MISE AU POINT DE PASSOU SUR LES ALLÉGATIONS DE MADAME SCHRAÛWEN
MISE AU POINT DE PASSOU SUR LES ALLÉGATIONS DE MADAME SCHRAÛWEN
Madame Schraûwen,
Vos coquecigrues m'ont fait hurler de rire.
Votre aversion rabique pour Lumumba ne m'étonne pas ; elle est le sentiment qui habite la majorité des Belges.
L'épaisseur de ma production intellectuelle (trente-six ouvrages : essais, biographies et un roman de haute volée) doit vous clouer le clapet.
Je serais le chouchou des médias occidentaux et les instances de légitimation occidentales me couvriraient des hochets si je passais mon temps à baver sur la race noire et à dauber l'Afrique à l'instar de tous ces bons petits nègres que l'Occident hisse au pinacle pour leur propension à l'autoflagellation qui fait les délices des chantres de l'inachèvement de l'homme noir et contre lesquels je bouts de nausée pour leur abjection. Je n'ai jamais reluqué le satisfecit de l'homme blanc pour me sentir valorisé.
Vous ne connaissez rien du Congo. Le Tshombe que vous portez dans votre cœur, ce pantin de sinistre mémoire que l'Afrique a vomi avec répulsion, est tout ce qu'une race peut produire de plus vil et de plus répugnant comme je l'ai démontré, avec maestria, dans Tshombe : la honte de l'Afrique qui a fait fureur au Congo.
Vous n'aimez pas Tshombe parce qu'il était formidable et vous n'aimez pas les Katangais pour leurs beaux yeux, très loin de là : vous l'aimez pour son obséquiosité de l'Oncle Tom, donc de Nègre de paille, qui profitait à la Belgique, à l'Occident et à votre race; c'est ce qui explique votre prétendu amour du Katanga.
C'est dans cet esprit, justement, que vous avez écrit une minable préface au livre, médiocre, de Rukos Diyal intitulé
Tshombe : sécessionniste ou nationaliste ?
Avez-vous assisté à l'enterrement de Tshombe à Etterbeek, le 5 juillet 1969, pour lui dire adieu ; même si vous n'avez pas assisté à son inhumation, y avez-vous déjà été, une seule fois, pour lui présenter vos salamalecs ?
Il n'y a aucune injure dans mes textes : j'appelle un chat un chat.
Quand vous brandissez le drapeau du soi-disant Etat indépendant du Katanga, toute souriante, et que vous invitez les Katangais à persévérer dans leur lutte pour l'indépendance du Katanga, sans vous gêner le moins du monde, vous vous gaussez des Congolais et vous étalez le type de créature que vous êtes : une fieffée nostalgique du fouet et du casque colonial.
Le Congo n'est pas votre pays, cela se comprendrait si vous déteniez une carte de la nationalité congolaise ; et même ainsi, vous seriez poursuivie pour '' menées subversives ''. Pourquoi ne soutenez-vous pas vos frères Flamands qui bataillent pour l'indépendance de la partie néerlandophone de la Belgique ? Que diriez-vous si un Congolais appelait les Flamands à lutter pour la sécession de la Flandre ? Vous seriez la première à le traiter de maboul ; est-ce que je mens ?
Heureusement, pour vous, les Congolais ne sont pas au courant de la susdite photo et de votre appel aux Katangais : ils vous auraient déversé un tombereau d'immondices.
Vous n'avez corroboré aucune de vos invectives par une argumentation d'airain comme je l'ai fait dans les trois textes que je vous ai envoyés ; vous vous êtes empêtrée dans un lamentable pipeau qui vous rend ridicule. Au fond de vous, je vous sens dévastée.
Lumumba est un Héros Universel, un Héros de grande classe, une icône planétaire : le plus beau boulevard de Téhéran, capitale de l'Iran, s'appelle Boulevard Lumumba; il y a une belle avenue Lumumba à Montpellier (France), à New Delhi (Inde), Lumumba Road au Caire, à Lusaka..., le centre d'Alger et le centre de La Havane s'appellent place Lumumba; on trouve une pierre dédiée à Lumumba à Catane, en Italie; il y a deux monuments de Lumumba en Allemagne : l'un à Leipzig et l'autre, en bronze, à Berlin; un monument de Lumumba trône au centre de Bamako; l'institut universitaire de Belgrade porte le nom de Lumumba... Cela vous fait certainement baver de rage.
