L’interview de Bruno ,en hommage à son jeune frère Denis Bonyeme.
L’interview de Bruno ,en hommage à son jeune frère Denis Bonyeme.
La 23ème commémoration du décès de l’ancien chanteur de Thu Zahina : Denis Bonyeme, initiée par Levy et publiée anticipativement le samedi 5 octobre sur mbokamosika a provoquées des réactions inespérées.
En effet touché par cet hommage, le mbokatier Historien est immédiatement entré en contact avec Bruno Bonyeme, frère de Denis Bonyeme et ancien ténor de Thu Zahina, qui n’a pas hésité à nous communiquer son numéro de téléphone depuis le Canada, où il réside actuellement.
Saisissant cette opportunité, nous l’avons appelé le dimanche 6 octobre 2013 à 14 hr 30, soit 8hr 30 ,heure du Canada. Vu les circonstances et le manque d’un équipement pouvant nous permettre un enregistrement de qualité, nous sous sommes limité à réaliser une interview par téléphone axée sur l’hommage à son frère disparu depuis le 9 octobre 1990 à Kinshasa dont voici le contenu.
L’interview de Bruno Bonyeme à Mbokamosika
Messager :Bonjour Bruno, je vous appelle depuis le Suisse à propos de l’hommage que le le blog mbokamosika est en train de rendre à votre jeune frère Denis Bonyeme à l'occasion de la 23e commémoration de sa mort.
Bruno Bonyeme : Bonjour, j’ai été contacté hier par un beau frère. Je suis très sensible à l’hommage que votre site a rendu à mon jeune frère. Vous savez, par le temps qui court, tout le monde prétend tout connaître. J’ai vécu l’histoire de notre musique en tant qu’élève, étudiant, et administrateur élu de la SONECA. Je suis sociologue de formation.
Messager :Pouvez-vous nous décrire comment et qui avait recruté Denis Bonyeme dans Thu-Zahina au moment où vous y évoluez étant donné qu’à cette époque les grands frères ne souhaitaient pas que leurs jeunes frères deviennent musiciens ?
Bruno : C’est moi qui l’avait recruté dans Thu Zahina en tant que fondateur. Etant mongo d’origine, « Thu » signifie noir. Il avait été recruté en compagnie d’autres jeunes de Kalina (Gombe) comme Rathos , Ileo, Kabeya qui vivait sur Av Lubefu No 34. Notre père travaillait au ministère de la Justice et habitait Kalina.
Messager :Qui a été à la base de la création de l’orchestre Thu Zahina ?
Bruno :L’idée est venue de Kabeya (un juriste) qui étudiait en Belgique et qui évoluait dans Yéyé National. Durant les vacances, et par manque de distractions, il nous a réunis pour imaginer une solution. Robot Ntumba a apporté une guitare sèche et nous avons convenu de créer un orchestre. Le deuxième jour nous nous sommes réunis de nouveau pour trouver un nom. Nous avons supputé sur plusieurs appellations dont Black Star. Kabeya en tant que juriste a insisté que nous trouvions un nom purement africain. C’est ainsi que nous avons trouvé le nom « Zahina » suggéré par Maurice et qui signifie en langue Bemba du Katanga « ami ». Mais Kabeya a tenu que nous trouvions mieux. C’est alors que j’ai ajouté Thu qui signifie noir en mongo, ma langue d’origine. C’est ainsi nous avons adopté le nom « Thu-Zahina » ou les copains noirs.
Messager :Pourquoi avez-vous fait appel à Denis ?
Bruno :J’avais intéressé Denis car je savais qu’il chantait et composait bien depuis la Colonie scolaire à Boma où nous avions appris la musique. Chaque élève devait joueur au moins un instrument. Nous avions fait partie de la Fanfare de la Colonie Scolaire.
Denis avait accepté et avait pris part à la première répétition .Il peut être considéré comme co-fondateur. comme j’étais chanteur, nous avons formé un duo. Nous avons été les premiers chanteurs de l’orchestre, avec notre neveu Désiré Bokanga, qui vit actuellement à Bruxelles.
Par après, j'avais recruté Kelly, qui habitait dans les environs de l’hôpital Mama Yemo. Viendront ensuite Tshomba Sawa et Ndebo Bonat. Jacques Pela Simba, le grand guitariste vivant à Paris. Ray Lema, qui habitait le quartier avait aussi contribué à former tous ces jeunes musiciens.
En fait, nous avions voulu que l’orchestre ne soit composé que par des jeunes habitant Kalina, afin d’éviter des problèmes sociaux.
