ADRIEN STERVOS NIARCOS LE N’GANTSHIE (NKOLO MABELE)
ADRIEN STERVOS NIARCOS LE N’GANTSHIE (NKOLO MABELE)
Nostalgie personnelle, par Niarcos
Il s’appelle Adrien Mombele Samba N’gantshie Strervos Niarcos Mukaravia Eddie-Barra Niarka Kouroubio, Papa na Mathy Gianni Versace. Il est né le 31 mai 1952 à Léopoldville-Kinshasa. De son vrai nom Adrien Mombele Ngantshie, Niarkos naquit dans une famille où le papa fut ministre de l’éducation dans le gouvernement Lumumba. Son père Pierre Mombele était le président de l’Union des Bateke (Unibat) et a participé à la Table ronde de Bruxelles en 1960[.].
Il avait notamment plaidé pour que les Bateke qui avaient été déplacés de Kingabwa puissent avoir un quartier où s’installer. On donna son nom au quartier Mombele à Limete et à l’avenue Mombele.
Petit fils du Roi Ngaliema, roi de Bateke de la RDC, Niarcos était plus connu pour ses exploits dans la société des ambianceurs et des personnes élégantes, une espèce de religion dont il était considéré comme le " pape " avec autour de lui ses disciples ou acolytes, les " prêtres " et " grands prêtres". La religion Kitendi prône l’élégance et la propreté, mais une élégance vraiment prestigieuse. C’est ainsi dans une de ses chansons, il s’exclamait : «Ah petit frère yebisa Papa Wemba Kitendi ! Botika te. Wana eza religion na bino. Petit frère, botika te, botika te».
Niarcos aimait bien des habits coûteux et des voitures hors séries. Dans une interview, le Nkaka de Ba Nkaka Koko Waya, un de ses grands amis avait déclaré que depuis son jeune âge, Niarcos roulait dans la voiture de marque Impala que le gouvernement congolais offrait à ses ministres. Il fut d’ailleurs le premier à amener la voiture Porche à Kinshasa. Il sied de signaler que les jeunes du Congo Brazzaville étaient les premiers à s’inspirer de ce mouvement avant qu’il ne devienne une idéologie. Leur leader est connu sous le nom de «Djo Balard», Roi de la sape. Je ne voudrais pas m’étendre là-dessus, parce que Messager avait consacré tout un article sur la sape dans ce blog.
Je voudrais plus particulièrement souligner ici ses talents d’auteur-compositeur. Je m’abstiens ici de parler de sa vie privée pour avoir été en prison ou pour ceci ou cela. Je m’en tiendrai strictement sur le plan culturel pour parler de l’héritage qu’il nous laisse avec ses œuvres dans le domaine de la musique. Hors mis ses exploits dans le domaine de la sape, Niarcos s’est révelé comme un véritable auteur-compositeur. Déjà jeune, Niarcos fredonnait quelques airs et aimait beaucoup chanter. Ce talent va exploser lorsqu’il fera la rencontre des artistes musiciens de notre pays, à l’instar de Papa Wemba, Bozi Boziana, Evoloko Jocker et j’en passe. Il lance la chanson «Toutou» qui sera interprétée avec succès par le grand-père Bozi Boziana avec l’orchestre Zaiko Langa-Langa.
Un «grand prêtre du nom de José Kadima Kula Mambo Mvuatu Kumvuata, originaire de Kwamutu et vivant à Kinshasa avait aidé Niarcos à s’embarquer mystérieusement à bord d’un avion en destination du vieux continent alors qu’il était recherché pour des accusations graves qui pesaient contre lui. Ce «grand prêtre est mort au début du mois d’avril 1985 et a été enterré au Cimetière de Kitambo. La nouvelle de son décès a résonné comme un coup de tonnerre, une foudre qui a frappé les oreilles de Niarcos. En signe de reconnaissance, N’gantshie lui dédia la chanson «Nostalgie personnelle» dont je vous propose d’écouter ce jour. Mais avant tout, prenez connaissance de cette de Kula Mambo avait racontée à Niarcos et les autres Nkaka. N’est-ce pas nostalgique ?
«Ah! Nkaka ozako se rappeler encore na lisolo wana ya Vieux Kula?
Bakendeki nanu koluka madame Cotiledón, bakoma kuna bapesi bango
nzungu ya Pondu. Bon, balambi Pondu pona nini, football Petit-frère.
Groupe epanzani, heureusement Mama bakangama lupangu atekaka ba Makaku
Makaku pe etikalaki moko ya suka, balambi pe baleyi batondi, mais
ndambu etikalaki lobi na tongo Vieux Kindukutu aye alie yango asanzi
petit-frère. Goût naye te nasala nini kasi? Ah! Bakende Kuamutu na makolo
bazonga. Baliya mitu ya Makaku, Petit-frère, lelo oyo batonga ba immeubles
ba Sheraton naba mboka lokola ba Miami ba Texas.
Ah! La mort kuani tina, tina kuani.
Ah! Petit frère yebisa Papa Wemba Kitendi! Botika te, wana eza religion na
bino Petit frère, botika te botika te!»
Une autre de ses compositions s’intitule «Dernier coup de sifflet», un album qui a connu un franc succès et qui a bénéficié de la collaboration de Bozi et de Papa Wemba au chant.
Il ne s’arrêtera pas là, car il va allonger la liste de ses compositions avec «Kinshasa-Brazzaville», «Kinshasa village natal», «Proclamation», «Matebu»,«Epaka», «Chérie Ade», «Besange», «Koseka», «Champs Elysées», «Kouroubio», «Bateke» et la liste n’est pas exhaustive. Ces chansons sont citées pêle-mêle et non en ordre chronologique.
Stervos Niarcos a vécu entre Kinshasa et l’Europe. Il est décédé le 10 février 1995 à Paris, Hôpital Salpêtrière alors qu’il était détenu à la prison française de Fresnes pour une affaire de drogue. Chaque année au mois de février, les sapeurs de tout bord, Kinshasa, Brazzaville et Matadi se donnent rendez-vous au cimetière de la Gombe à Kinshasa pour commémorer l’anniversaire de leur idole.
Personnellement, je n’avais pas fréquenté Niarcos de son vivant, mais j’avais seulement eu l’occasion d’assister à son inhumation au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Ceci dit, je suis conscient que ce récit est partiel et imparfait. Il reste à vous de le parfaire avec vos anecdotes, vos souvenirs et vos connaissances sur Strervos. Je laisse le temps aux commentaires et aux rectifications. Bonne lecture !
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana