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Publié par Messager


IL Y A 60 ANS LOMANI TCHIBAMBA PUBLIAIT « NGANDO LE CROCODILE »
Il faudra situer toute œuvre dans son environnement créateur. L'éclosion de la littérature négro-africaine se situe autour des années 1930 à Paris. En effet, des étudiants noirs venus d'Afrique et d'Amériques se sont réunis autour du Guyanais Léon Gontran Damas, du Martiniquais Aimé Césaire et du Sénégalais Léopold Sédar Senghor et ils ont crée la revue « L'étudiant noir ». Ils se sont alors laissé inspirer par « La Négro-Renaissance » aux USA, dont l'un des pères fondateurs, W.E.B. du Bois, en publiant son roman « Âmes Noires » en 1903 affirmait : « Je suis nègre, et je me glorifie de ce nom ; je suis fier du sang noir qui coule dans mes veines. ». Puis à Paris même où, avant eux, d'autres étudiants avaient lancé des revues jugées trop gauchistes comme « Légitime défense » dirigée par Etienne Léro. Cette revue leur servira de leitmotiv au mouvement culturel et littéraire dénommé « La Négritude », mot qui est un néologisme d'Aimé Césaire utilisé pour la première fois dans son recueil de poème publié en 1939 : « Cahier d'un retour au pays natal ». La négritude devint le mouvement littéraire noir le plus prospère et le plus productif de toute l'histoire de la littérature nègre.
Si le mouvement compte plusieurs écrivains noirs, nombreux d'entre eux sont cependant originaires des pays anciennement colonisés par la France. Ils s''illustrent par des œuvres de poésie et de prose de valeur : l'ivoirien Bernard Dadié (Un nègre à Paris), les sénégalais Sembene Ousmane (Les bouts de bois de Dieu, Le docker noir), Cheikh Hamidou Kane (L'aventure ambigüe) et Birago Diop (Les comtes et les nouveaux comtes d'Ahmadou Koumba, Sarzan), Léopold Sédar Senghor (Chants d'ombre), les camerounais Ferdinand Oyono (Une vie de boy, Le Vieux nègre et la médaille), Mongo Beti (Mission Terminé, Ville cruelle), le Congolais de Brazzaville Jean-Malonga (La légende de Mfoumou ma Mazono), le Malgache Jacques Rabemananjara (Antsa !), le guadeloupéen Guy Tirolien (Balles d'or), le nigérien Camara Laye (L'enfant noir), le sud-africain Peter Abrahams (Je ne suis pas un homme libre), le haïtien Jacques Roumain (Gouverneur de la Rosée), Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme), Léon Gontran Damas (Pigments), pour ne citer que ces noms. L'éclosion de cette littérature va s'accentuer avec la fondation et le lancement en décembre 1947 à Paris et à Dakar de la revue puis des Editions Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop, qui publia son premier ouvrage en 1949 : « La philosophie Bantoue » du Père Placide Tempels.
Le Congo-Kinshasa, colonisée par la Belgique, alors que tout l'enseignement se donnait en Français, accusa un vrai retard en littérature. Hormis le texte d'un certain Badibanga, non autrement identifié, « L'éléphant qui marche sur les œufs » (1931), deux congolais cependant firent leur entrée dans ce courant d'avant les « soleils des indépendances » : Antoine-Roger Bolamba qui publia « Esanzo. Chanson pour mon pays » (1955) et participa au premier Congrès des Ecrivains et Artistes Noires à Paris (19-22 septembre 1956) et Lomami Tshibamba « Ngando », publié en 1948, l'année où le texte remporta le premier prix au concours littéraire de la Foire coloniale de Bruxelles.