Messager :Qui sont les fondateurs de Thu-Zahina ?
Bruno :Quatre personnes peuvent être considérées comme fondateurs :
-Ntumba Robot (qui a apporté une guitare)
-Maurice qui a trouvé le nom « Zahina »
-Kabeya, l’initiateur.
-Bruno Bonyeme qui trouvé le nom « Thu »
Georges Iléo, l’enfant du politicien Joseph Ileo a apporté la 2ème guitare.
Soulignons que le « Drum » a été introduit par l’orchestre Thu Zahina. Une nouveauté à l’époque. L’orchestre comptait deux formations : Thu Zahina typique et Thu Zahina Yéyé, avec Pela Simba, Basilwa, Paul Bijimine (qui est à Mbuji-Mayi).
Messager :Qui sont les premiers dirigeants de Thu Zahina ?
Bruno :La première présidente de Thu Zahina est Claudine Pelasimba, sœur de Pelasimba, qui travaillait à la Banque du Congo.
Les autres personnes qui ont dirigé Thu Zahina sont Constant Ngandu (Avocat), et sa sœur Annie Ngandu.
Messager :Pouvez-vous nous parler du premier concert ?
Bruno :Le concert préliminaire avait eu lieu avec des micros des magnétophones. Suite à l’exigence de Kabeya, les répétitions s’étaient intensifiées durant les vacances jusqu’à l’émergence d’un groupe de filles et garçons soutenant l’orchestre d’une manière désintéressée. .
Jusque là, nous ne disposions que des guitares sèches. Grâce à Jean-Marie Mowana, le beau frère de Tabu Ley, nous avions entamé les répétitions à Kingabwa, chez Tabu Ley avec des instruments électriques.
Par après, il eut le premier véritable concert à Kasa-Vubu qui fut le point de départ. Le public avait trouvé notre prestation formidable et c’était parti.
Messager :Quelle formations des jeunes existait-elle avant Thu Zahina ?
Bruno :Avant il y avait les Yss Boys, à Kalina, avec Boni, Tala ngai, Tshunza, etc, etc.
Messager :Quand est né Thu Zahina ?
Bruno :Thu Zahina a vu le jour en 1968. Zaïko est né en 1969 et nous avons cheminé ensemble.
Messager :Qui était Denis Bonyeme ?
Bruno :Denis Bonyeme fut un garçon très intelligent, beau, élégant. Il s’habillait très bien, étant donné que nous étions gâtés par notre père. Il composait très bien. Il était timide à la maison mais avait explosé au sein de Thu Zahina.
Son nom de famille était : Bonyeme Christophe Denis Maubert. On a fini par l’appeler Denis, qui était plus simple.
Messager :Quelle fut sa première composition ?
Bruno :Denise (Mbombo), une de ses copines.
Messager :Quelle est l’origine de votre chanson Ba patron na ba mbongo ?
Bruno :J’étais en 5e secondaire lorsque j’avais composé cette œuvre . Je sortais avec une jolie fille A. M., amie de Pauline, copine à Kelly. Elle volait l’argent de son père et vivait avec un ancien ministre (dont nous taisons le nom) . Elle apportait de l’argent afin de s’approcher de moi et de jouir de ma notoriété. C’est ainsi que j’ai réfléchi et composé Ba patrons na ba mbongo pour illustrer cette situation.
La deuxième chanson qui fut un grand succès est Komela mbondo mpo na muasi te, dédiée à une autre copine, actuellement à Bruxelles.
Lorsque nous jouions des concerts jumelés avec L’Ok-Jazz au Nganda Tshibuabua, en face de Vis-à.vis, l’interprétation de ba patron na ba mbongo suscitait un véritable engouement, une grande effervescence du public et mettait l’OK-Jazz K.O.
Messager :Denis Bonyeme avait-il fondé une famille ?
Bruno :Denis avait eu beaucoup d’enfants. Avec Thérèse Ndelela, son épouse et et amie d’enfance il avait eu 3 enfants dont un garçon vivant en Suisse. Avec sa seconde épouse, il avait eu également 3 enfants. Parmi ces 6 enfants il n’y a eu que 2 filles , le reste ce sont des garçons.
Sur ce, il s’est excusé et m’a demandé de l’appeler après cinq minutes. Je l’ai rappelé à maintes reprises et n’ai pas réussi à l’atteindre de nouveau.Il nous restait encore quelques questions à lui poser et surtout, nous tenions à le remercier pour sa disponibilité.
Interview réalisée par Messager
Ba Patrons Na ba Mbongo, par Bruno Bonyeme et Thu Zahina
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