L’entrepreneuriat des Angolais au Congo.
L’entrepreneuriat des Angolais au Congo.
Selon Ndombasi Kupessa Ngombo, « tout Angolais n’est pas nécessairement un « Muzombo », contrairement au cliché largement repandu en RDC. Franchement, ce cliché péjoratif est lié à l’image du commerçant prospère que les congolais attribuaient aux entrepreneurs d’origine angolaise venus d’enrichir sur leur sol.
Pourtant, la vérité recommande de reconnaître qu’au Congo Belge, les réfugiés Angolais, au départ défavorisés scolairement et administrativement, ont embrassé le commerce de détail, l’exploitation des débits de boisson, la couture, les salons de coiffure,…….pour survivre dans un pays où les autochtones préféraient être salariés au sein de l’administration ou des entreprises.
Ainsi pendant des décennies, les Angolais ont mis la main sur pratiquement toutes les activités libérales. Les grands couturiers, les hommes d’affaires, les détenteurs des débits de boisson, les grands photographes, les propriétaires des grandes alimentations s’appelaient Johnny tailleurs, Landu Lajos, Mingiedi, Pembele Mingiedi (Mimile), Photo Diogo, Photo Nduka, Bila François,Tchiago, etc, etc.
Une des clé du succès des Angolais dans les affaires c’est leur sens d’épargne qui les faisaient passer parfois pour des radins, et leur utilisation des techniques du marketing moderne à une époque où les autres commerçants les ignoraient totalement.
Voici un exemple : vers les années ‘70 il y a avait une table des vendeurs de viande Angolais au marché de Matete. Durant les ventes, quatre jeunes gens animaient sans interruption derrière le vendeur souvent débordé par les clients, attirés par l’animation. Nous avons découvert durant nos études que cette technique de la publicité s’appelait : la Publicité sur le Lieu des Ventes « PLV » dont le but était de booster les ventes.
Lorsque les congolais se sont réveillés vers 1973 , au début de la crise du pétrole pour s’adonner au commerce, c’était trop tard, les Angolais avaient pris de l’avance. Il a fallu attendre leur retour en 1975 pour que les congolais occupent le terrain laissé vacant par les Angolais et les Ouest-Africains.
Ironie du sort ou coup de chance, les ex-réfugiés rentrés en Angola ont trouvé leurs compatriotes dans la situation des congolais, préférant le statut de salariés, dans un pays qui sortait à peine du système socialiste, avec des ravitaillements gratuits des vivres.
Cette situation a beaucoup avantagé les ex-réfugiés (regressado) qui ont profité de cette aubaine pour s’imposer en affaires, suivis par les autres compatriotes dans le domaine du kandong.
Avant de terminer, revenons sur l’une des activités libérales pratiquées avec succès par les Angolais en RDC, à savoir la musique, pour auditionner une œuvre intitulée "Mombassa" dédiée par Nyboma à l’un des leurs, Vata Mombassa, ancien accompagnateur de Lipua-Lipua.
Messager
Mombassa, par Nyboma et Lipua-Lipua
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Cher Messager,
L'introduction de ton article me fait prendre conscience en effet combien sur les deux rives du fleuve Congo la population a le sens du raccourci,de l'humour et surtout du péjoratif. Rappelons-nous les termes "sénégalais" ou "basénégalais" et leur déformation phonétique locale "ndingari","bandingari" ,"Wara","Bawara"(en référence à leur juron "W'Allah!" comprenez"par Allah!") pour désigner l'(es) ouest-africain(s):Sénégalais, Maliens, Guinéens,quand bien même la majorité d'entre eux sont plutôt des Maliens.
Nous avons aussi "Popo",Bapopo" pour désigner les originaires du Bénin,Togo,Ghana,Sierra-Léone,Libéria,y compris les Haoussas qui ne sont pas Popos,ou encore "NZambé ya basénégalais"(la religion des Sénégalais) pour désigner à l'époque l'Islam. Les exemples abondent,pour ne pas les citer tous,au grand bonheur des ethnologues.
MWENZE
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