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Publié par Clément Ossindondé

Paul MWANGA s'en est allé ce samedi 16 Juillet 2016 à Kinshasa à l'âge de 84 ans.

Le célèbre chanteur à la voix puissante et haut perchée, conjuguant l'apport des "fox-trot", des crooners, des rumbas et surtout des airs traditionnels de son Banza-Kongo natal s'en est retourné au pays des rêves, à Pemba.

                              

Paul Mwanga, un chanteur authentique

C’est très jeune que ce chanteur d’origine angolaise s’installe à Kinshasa, où à côté des musiciens locaux, il travaille et parfait sa technique vocale, avant de mettre sur pied en 1944,  une petite formation d’une couleur et d’un esprit très novateur : Le groupe « PASTORIA KIN ».

Paul MWANGA se présente comme l’artiste le mieux placé pour réactualiser le « maringa »  traditionnel, le plier aux nouvelles sonorités et en accentuer la popularité auprès des mélomanes. Il bénéficie à cette époque du savoir faire de Paul KAMBA et son Victoria Brazza, crée en Août 1941 à Brazzaville, considéré comme le meilleur groupe des années 40 sur les deux rives du fleuve Congo. Paul KAMBA et Paul MWANGA vont se lier d’amitié au point de jouer régulièrement ensemble, comme Paul KAMBA l’avait profondément  fait auparavant avec son cadet WENDO qui sur le modèle de « Victoria Brazza » a crée en 1943 le « Victoria  Kin ». 

Ainsi s’explique également l’implication manifeste de Paul MWANGA,  dans la production d’une discographie très remarquable aux Editions Opika de l'éditeur Benatar et  Ngoma de l’éditeur grec Nico JERONIMIDIS, dans les années 50. Il est considéré comme l'un des précurseurs de la chanson  populaire urbaine à cette époque.

Le duo mémorable JHIMMY na MWANGA

 

       

C'est avec Jhimmy que  Paul Mwanga obtiendra un succès considérable. En effet, c'est en 1947 que  Zacharie ELENGA dit Jhimmy (né en 1932 à Brazzaville de père  Michel ELENGA congolais de Brazzaville et de mère centrafricaine), excellent clerc, sténo dactylo aux établissements Israël, à Léopoldville, fait la connaissance de celui qui allait jouer un rôle capital dans sa carrière musicale : l’Angolais Paul MWANGA. Ils habitent dans la rue Isoke. (Commune de Kinshasa)

JHIMMY opte pour la guitare rythmique. Et s’extériorise dans l’Odéon Kinois d’Antoine KASONGO. Paul MWANGA, attiré par la chanson, compose depuis 1944, dans le groupe Pastoria Kin, des œuvres dans la tradition congolaise. Les deux consacrent désormais des recherches de subtilité sonores dans le domaine de l’harmonie et du timbre. JHIMMY  modèlera sa sensibilité sur celle de son ami au point d’en arriver à une magnifique entente musicale.

Ainsi s’explique l’apport considérable de Paul MWANGA et Zacharie ELENGA  « JHIMMY » en 1949, dans la création, par les frères belges (d’origine juive) MOUSSA BENATAR, des éditions musicales " KINA"  puis « OPIKA ». L’un des premiers enregistrements de cette firme, qui a rendu Paul MWANGA célèbre, est « Iyaya naboi monoko ya mboka » qui fut longtemps classé dans la catégorie des chefs-d'œuvre.

Le groupe JHIMMY na MWANGA

 En 1950, pour avoir le meilleur engagement et la meilleure place aux éditions OPIKA, Paul MWANGA et JHIMMY unissent leurs talents autour d’un solide duo qui porte ainsi l’appellation « Groupe JHIMMY na MWANGA » lequel a conquis ses galons de grande vedette et est parvenu à imposer sa personnalité.

 JHIMMY constituera particulièrement le plus grand évènement de cette année, car le guitariste « hawaïen » est un virtuose. Musicien élégant, fin et spirituel, il introduit le « fox-trot » dans la danse congolaise qui ne connaissait alors que la rumba, la biguine, le high live et la polka piké.

