LES BRAZZAVILLOIS DE L’OK-JAZZ (3) : MICHEL BOYIBANDA
LES BRAZZAVILLOIS DE L’OK-JAZZ (3) : MICHEL BOYIBANDA
Michel Boyibanda n’est pas un des pionniers de l’Ok-Jazz, ni un muana Loningisa comme De la Lune, Edo, Essous, Pandi, Célestin Kouka…. Il a intégré l’OK-Jazz le 13 avril 1964 grâce à Franco et Vicky , alors qu’il venait d’être éconduit par Rochereau, après les avoir fait venir avec Pamelo Mounka pour l'African-Fiesta.
Ancien de Négro-Band, Boyibanda n’a pas tardé à prendre sa revanche en signant son premier tube : Masuwa enani ou Monano ya reste. Une œuvre inspirée de sa langue maternelle. A l’instar des ressortissants du Pool ou d’origine Kongo, Boyibanda qui est du nord, a marqué son entrée dans l’OK-Jazz par un air du terroir. Prouvant par là que l’identité culturelle en Afrique n’est pas l’exclusivité d’une région.
L’histoire nous apprend qu’aussitôt après son enrôlement dans l’OK-Jazz, Boyibanda ainsi que d’autres artistes musiciens congolais furent victimes de la mesure d’expulsion du 22 mai 1964 ayant frappé tous les Congolais de Brazzaville.
Deux ans après, il va effectuer son retour dans l’OK-Jazz où son apport au chant sera prépondérant. Sa belle voix dont le timbre approche celui de Mujos se retrouve dans pas mal de chansons de l’OK-Jazz des années 64 à 70. Qui n’a pas apprécié son duo avec Vicky dans l’interprétation de « Quand le film est triste » ? Par ailleurs, il a réalisé un grand nombre des tubes repriss dans un album intitulé : « Le retro de Boyibanda ». Nous auditionnerons à cet égard une de ses merveilles : Samba tokosamba.
Sur scène, Michel Boyibanda a toujours été aussi à l’aise que sur le terrain de football.( Il a joué dans Patronage à Brazzaville et a entraîné une équipe de football à Kinshasa). Dans l’OK-Jazz, Michaux était l’incarnation de la gaieté au chant. Son comportement bon enfant le fait passer parfois pour un amuseur.
Nous avons sélectionné quelques chansons d’anthologie de Michel Boyibanda dans l’OK-Jazz. Signalons enfin que ce dernier
est encore en vie et bien partant.
Messager
Michel BOYBANDA et Max MASSENGO
Les retrouvailles sont au beau fixe
( 07 JUIN 2010)
Fruit des efforts de l’éditeur émérite ANYTHA NGAPY, le rassembleur
Le contact avec la Rumba populaire « Odemba » est désormais rétabli. L’éditeur ANYTHA NGAPY n’a ménagé aucun effort pour obtenir à ses adeptes en la matière, Michel BOYIBANDA et Max MASSENGO la composition des arrangements pour l’album de retrouvailles en grand orchestre : « Vanité des Vanités ».
Le résultat est célébrissime et magnifique. ANYTHA NGAPY a réussi ici, sa grande expérience modèle : Rassembler les frères séparés du monumental NEGRO BAND. Un exploit mémorable dans une famille longtemps en explosion, s’est rétablie comme par miracle, pour aboutir à un résultat sublime d’équilibre et d’intelligence autour du grand concert de retrouvailles du 07 Juin 2010 à l’Espace « La Détente » à Bacongo, 2ème arrondissement de Brazzaville, et du nouvel album «Vanité des Vanités » remarquable.
Un chef d’œuvre au même titre que les œuvres d’amour, de compassion, de déception que BOYIBANDA et le regretté FOUSSIKOU « Nezi » chantaient à la belle époque, où l’inspiration folle et inépuisable nourrissait alors la rumba « Odemba ». Admirable.
Notons, pour la petite histoire, c’est le 18 Novembre 1958 au bar « Domingo », commune de Kinshasa, Léopoldville, qu’est né l’orchestre NEGRO BAND.
Les cofondateurs en majorité natifs de Brazzaville placent en tête le kinois Jean MOKUNA « Baguin », guitariste soliste qu’entouraient Franklin BOUKAKA et Michel BOYIBANDA chanteurs, puis : Max MASSENGO clarinettiste, Denis LOUBASSOU « Tintin » percussionniste, Casimir ELOSALA « Elo » bassiste, Jean Marie FOUSSIKOU chanteur, Louis NGUEMA « Lily » guitariste accompagnement.
On compare déjà à tort les premières productions de Negro Band à celles de l’OK Jazz, car « Baguin » très bon soliste insuffle à son groupe un style rationnel pour atteindre les amoureux de la rumba « Odemba ».
1960, l’orchestre s’installe définitivement à Brazzaville, néanmoins il fait la navette entre les deux capitales, s’octroyant la faveur rythmique sonore dont il animait chacun de ses concerts.
1960, Max MASSENGO succède à jean MOKUNA « Baguin » à la tête de l’orchestre qui devra dorénavant affronter la rude concurrence aves Les Bantous et le Cercul Jazz.