« Ngando » qui signifie en Lingala, Kikongo et Tshiluba « Crocodile » est un comte qui tourne autour de la croyance en la sorcellerie (Kindoki). C'est l'histoire du petit Musolinga, douze ans, fils de maman Koso et de Musemvola, qui fait l'école buissonnière. L'enfant préféra plus des baignades au fleuve que l'école. Mais, hélas, celui-ci vint un jour par se voir emporté par le Crocodile dans l'île Mbamou. Son père alla directement consulter le féticheur Mobokoli qui promit et réussit à le ramener à la vie, à la seule condition de ne jamais révéler le secret à qui autrui. Le récit s'achève presque sur une notre noire parce qu'à la suite du père qui oublia du consigne, ils vinrent tous à mourir de la manière la plus spectaculaire et magique qui soit. Mais, l'auteur a su y mêler des scènes et des descriptions des villes et villages avec des conceptions populaires comme de ce Ngando, le crocodile, qui est en fait une transformation de la sorcière Ngulube. Mais, l'auteur en profite aussi pour raconter les atrocités de certains agents coloniaux, très célèbre à l'époque au Congo-Kinshasa. L'ouvrage fait autorité et reste une référence pour la littérature congolaise des deux rives et s'inscrivit ainsi dans le droit chemin des autres romans puisés dans l'héritage de la parole et de l'oralité africaine comme le sont les œuvres de Birago Diop (Sarzan, l'Os de Mor Lama, Ngor Niébé), Amos Tutuola (Un ivrogne dans la brousse).
Né à Brazzaville le 17 juillet 1914, Lomami Tchibamba (pour les congolais de Brazzaville) et Tshibamba (pour les congolais de Kinshasa) a connu une carrière professionnelle brillante, après des études gréco-latines, il se lança dans une carrière de journaliste en écrivant pour La Voix du Congolais. Après un réquisitoire en faveur des évolués, il s'exila à Brazzaville de 1949 à 1961, après avoir subit le fouet pendant trois semaines pour le contraindre de dénoncer le Blanc qui l'aurait inspiré à écrire un tel article ; puis, il fut prévenu d'une autre arrestation après que la revue Présence Africaine aie publié dans son numéro 8 une critique contre le régime colonial Belge au Congo, article signé par les initiales P.L.T. (qui fit croire à l'administration qu'il s'agissait bien du même Paul Lomami Tshibamba). C'est là que le Haut commissaire pour l'Afrique Equatoriale Française, monsieur Cornut-Gentille l'engagea comme directeur (1949-1961) de la rédaction de la revue Liaison qui servait de trait d'union entre les intellectuels autochtones de l'Afrique équatoriale française. De retour à Kinshasa, il fut le fondateur du quotidien Le Progrès, qui devint Salongo puis, après des années à l'Institut de Recherches Scientifiques, IRS, il mourut à Kinshasa le 12 août 1985.
Son œuvre continue à faire son bonhomme de chemin. Hélas, combien des congolais de la jeune génération ont pu lire ou se laisser inspirer par « Ngando » ?
Norbert X MBU-MPUTU,
Newport (Pays de Galles, Royaume Uni).


NDRL: Nous remercions vivement l'écrivain Norbert X MBU-MPUTU d'avoir daigné adresser à notre blog son témoignage sur l'oeuvre du doyen des romanciers congolais,Paul Lomami Tshibamba. Notre blog est disposé à publier d'autres articles de notre compatriote Norbert X MBU-MPUTU.
