et vous verrez apparaître tout le gradiant musical,le gouffre de niveau qui existe entre les artistes des années 50 à 70 et ceux d'aujourd'hui.Un massacre en règle.La honte!Koffi Olomidé eût mieux fait de se faire accompagner par les Bobongo Stars.Au cours des concerts concerts,contrairement aux disques,les orchestres d'aujourd'hui jouent sans programmation.C'est là tout le piège:ils sont alors mis à nu.
J'écrivais sur un site voisin que le jour où l'on alignera sur un même podium,les uns après les autres,un orchestre afro-cubain,un groupe de kompas haïtien et un groupe congolais,alors nous nous rendrons compte que notre musique actuelle n'est que crasse et bruit.Vous pouvez déjà le tester chez vous:écoutez à la suite Roberto Torrès,Tabou Combo et,à votre choix,Viva La Musica,Quartier Latin,Zaïko,Wengé,Extra-Musica.
La musique d'aujourd'hui n'est pas efficiente.Un effectif de 15 musiciens et n'entendre au final que les drumms,une guitare(la guitare-solo ressemble à l'accompagnement,et l'on se demande où est l'accompagnement!),la guitare-basse et un fou-furieux d'atalaku(animateur).Et vous appelez ça musique?Naguère à partir de six,un orchestre était constitué.Souvenez-vous de la chanson de l'OK-Jazz,"ézaléli na biso tozali sé motoba ah éh!...bambanda éh!"(chers rivaux,nous ne sommes que six!).Aujourd'hui ce nombre ne constitue que les chanteurs.
Comment peut-on aligner six chanteurs et dont on ne distingue ni première voix,ni deuxième,ni voix intermédiaire,tous criant sur le même registre vocal.Et vou appelez ça musique!Nous avons perdu la musique,nous avons l'animation.En effet tous ces orchestres de la troisième musique congolaise,l'école Zaïko,sont plus tributaires de NDjoku-Eyo-Baba,bourgmestre-chanteur du groupe d'animation M.P.R. de Kinshasa que de Grand Kallé.Je mets au défi quiconque voudrait en douter d'écouter à la suite une oeuvre de ce groupe et une quelconque de Viva La Musica,Quartier Latin,Zaïko,Wengué et autres.Du pareil au même.Aussi je m'inscris en faux lorsque les ténors de cette musique,Papa Wemba en tête, se réclament de Grand Kallé,alors que leur musique est antinomyque à la sienne.La troisième école doit disparaïtre,autrement ce sera la fin de la musique au(x) Congo(s).A bon entendeur salut!
Muenzé