Il existe un monticule des grands hommes, de par le monde, qui ont porté Lumumba aux nues à coups de cymbales pour sa fibre messianique et son oblativité ; j'en ai pioché quatre que vous n'arrivez même pas à la semelle. Je commence par Aimé Césaire :
L'Afrique au temps du vertige des
indépendances reconquises. Et d'un
seul coup, tous les problèmes : révoltes,
putsch coups d'Etat, choc des civilisations,
intrigues des politiciens, manœuvres
des grandes puissances. Tut cela se donnant
libre cours dans le champ clos du sous-développement.
De temps en temps, une grande et haute
figure. Au Congo, celle de Patrice Lumumba.
Homme d'imagination. Sans doute le seul
du Congo et le plus grand de l'Afrique.
...
A travers cet homme, homme que sa stature
même semble désigner pour le mythe, c'est toute
l'histoire d'un continent et d'une humanité qui se
joue de manière exemplaire. (Une Saison au Congo, postface).
Puis Jean-Paul Sartre :
Lumumba représentait, vivant, le refus,
rigoureux de la solution néocoloniale.
Sa mort, est un cri ; en lui, tout un continent
meurt pour ressusciter. (La Pensée politique de Patrice Lumumba, pages 54-55).
Pour Fanon :
Lumumba devait disparaître.
Pourquoi ?
Parce que les ennemis de l'Afrique ne s'y étaient pas
trompés. Ils s'étaient parfaitement rendu compte
que Lumumba était vendu, vendu à l'Afrique s'entend ;
qu'il n'était plus à acheter. (Pour la Révolution Africaine, page 214).
Et, enfin, Che Guevara :
Patrice Lumumba est un symbole..., c'est le symbole
qui nous unit à tous les peuples irrédentistes du monde,
mais c'est plus qu'un enseignement (Ecrits et discours, page 198).
Votre aversion pour Lumumba ne m'étonne pas; elle est le sentiment qui anime la majorité des Belges.
Je me suis senti insulté dans mon amour propre pour l'Afrique quand le Congo, alors Zaïre, avait décrété un deuil national, d'un mois, pour saluer la mémoire du Roi Baudouin lors de son décès le 31 juillet 1993.
C 'est par complexe que le Congo avait pris cette mesure insultante pour l'Afrique. Individu à la comprenette coincée, rancuneux, revanchard, arrogant mais sans envergure : Baudouin Ier ne méritait pas un tel hommage de la part du Congo dont il était un ennemi déclaré. Son esprit étriqué s'est manifesté, d'abord, dans le comportement loufoque qu'il adopta après le magnifique discours de Lumumba du 30 juin 1960, puis dans la correspondance cordiale qu'il entretenait avec le sinistre Tshombe qu'il appelait, sans vergogne, '' Mon cher Président '' et, enfin, par le fait qu'il l'avait même invité, sans même s'en offusquer, au plus fort de la sécession katangaise de triste mémoire, à son mariage
en décembre 1960 et, comble des combles, qu'il avait même décoré du Grand Cordon de l'Ordre de la Couronne. Qu'a-t-il montré par ces gestes nauséeux ? Il fallait démonter mes assertions pour les ruiner.
Je persiste et signe, en trépignant, en m'appuyant sur des faits irréfragables, qui vous mettent à quia, que j'ai égrenés dans le texte destiné à Brassinne que je vous ai envoyé : le Roi Baudouin était un individu méprisable au suprême degré. Ignoble. Repoussant.
Entre Jésus et Lumumba, j'ai choisi Lumumba, mon frère noir.
Ce n'est pas Jésus qui a libéré le Congo du colonialisme, c'est Lumumba qui l'a payé de sa vie jusqu'à manquer une sépulture par la volonté de cet Occident chrétien au masque cruel, donc de l'homme blanc.
Je suis Noir, je refuse d'adorer un Jésus Blanc qui n'est ni mon Seigneur ni mon Sauveur car, en naissant, je n'ai hérité le péché de personne. Je ne suis donc pas à rédimer. C'est le raisonnement d'un homme doué de raison.
Passou
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