1962, le Negro Band à le mérite de graver pour la postérité, un disque avec la célèbre chanteuse Lucie EYENGA, dont les titres « Georgette » et « Adoula » comptent parmi les meilleurs de l’année.
1970 (au cours de la décennie) le Negro Band est à son apogée, précisément lorsqu’il se rend à Paris pour effectuer des enregistrements chez Pathé Marconi. Le séjour parisien de Negro Band a permis la sortie de plusieurs disques qui sont restés au palmarès des meilleurs albums réalisés par les orchestres congolais de l’époque. On se souviendra longtemps des chefs
d’œuvres comme « Maseke », « Marie Hélène », « Gilette ya le 4 Mai », Mado
ndima mokumba » et « Mokono Antoine » (nom du parrain qui a longtemps contribué à la gestion du groupe).
1971, le 27 Mai, éclate un conflit qui pousse les dissidents Rubin TOMBA « Major », Louis NGUEMA « Lily », Démon KASANAUT, TERGIEFF « el diablo ». à créer l’orchestre « Les rebelles » MASANO.
Enfin 1980 (au cours de la décennie) l’orchestre NEGRO BAND « Mbuzila »
cesse d’exister pour renaître des cendres trois décennies après, le 07 Juin 2010 au bar « La Détente » à Brazzaville avec quelques anciens et des nouvelles recrues. Un enchantement à la fois émouvant et intimiste.
Clément OSSINONDE
Michel BOYIBANDA
C'est à MAKOUANGOU dans la préfecture de la SANGHA (république du Congo) qu'est né le 22 Février 1940 Michel BOYIBANDA. Après une enfance heureuse dans ce beau village noyé sous les cacaoyers, le jeune BOYIBANDA monte à OUESSO où il fait ses études primaires.
Son Certificat d'études primaires élémentaires (CEPE) en poche, il aborde à Brazzaville et Dolisie , des études agricoles. (école normale secondaire) Il y renonce , vite pour se lancer corps et âme, dans la grande aventure musicale.
Le 7 Avril 1958, il partage, avec quelques amis, l'engouement de la vie kinoise. Il se lie à Jean MOKUNA "Baguin" et Franklin BOUKAKA pour donner naissance le 18 Novembre 1958 au bar-dancing "Domingo" à Kinshasa , à l'Orchestre NEGRO BAND. Au bout de deux ans d'existence (1960), l'ensemble s'installe à Brazzaville. Les adeptes de la fameuse Rumba "Odemba" découvrent un ensemble d'avenir. D'où la tentation de le comparer, à tort à l'OK Jazz, dès ses premières productions.
Août 1963, à la suite du vide laissé par le départ du chanteur BUKASA "Jojo" de l'orchestre Bantou, c'est à BOYIBANDA que revient le mérite de le remplacer. Il s'appuie vite sur un orchestre puissant et en devient un excellent ténor.
Il déploie avec Joseph MULAMBA "Mujos" qui l'a rejoint en 1964, une sensibilité mélodique pleine de charme et de poésie. Grisé par le succès, Michel BOYIBANDA attérit le 18 Avril 1964 dans l'OK Jazz.
En 1968, Michel BOYIBANDA fait partie des musiciens de l'OK Jazz qui se rebellent pour aller former, sous la houlette de Denis LONONO (impressario), l'Orchestre "REVOLUTION" qui ne durera que l'espace d'une année.
En Juillet 1969, Michel BOYIBANDA réintègre sans trop de difficultés l'OK Jazz. C'est en Novembre 1978, que Michel BOYIBANDA tourne le dos à cet ensemble pour former l'orchestre brazzavillois "RUMBAYA" des Trois Frères 'YOULOU MABIALA, LOKO MASSENGO et Michel BOYIBANDA). Hélas! il ne durera que le temps d'une rose.
Depuis, Michel BOYIBANDA a décidé de faire cavalier seul, avant de créer au début des années 80, son propre orchestre "EBOUKA System" grâce à une série d'instruments de musique que lui offre un mécène. L'expérience s'est soldé malheureusement par un un échec.
Après plusieurs décennies de carrière solo, Le saxophoniste Max MASSENGO et Michel BOYIBANDA sont revenus au bons sentiments pour exhumer depuis le 7 Juin 2010, l'orchestre de leur premiers amours; NEGRO BAND, sous les auspices du producteur musical ANYTHA NGAPY, avec à la clef, l'album "Vanités des Vanités". Notons que l'orchestre NEGRO BAND, nouvelle formule de Max MASSENGO et Michel BOYIBANDA se porte bien.
Clément OSSINONDE
TROIS OEUVRES D'ANTHOLOGIE DE BOYIBANDA DANS L'OK-JAZZ
1.Masuwa enani, par M. Boyibanda et l'OK-Jazz (1964)
2.OK-Jazz elombe nganga te, par Boyibanda et l'OK-Jazz (1966)
3.Samba Tokosamba, par Boyibanda et l'OK-Jazz ('66-'68)