Après le Katanga et comme malheur ne vient jamais seul, Le 8 août 1960, Albert Kalonji, ami personnel de Moïse Tshombe, proclama l'autonomie du
Sud-Kasaï, avec comme capitale Bakwanga (actuel Mbuji-Mayi). Le rêve d’un Congo uni et unitaire venait de se briser. Dans les frontières de la jeune république
fraîchement née cohabitèrent trois Etats distincts, chacun avec son président, son gouvernement, son drapeau, son parlement voire son armée. Outre la république du Congo, venaient
successivement de naître en l’espace de quelques semaines l’Etat du Katanga et l’Etat minier du Sud-Kasaï qui deviendra plus tard l’Etat autonome du Sud-Kasaï. Cette brèche ouvrit la porte à
toutes les rebellions futures comme celle du Kwilu avec Pierre Mulele et celle de Kisangani où fut même proclamée la République populaire du Congo. A peine né, le Congo devait faire face aux
problèmes très aigus qui menacèrent son intégrité territoriale. Les tares de ces divisions antérieures sont encore visibles de nos jours. Le Congo ne s’est pas encore débarrassé de ses vieux
démons.
Cette photo montre déjà à l’époque les contradictions des politiciens congolais. Après la Table ronde de Bruxelles qui les avait pourtant tous réunis et unis
autour de l’indépendance, ils se sont vite brouillés. Moins de deux mois après le 30 juin 1960, il y eut deux sécessions successives. Sur ce cliché, on voit pour un seul pays, le Congo, les
représentants de ses trois différents Etats en train de signer le document d’un accord afin de former un bloc commun contre le danger d'une
tutelle des Nations Unies, la tyrannie communiste et une guerre du style de la Corée. C’était à Elisabethville un certain 28 février 1961. Sur cette table, assis
l’un à côté de l’autre, on reconnaît un premier ministre et deux chefs d’Etat. Joseph Iléo représentait Joseph Kasa-Vubu son président. Il était Congolais alors que les deux chefs d’Etat à
ses cotés (Le mulopwe Albert Kalonji Ditunga et le raïs Moïse Tshombe Kapenda) étaient eux Sud-Kasaïen et Katangais.
Voici la composition du gouvernement du Sud-Kasaï au vendredi 02 juin 1961 tel que rendu public par l’Assemblée nationale du Sud-Kasaï.
Chef de l’État: S.M. le Mulopwe Kalonji Albert Ditunga
Le Vice-président: S.E. Joseph Ngalula
Ministre de l’Information et de la Gendarmerie: M. Ferdinand Kazadi
Ministre de l’Intérieur : Jonas Mukamba
Ministre de la Justice: M. le Docteur Tshisekedi
Ministre de la Santé: le Docteur Ilunga Félicien
Ministre des Travaux Publics: M. Ngandu Paul
Ministre du Travail et des Affaires Sociales : M. Tshiswaka Théodore
Ministre des Finances: M. Nyembwe Albert
Ministre de la Fonction Publique: M. Beya Norbert
Ministre de l’Agriculture: M. Ngandu Adolphe
Ministre des Télécommunications et Voies des Communications: M. Kasanda Justin
Ministre de l’Enseignement: M. Ilunga Jérémie
Ministre d’Etat et des Affaires Economiques : M. Kankolongo Albert
Secrétaire d’Etat au Commerce: M. Bazila Jean
Secrétaire d’Etat à l’Education Civique: M. Muntu André
Secrétaire d’Etat aux Réfugiés : M. Ngoyi Hilaire.
Source : akemasbl.canalblog.com/archives
Samuel Malonga
Drapeau de l’Etat autonome du Sud-Kasaï (8 août 1960 - 30 décembre 1961 )
Une coupure des A.A. de l'année 1960, fournie par Dom Munsiensi