Qui était à côté de Bavon? Réponse de Ya Moti
Chers Amis et compatriotes du blog,
A la suite de l’entretien avec le vieux Bolhen et l’égard des questions posées par certains d’entre nous, je tiens à dire que le vieux ne m’avait jamais confirmé ce différend avec son cher voisin d’Eyala, et je n’osai pas lui poser la question sur ce point. Comme vous le saviez tous ; la vérité sort de la bouche des enfants, cette révélation de Mama Bolhen, m’a été confirmé par un de ses fils qui en était traumatisé.
Revenons sur l’entretien : BMM avait ses confidents au sein de l’orchestre ; Gaspy et moi. Après cet aparté avec son aîné, j’en ai parlé à Gaspy, ce dernier décida de retenter la démarche que Franco n’a pas appréciée, en lui disant « okozala responsable soki likambo ». Selon les confidences de Gaspy, BMM aurait surpris Youlou avec Marie-Josée avec la R16, il avait juré de la récupérer auprès de son aîné pour lui montrer qu’il en avait plein droit « nakokata yé ngala, azali kodonda na motuka ya kodéfa, nakozua yango » J’ai aussitôt compris son insistance pour acquérir la R16.
Franco ne voulait pas que son cadet fasse la musique comme lui, il voulait le décourager, BMM a fui Kinshasa pour le Bas-Congo, il en était revenu suite aux menaces proférées de leur maman à l’égard de Franco « S’il lui arrive un problème au Bas-Congo, je te tiendrai comme responsable ». Pour apaiser la situation, il a prié BMM de regagner Kinshasa, son autre frère Dereck est resté sous les ordres de Franco. Une fois à Kin, il lui a fallu montrer à leur mère, qu’il n’y avait plus de différend, il me l’a confié avec un soutien logistique conséquent. Dans la musique, il faut savoir que tout musicien a le droit de pratiquer son culte ou de se vouer à Satan sans que ses compères soient au courant, je ne peux pas affirmer que BMM avait un talisman ou fétiche… Du moins, nous formions une famille, il y avait des affinités tel avec tel autre ; BMM me considérait comme son vieux et faisait part de certains de ses problèmes ainsi qu’à Gaspy qui lui était très proche sur ses conquêtes.
Mais vieux, comment expliquez-vous les chansons mélancoliques de BMM, parlant de sa mort prochaine liée à la sorcellerie familiale ? Nous savons tous que nos familles renferment certaines réalités qui restent sécrètes, mais tout reste possible, pour les chansons, certaines étaient parfois finalisées au cours de répétitions, d’autres composées avec de strophes très dures à l’endroit d’une tierce personne ; prenons exemple « YO JEAN-K » il voulait que nous la chantions en entier pour humilier le concerné, mais nous avons joué à la modération pour éviter les retombées néfastes de notre entourage. Il y avait des dissensions au sein de leur famille, il était jeune beau, jeune et élégant, il attirait les femmes de toute sorte, sans exagération, il remplissait à lui seul la moitié de nos spectateurs lors de nos concerts. Il arrivait parfois à la répétition avec une chanson bien ficelée ainsi que les accords que chacun devait jouer, chacun pouvait améliorer à sa façon. Parfois, je lui posai la question « Qui chantons-nous ? Ne penses-tu pas changer le texte de la chanson ? », il me répondait, vieux parfois il faut mokili eyéba nani wana tel ou telle, ndenge toyémbi. Il était tellement convaincant en ajoutant une note d’humour pour faire passer son message. Pourquoi la disparition de l’orchestre après la mort de BMM ? Après le deuil, nous avons décidé de continuer en le remplaçant par Dercy mais BMM reste BMM. Nous avons connu une campagne de dénigrement de nos pairs musiciens, l’occasion était bonne pour nous nuire, nos soutiens nous laissèrent tomber, nous faisions le plein jadis à chaque concert, nous nous sommes retrouvés qu’avec nos proches, certaines personnes prenaient l’orchestre pour source de la mort de BMM, de clubs BMM se dissociaient de l’orchestre, mes musiciens étaient courtisés par certains ténors de la place, une mauvaise publicité à notre égard suivie d’une concurrence déloyale s’installait, certains contrats furent supprimés avec certains dancings kinois en particulier Kimpwanza, chasse aux hommes était lancée ; Gaspy et moi furent les cibles principaux.
Le juif qui devait nous offrir l’équipement musical, a changé d’avis, le peu qui m’était resté, reste, ne répondait plus correctement, malgré mes efforts, certains musiciens se désolidèrent du groupe en créant Négro National subventionné par un grand mécène de la place. D’autres ont commencé à revendiquer la paternité de telle ou telle chanson ; le monde musical nous tournait le dos (Gaspy et moi), tout était triste pour nous … tu vois par exemple, ZOZO a réédité les chansons de l’orchestre sans me consulter, il y a détournement de droits, que faire… J’ai perdu tellement d’énergie pour se maintenir, je dois sauver les miens aujourd’hui et vivre à mes dépens, éviter des affrontements inutiles.
Lucien le neveu de vieux Bolhen qui vit en France lors de son séjour au pays, le vieux lui remit une procuration ainsi que tous les documents nécessaires pour lui effectuer les démarches de ses droits auprès de SABAM et SACEM. Ses démarches ont abouti selon Lucien, le vieux a pu récupérer ses droits (une bonne somme) qui lui revenaient de plein droit.
Le vieux nous a quitté après une longue maladie et entouré de sa famille sans assistance de ses pairs comme d’habitude.
BMM a connu ce drame avec Marie-Josée courtisée par Youlou et non avec Lucie courtisée par Jean-K. les gens confondent Marie-Josée et Lucie, celle qui a été amputé de deux jambes, c’est bien Marie-Josée, elle habitait Kitambo avec qui BMM a eu un enfant. Elle avait voyagé avec OK JAZZ tout étant toujours copine de BMM. Comme nous pouvons nous en rendre compte, BMM était attaqué sur ces deux tableaux par les protégés de son aîné, à chacun d’analyser cette situation et de comprendre le rôle qu’il devait jouer par calmer l’atmosphère qui aurait épargné son cadet. Mais le destin reste insondable, celui de BMM l’idole de toute une génération BANA 15 ANS, était au rendez-vous cette nuit-là du 05 août 1970.
YA MOTI