Les disques de JHIMMY et MWANGA, dont le succès a fait le tour de l’Afrique, ont exercé une influence considérable sur bon nombre de jeunes musiciens de cette époque, on retiendra avec nostalgie les admirables et véritables best sellers de la chanson syncopée, entre autre, « Ondruwe » (maboko likolo), « Henriette », « Putulu », « Viva  Benatar », etc. MWANGA se contenta de leur fournir un solo chant magnifique, la guitare hawaïenne de JHIMMY leur octroya une conception harmonieuse très originale et avancée de l’époque.

L’ère JHIMMY, qui désigne particulièrement les années 1950 à 1953, a été aussi marquée par le renforcement du groupe en 1951 par les talentueux rythmiciens Charles MWAMBA « Dechaud » et  Emmanuel TSHILUMBA  BALOJI « Tino Baroza », (tous deux formés par lui) Albert KABONDO, Albert TAUMANI,  GOBI et  Lucie EYENGA.

En 1953, après une séparation conflictuelle avec Paul MWANGA due à la perception on ne peu frauduleuse par JHIMMY des droits d’auteur réservés à la chanson « Ondruwe » réclamés par MWANGA, son vrai compositeur, le guitariste hawaïen met  fin, en 1954, à sa carrière musicale à Léopoldville. Il regagne Brazzaville où il renoue avec sa profession de sténo dactylo au cabinet de l’avocat français Me PROUCEL.  Aussi, en marge  de ses activités professionnelles, il anime avec Marie Isidore DIABOUA  le groupe « Atomic Jazz » qui va révéler un nouveau  JHIMMY dans un genre  ouvert à la musique du monde.

C’est au début  des années 90, à l’issue de son admission à la retraire que

JHIMMY quitte Brazzaville pour Bangui où il tire peu de temps après sa révérence.  Il n’en reste pas moins qu’il figure au gotha des musiciens les plus remarquables et les plus attachants de l’histoire de la musique congolaise.

Quant à Paul Mwanga, il refait surface aux éditions Ngoma en 1955  avec son nouveau groupe Affeinta Jazz. Un bon groupe qui va perpétuer un certain esprit du rythme kongo bien taillé. Des chansons fraiches, pleines de soleil et de tendresse. Une sorte de relève pour la Polka-Piké. C'est depuis des nombreuses décennies que Paul Mwanga à cesser de chanter. Il passait paisiblement sa retraite dans la commune de Ndjili où il a rendu l'âme le samedi 16 juillet à 01 h du matin à la clinique chinoise de Ndjili.

Clément Ossinondé

Pratique. Ci-après la chanson "Ondruwe" reprise avec l'orchestre Affeinta Jazz

 

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N
Notre Cher Clément Ossinondé,bonjour et merci pour cette annonce du décès de Paul Mwanga! En écoutant sa chanson,je me rappelle de ses autres compositions dont le rythme est marqué dans"Mwanga Dodokolo ou Sonika"! Triste et paix en sa famille! Enfin,vous êtes bien informé pour nous faire part de l'actualité sur la vie de nos artistes dont certains nous n'avions plus de nouvelles depuis des années.
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O
Cher Nyangula. Evidemment la mort de MWANGA Paul est une grande et triste nouvelle, je l'ai rencontré il y a deux ans dans son quartier à Ndjili il me paraissait très au point, pour ce bon humoriste qu'il était. Tout comme il y a un mois à peine, il est passé à l'émission "Bakulutu" de Top Congo, là également il semblait au point. hélas ! sa disparition brusque est vraiment pénible . Paix à son âme
N
Notre Cher Clément Ossinondé,bonjour et merci pour cette annonce du décès de Paul Mwanga! En écoutant sa chanson,je me rappelle de ses autres compositions dont le rythme est marqué dans"Mwanga Dodokolo ou Sonika"! Triste et paix en sa famille! Enfin,vous êtes bien informé pour nous faire part de l'actualité sur la vie de nos artistes dont certains nous n'avions plus de nouvelles depuis des années.
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N
Notre Cher Clément Ossinondé,bonjour,en vous lisant,de vos déplacements à n'djili,jusqu'à rencontrer Mwanga,c'est la preuve que vous êtes un grand Congolais complet et uni à l'image de N'dala Ernest Graille!