Biographie de Maurice Mpolo
Biographie de Maurice Mpolo
Rédigée par sa fille aînée Jacquelime Mpolo
Transmise au blog par Richard kasongo
51 ans après leur assassinat, il est naturellement de notre devoir de rendre un vibrant hommage à nos trois héros nationaux de l’indépendance, la vraie, celle d’être libre de penser et de concevoir la vie politique autrement que celle des colons belges de l’époque et leurs acolytes congolais.
Ne les oublions pas, ces martyrs qui avaient été consacrés Héros Nationaux depuis 1966 par l’un de leur tombeur, le général Mobutu.
Toute l’histoire sur Maurice Mpolo est relatée dans un livre que j’ai écrit et qui paraîtra, Dieu voulant, le 30 Juin.
Qui était Maurice Mpolo, cet homme qui, avec Okito, partagea les dernières heures de Patrice Emery Lumumba ?
Né le 04 Mars 1928 à Inongo de Mpolo Edouard et de Bokako Tècle, dans l’ancienne Province de Léopoldville, Maurice Mpolo était originaire du Lac Mai-Ndombe, anciennement Lac Léopold II. Il était marié à Catherine Wale et de leur union sont nés quatre enfants, dont deux filles et deux garçons.
De famille chrétienne catholique, il a fait ses études primaires à l’Ecole Normale d’Inongo et deux années passées au Petit Séminaire de BOKORO.
Il est allé poursuivre ses études dans la ville métropolitaine de Léopoldville, à l’Ecole Moyenne Sainte-Anne.
Avant de se lancer dans la vie professionnelle, il a appris la dactylographie et les cours de droit par correspondance.
En 1960, après avoir pris part à la Table Ronde de Bruxelles, il se rendit à Conakry, en Guinée, participé à une conférence sur le Panafricanisme.
Il fit partie de la délégation qui accompagna le premier Ministre P.E.Lumumba aux Etats-Unis d’Amérique le 22 Juillet 1960.
Dans la vie privée, Maurice Mpolo avait exercé différentes fonctions dont les principales à Chanic et au barrage hydro-électrique de Zongo. Il a effectué un stage dans le Cabinet de Maître Gentil. C’est auprès de cet avocat qu’il a appris à affectionner les choses du droit et à aiguiser son sens critique.
Aussi, ne fût-il pas étonnant de le retrouver, plus tard, au nombre de défenseurs judiciaires qui œuvraient à la" cité Indigène", à proximité de la "Population Noire", connue sous l’appellation Place Cabu, à l’endroit où l’actuel stade des Martyrs est érigé.
En 1957, pendant qu’il exerçait ses fonctions de défenseur judiciaire, Maurice Mpolo s’est retrouvé en prison de Makala pour avoir défendu un compatriote Congolais qui fut arrêté et sommé de payer une forte amende simplement pour avoir bu du vin rouge.
Appelé à servir la nation dans différents sevices publics, il n’avait pas hésité à entrer dans la force publique comme agent comptable. Il avait aussi travaillé dans le service d’identification de la sureté nationale.
Lorsqu’il avait quitté la police, Maurice Mpolo s’était destiné à l’administration publique. Mais auparavant et, entre les deux occupations, il a eu à prester service, tour à tour, à l’Immoaf et aux Forces du Bas-Congo. Admis à la Fonction Publique, il a été affecté à Inongo, son lieu de naissance. Son intérêt pour la politique était tel qu’il finit par démissionner de l’administration publique.
Une fois à Léopoldville, il rencontra Patrice Emery Lumumba en 1958. Très vite, les deux hommes s’apprécièrent au point, affirme-t-on non sans jalousie, de se vouer l’un l’autre une solide estime, faite de franchise et de fidélité. Très courageux et très impétueux, Maurice Mpolo était l’un des collaborateurs écouté et respecté de Patrice.
Il était Député National et Président Provincial du Mouvement National Congolais pour la ville de Kinshasa. Connu pour sa véhémence, fort de son éloquence ainsi que sa force de pénétration d’esprit, Maurice Mpolo est propulsé par ses pairs, porte-parole du groupe des nationalistes à la chambre des représentants au parlement, où il se caractérisa par son franc-parler.