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Le Monde de "Ngando"<br /> Je me permets, à la suite de l'article de Norbert Mbu qui nous situe dans le contexte socio-politique de  l'oeuvre de paul Lomami Tchibamba, d'apporter pour ma part, un peu de lumière sur le Monde de Ngando, ce Kinshasa des l'après seconde guerre mondiale.<br /> La ville qui venait de finir d'implanter ses zones industrielles de Kintambo - la Chanic et la Texaf/Utexco - était en train de développer ses nouvelles cités - Dendale et Ngiri-Ngiri -ainsi que ses nouvelles zones industrielles de Kingabwa, au délà de Ndolo.Aux emplacements des quartiers Moulaert, Bisengo et makelele à bandal, s'étendait une grande savane herbeuse, où les jeunes pouvaient ramasser des fruits sauvages comme les "tondolo, mbuma makako et matonge". Le Camp Léopold était déjà loti et aménagé.le centre commercial de Kintambo et la gare centrale de Ndolo constituaient les deux pôles, entre les quels se développaient la ville, le long du fleuve, pour les blancset le long du chemin de fer pour les indigènes.1948 est aussi l'année du lancement du plan décénal de développement du Congo- belge. Grâce sont devenus propriétaires, grâce à la caution de leurs employeurs Otraco, Chanic, HCB, Utexco ou Ofitra. Le programme d'accession à la propriété a eu un très grand succès. les ouvriers ont eu leurs logements dans les fameux camps des travailleurs, souvent des maisons à 3 ou 4 pièces, alors que les Kalaka clercs aux écritures et dactylos, étaient logés dans des maisons spacieux. cela se remarque encore aujourd'hui dans l'architecture des maisons du camp Babylon  de la société Chanic à Kintambo. Ses maisons à étage en bloc de 5, en type 2 ou individuel dites "fonds d'avance" disposaient d'un vaste terrain de sports. la société Utexco, offrait lui aussi des possibilités d'accession à la propriété. Ses types de maisons étaient à étage et par blocs de 5ou 6 pour les ouvriers, tandis que les pointeurs et Kapita,étaient logés dans des maisons basses avec veranda. les premièrs bénéficaires de ces fonds d'avance, ont rçus leurs les clefs fin 1954/début 1955.Non sans avoir suivi des sessions de cours de ménagères pour les épouses qui devaient apprendre à tenir une maison "àla belge"Il se trouve donc que la ville qu'évoque paul Lomami Tchibamba est celle qui s'est développée de l'autre côté du chemin de fer, pour la cité de Kintambo; et de Lingwala. Entre lingwala et Kinshasa, on traversait une vaste zone jardin botanique et le Zoo de Léo.Paul Lomami Tchibamba indique dans Ngando la présence des hypopotames, voir des éléphants dans les confins de Kintambo, aux environs du chantier navals. Il se trouve que dans les années 48,le développement de la Chanic a éloigné les derniers hypopotames,s'ils n'ont pas été abattus par les "colons" très friands de chasse. Je situera donc l'histoire de Ngando entre 1920 et 1935.Kolonga Molei dans son livre Kinshasa, ce village d'hier parle ainsi de Kintambo qu'on raliait en venant de la KALINA Gombe :"Un embranchement de l'avenue des Palmiers, appelé route de Léo II, menait à Kintambo en passant par l'actuel Restaurant "Chez Nicolas". il s'appelait le peti Pont. Il y avait là un village autochtone".L'école buissonière était le sport favori des petites têtes crépus, qui peinaient à rentrer les rudiments de mathématiques et d'écritures: Nse !..kelasi ebe,  Buku ebe, bana babe,  Nalingi nkula yoko te !.."pour chaque enfant de cette époque aller à l'école était donc un véritable calvaire. Mais alors où allaient-ils ceux qui séchaient l'école? ils allaient trainer au marché en mangeant des beignets -mikate que préparaient les femmes Topoke (togolaise?), dans la savane à la chasse aux oiseaux, écureuils ou petis antilopes nsimbiliki. Mais le lieu de prédilection des "bitchatcha" c'est les leiux de baignades des rivières kalamu, Makelele ou pakadjuma situé en pleine cité où les parents et amis de la famille les retrouvait prenant le bain.le fleuve était donc très redouté, le fleuve Congo où beaucoup des jeunes, emporté par le fort courant du Congo, mourraient par noyade. la pire des morts disait d'ailleurs ma mère, c'est la noyade.Les personnages de Ngando eux aussi Baignent dans une ambiance bateke, la population indigène de kinshasa (on retrouvait cette tribu de part et d'autre du fleuve), le conte Ngando proviendrait donc de la tradition Teke, pecheurs émerite et grands fétichistes. Autres enseignements de Ngando de Lomami Tchibamba, les mariages mixtes ou inter-tribaux. Il nous indique aussi que ce type de mariage était courant. D'où le nom de Musolinga que porte la femme de Munsemvola, qui renvoie aux tribus de l'équateur, alors que lui même Munsemvola, le père est teke.
