Et ils créèrent l'OUA
Le rêve de l’unité de l’Afrique eut lieu en 1963 lorsque l’OUA fut créée. La conférence historique débuta le 22 mai et fut clôturée le 25 mai avec la signature solennelle de la Charte qui régissait l’Organisation de l’Unité Africaine. Le choix de la capitale éthiopienne était dû à la grandeur et à la forte personnalité de l’empereur Hailé Sélassié qui à l’époque était l’homme d’Etat le plus respecté d’Afrique. C’est bien lui qui invita tout ce beau monde dans son pays qui est le seul en Afrique à n’avoir jamais été colonisé. Mais parmi les chefs d'État fondateurs, les avis divergeaient sur la nature de cette union entre les radicaux du Groupe de Casablanca, les modérés du Groupe de Monrovia et les profrançais du Groupe de Brazzaville. Les partisans du fédéralisme, menés par le président du Ghana Kwame Nkrumah, s’opposaient aux tenants d’une « Afrique des États » avec à leur tête le président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ces derniers imposèrent leur vision et l’OUA devint un outil de coopération entre les États africains et non d’intégration. Les Etats-Unis d’Afrique avec un gouvernement fédéral tant rêvé par Nkrumah fut enterré. Lui qui pourtant dès 1961 avait prévenu : « Divisés nous sommes faibles. Unie, l’Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus
Veille de la conférence, le Président Kasa-Vubu arrive à Addis-Abeba où il est accueilli par l’Empereur
Hailé Sélassié Ier.
grandes forces de ce monde. Je suis profondément et sincèrement persuadé qu’avec notre sagesse ancestrale et notre dignité, notre respect inné pour la vie humaine, l’intense humanité qui est notre héritage, la race Africaine, unie sous un gouvernement fédéral, émergera non pas comme un énième bloc prompt à étaler sa richesse et sa force, mais comme une Grande Force dont la Grandeur est indestructible parce qu’elle est bâtie non pas sur la terreur, l’envie et la suspicion, ni gagnée aux dépends des autres, mais basée sur l’espoir, la confiance, l’amitié, et dirigée pour le bien de toute l’Humanité ». Il était aussi l’auteur d’un livre au titre évocateur : L’Afrique doit s’unir. L’histoire de la naissance de l’OUA fut écrite dans la grande salle de l’Africa Hall à Addis-Abeba par un empereur, des rois, des présidents et des chefs de gouvernement des 32 pays indépendants d’Afrique. dirigée pour le bien de toute l’Humanité ». Il était aussi l’auteur d’un livre au titre évocateur : L’Afrique doit s’unir. L’histoire de la naissance de l’OUA fut écrite dans la grande salle de l’Africa Hall à Addis-Abeba par un empereur, des rois, des présidents et des chefs de gouvernement des 32 pays indépendants d’Afrique.
Fresque en hommage aux pères-fondateurs de l’OUA. En bas à gauche, on reconnaît l’effigie du
Président Kasa-Vubu.
http://www.africa-union.org/root/AU/AboutAU/Founders/oau_founders.htm
Parmi les pères-fondateurs de l’OUA, on peut citer notamment l’Empereur Hailé Sélassié 1er (Éthiopie), Kwame Nkrumah (Ghana), Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Mokhtar Ould Daddah (Mauritanie), Modibo Keita (Mali), Ahmed Sékou Touré (Guinée-Conakry), Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), Abbé Fulbert Youlou (Congo-Brazzaville), Joseph Kasa-Vubu (Congo-Léopoldville actuelle RDC), Julius Nyerere (Tanganyika actuelle Tanzanie), Ibrahim Abboud (Soudan), Roi Idriss (Libye), Gamal Abdel Nasser (République Arabe Unie actuelle Egypte), Ahmed Ben Bella (Algérie), Habib Bourguiba (Tunisie), Roi Hassan II (Maroc), Sylvanus Olympio (Togo), William Tubman (Libéria), Amadou Ahidjo (Cameroun), David Dacko (République Centrafricaine), Milton Obote (Ouganda), Maurice Yaméogo (Haute-Volta actuel Burkina Faso), Hamani Diori (Niger), François Tombalbaye (Tchad), Grégoire Kayibanda (Rwanda), Roi Mwambutswa IV (Burundi), Aden Abdullah Osman Daar (Somalie), Hubert Maga (Dahomey actuel Bénin), Philibert Tsiranana (Madagascar), Benjamin Nnamdi Azikiwe (Nigeria), Léon M’Ba (Gabon) et Milton Margai (Sierra Leone).
Une vue de la salle de conférence dans Africa Hall
La charte de l’OUA fut rédigée par les présidents Modibo Keïta du Mali et Sylvanus Olympio du Togo. Ce dernier était le grand absent de ces assises puisqu’ayant été assassiné lors du premier coup d’Etat militaire en Afrique noire en janvier 1963 diligenté par un certain Etienne Gnassingbé Eyadema parrainé par la France. La charte comportait un préambule et 33 articles qui définissaient les objectifs poursuivis, les principes et les institutions de l’organisation : http://www.droitshumains.org/Biblio/Txt_Afr/Ua_63.htm. Les premières résolutions adoptées concernaient la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud et l’aide aux mouvements de libération dans les colonies portugaises. En 1984, le Maroc quitta l’OUA suite à l’admission de la République Arabe Sahraouie Démocratique proclamée par le Front Polisario en 1982. L'Organisation panafricaine a fonctionné du 25 mai 1963 au 9 juillet 2002, date à laquelle elle fut dissoute et remplacée par l'Union Africaine (UA). Notons que le quatrième sommet de l’OUA eut lieu le 11 septembre 1967 à Kinshasa. Cette rencontre connut la participation de 36 pays et 15 chefs d’Etat avaient fait le déplacement. Lorsque les lampions furent éteintes le dimanche 25 mai 1963 à Addis-Abeba, commencèrent alors la grande épopée de l’Afrique indépendante à travers l’organisation qui était sensée unir les Africains.
Samuel Malonga