Aussi sera-il appelé à assumer des charges politiques encore plus importantes.
Il était Ministre de la Jeunesse et des Sports dans le premier gouvernement Lumumba.
Il est à noter que Maurice Mpolo avait eu à cumuler les fonctions de Ministre de la Jeunesse et des Sports, et celles de Colonel, Chef de toutes les opérations militaires et ensuite Général Chef de Brigade, après le départ du Général Janssens, ancien Commandant en chef de la Force Publique.
Cette situation peu ordinaire n’était pas sans lui attirer la jalousie et la haine de certaines personnes, notamment en Belgique et au pays. Mais, plus tard, à la demande du premier Ministre Lumumba, Maurice Mpolo abandonna ses fonctions militaires et fut remplacé à ce poste par le Colonel Mobutu, afin de se consacrer à son ministère de la jeunesse et des sports et au Parti.
Mais la situation avec Mobutu ne s’améliorait pas du tout. C’est pourquoi
Mongul Diaka avait révelé dans son interview au journal le Phare paru
le 15 Juillet 1996, je le cite :
ʺ l’erreur capitale commise par Lumumba, a été de donner le commandement de l’armée à Mobutu en lieu et place de Mpoloʺ.
La suite nous apprend que Mobutu qui servait les intérêts belges était devenu un élément dangereux pour le pays. C’est ainsi qu’il renversera le gouvernement Lumumba et procédera à son arrestation ainsi que de tous ses collègues.
C’est au matin du 3 décembre 1960, relate un témoin oculaire, en l’occurrence le lieutenant Nkiey, chargé d’aller chercher Maurice Mpolo, qui devait rejoindre Stanleyville en passant par Inongo, son fief dans l’actuelle province de Bandundu. Arrivé à Mushie, il fut arrêté par l’Administrateur du Territoire local, Jacques Ngaa Ilanga, sur ordre phonique de Mr Victor Nendaka, Administrateur Général de la Sûreté Nationale. Selon les instructions de Nendaka, Mpolo, une fois arrêté, devait l’attendre jusqu’à son arrivée à Mushie, parce qu’il tenait à le récupérer personnellement.
De Mushie, il fut conduit à Kinshasa d’où il sera transféré d’abord au camp Léopold II, l’actuel Camp kokolo puis au camp Hardy à Thysville et ensuite au Katanga pour être assassiné avec Lumumba et Okito.
Nos Héros Nationaux demeurent incontestablement le symbole de la lutte pour la liberté, l’indépendance, la souveraineté des peuples, l’intégrité et l’unité dans la diversité.
Cependant, 52ans après l’indépendance, la République Démocratique du Congo se recherche encore car dépossédée et bradée.
En dépit de ses richesses naturelles à profusion, le Congo ʺindépendantʺ a malheureusement collectionné des échecs à tour de bras, sur les plans économique, politique et bien plus grâve, sur le plan humain.
Si, en 1960, certains ministres Congolais et autres fils de ce pays, avaient préféré demeurer sous la colonisation au lieu de l’émancipation, en acceptant, pour des raisons égoïstes, des sommes d’argent pour ʺvendreʺ leurs compatriotes, cinquante deux ans après l’indépendance, cette mentalité a-t-elle changé ? Bien au contraire.
N’avons-nous pas vu comment des compatriotes se sont souillés en acceptant l’argent sale pour soutenir l’insoutenable et se souillent encore aujourd’hui en hypotéquant leurs droits inaliénables.
L’histoire de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito, qui appartiennent à jamais au patrimoine politique commun, restera grâvée dans la mémoire des Congolais et des générations à venir comme un crime contre l’humanité.
Que leur sacrifice suprême serve à éveiller les esprits et les consciences de tous les Congolais pour la continuité de leur lutte avec détermination afin de relever ce grand Congo et redonner l’indépendance obtenue au prix du sang des fils et filles du Congo meurtris dès l’accession du pays à l’indépendance, le 30 Juin 1960.
Que vive à jamais la République Démocratique du Congo !
Je vous remercie.
Madame Jacqueline Mpolo (Pasteur)
Fille aînée de Maurice
Mpolo