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Le Monde de "Ngando"Je me permets, à la suite de l'article de Norbert Mbu qui nous situe dans le contexte socio-politique de  l'oeuvre de paul Lomami Tchibamba, d'apporter pour ma part, un peu de lumière sur le Monde de Ngando, ce Kinshasa des l'après seconde guerre mondiale.La ville qui venait de finir d'implanter ses zones industrielles de Kintambo - la Chanic et la Texaf/Utexco - était en train de développer ses nouvelles cités - Dendale et Ngiri-Ngiri -ainsi que ses nouvelles zones industrielles de Kingabwa, au délà de Ndolo.Aux emplacements des quartiers Moulaert, Bisengo et makelele à bandal, s'étendait une grande savane herbeuse, où les jeunes pouvaient ramasser des fruits sauvages comme les "tondolo, mbuma makako et matonge". Le Camp Léopold était déjà loti et aménagé.le centre commercial de Kintambo et la gare centrale de Ndolo constituaient les deux pôles, entre les quels se développaient la ville, le long du fleuve, pour les blancset le long du chemin de fer pour les indigènes.1948 est aussi l'année du lancement du plan décénal de développement du Congo- belge. Grâce à ce plan décénal, les grandes cités urbaines sont sortis de terre et les agents des sociéts installés dans la capitale onta pportés leur caution pour un programme d'accession à la propriété. les ouvriers étaient logés dans les fameux camps des travailleurs, souvent des maisons à 3 ou 4 pièces, alors que les Kalaka clercs aux écritures et dactylos, étaient logés dans des maisons spacieux. cela se remarque encore aujourd'hui dans l'architecture des maisons du cam Babylon  de la société Chanic à Kintambo, avec ses maisons à étage en bloc, en type 2 ou individuel dites "fonds d'avance". le camp Utexco, offre aussi des possibilités d'accession à la et maisons basses avec veranda. les premières bénéficaires de ces fonds d'avance, vont recevoir les clefs de leurs maisons fin 1954/début 1955.Il se trouve donc que la ville qu'évoque paul Lomami Tchibamba est celle qui s'est développée de l'autre côté du chemin de fer, pour la cité de Kintambo; et de Lingwala. Entre lingwala et Kinshasa, on traversait une vaste zone jardin botanique et le Zoo de Léo.Paul Lomami Tchibamba indique dans Ngando la présence des hypopotames, voir des éléphants dans les confins de Kintambo, aux environs du chantier navals. Il se trouve que dans les années 48,le développement de la Chanic a éloigné les derniers hypopotames,s'ils n'ont pas été abattus par les "coilons" très friands de chasse. Je situera donc l'histoire de Ngando entre 1920 et 1935.Kolonga Molei dans son livre Kinshasa, ce village d'hier parle ainsi de Kintambo qu'on raliait en venant de la KALINA Gombe :"Un embranchement de l'avenue des Palmiers, appelé route de Léo II, menait à Kintambo en passant par l'actuel Restaurant "Chez Nicolas". il s'appelait le peti Pont. Il y avait là un village autochtone".L'éecole buissonière était un sport dans leurs petites têtes les rudiments de mathématiques et d'écritures: Nse !..kelasi ebe,  Buku ebe, bana babe,  Nalingi nkula yoko te !.."pour chaque enfant de cette époque aller à l'école était un véritable calvaire. mais alors où allaient-ils ceux qui séchaient l'école? ils allaient trainer au marché en mangeant des beignets -mikate que préparaient les femmes Topoke (togolaise?), dans la savane à la chasse aux oiseaux, écureuils ou petis antilopes nsimbiliki. Sinon c'est dans les eaux des rivières kalamu, Makelele ou pakadjuma situé en pleine cité qu'on les retrouvait prenant le bain.le lieu le plus redouté était cependant, le fleuve Congo où beaucoup des jeunes, emporté par le fort courant du Congo, mourraient par noyade. la pire des morts disait dreailleurs ma mère, c'est la noyade.Baignant dans une ambiance bateke (on retrouvait cette tribu de part et d'autre du fleuve, c'est le conte Ngando proviendrait de la tradition Teke, pecheurs émerite et grands fétichistes. Mais Lomami Tchibamba nous indique aussi que les mariages inter-tribaux existait déjà dans ce kinshasa du début du siècle. D'où le le nom de Musolinga que porte la femme de Munsemvola, qui renvoie aux tribus de l'équateur, sinon du lac mayindombe.Teke.
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