Joseph Kabila, le « Pinochet africain » !
Joseph Kabila, le « Pinochet africain » !
Nous avons promis aux mbokatiers l’ouverture des archives sur Joseph Kabila à l’expiration de son mandat. Dans la mesure où nous le considérons désormais comme étant un ex-président de la RDC, nous avons jugé utile de comparer son bilan à celui d’Augusto Pinochet, qui avait dirigé le Chili du 19 décembre 1974 au 11 mars 1990.
En rapprochant ces deux régimes, nous voudrions rappeler à tous ceux qui se sont compromis en soutenant Joseph Kabila dans l’accomplissement de ses multiples crimes que rien ne sera occulté. Ils rendront compte de tous leurs actes à l’instar des anciens dignitaires et officiers de Pinochet.
À cet égard, le moment est venu de recenser dans les moindres détails, tous les crimes commis sous le régime de Joseph Kabila. Ce devoir incombe à tous les juristes et journalistes congolais. Nous prendrons part à ces investigations en ayant soin de les consigner sur notre site.
En ce qui concerne le bilan des crimes physiques et économiques de Joseph Kabila qui sera dressé le moment venu, il s’avère de loin supérieur à celui de Pinochet. Nous sommes persuadés que les juristes feront en sorte que Kabila et tous ses complices aillent rejoindre rapidement Jean-Pierre et Laurent Gbagbo à la CPI.
Messager
· Par AFP · Mis à jour le 15/10/2007 à 09:50 · Publié le 10/12/2006 à 06:00
- Premières exécutions: des centaines de personnes sont fusillées sans sommation après le putsch, pendant l'état de siège et le couvre-feu. ''Les Egorgés'': le sociologue José Manuel Parada, le professeur Manuel Guerrero et le dessinateur Santiago Nattino, membres du Parti communiste (PC) interdit, sont découverts égorgés le 30 mars 1985. AFP |
Pinochet, l’ancien dictateur soutenu par les Etats-Unis, meurt à 91
ans
par Bill Van Auken
Mondialisation.ca, Le 12 decembre 2006
WSWS
Les nouvelles de la mort de l’ancien dictateur militaire du Chili,
Augusto Pinochet, ont été accueillies par des manifestations
spontanées à Santiago et d’autres villes chiliennes ce dimanche.
Des milliers de personnes ont pris la rue ou formé des caravanes de
véhicules, klaxonnant, pour célébrer la mort du général de l’armée à
la retraite. Pinochet était âgé de 91 ans. Il était arrivé au pouvoir
à la suite d’un coup d’Etat appuyé par la CIA contre le gouvernement
élu du président Salvador Allende du Parti socialiste.
L’avenue Alameda Bernardo O’Higgins, la principale artère de la
capitale chilienne, débordait de gens chantant des slogans et agitant
des bannières et des affiches. Les habitants des banlieues ouvrières
de la capitale, qui ont connu la répression brutale et indiscriminée
lors de la dictature, ont érigé des barricades et ont allumé des feux
pour marquer la mort de l’ancien dirigeant détesté.
Le régime de Pinochet est responsable du meurtre ou de la disparition
de milliers d’activistes de gauche, de syndicalistes, d’étudiants et
d’autres personnes soupçonnées de s’opposer aux intérêts de la classe
dirigeante chilienne et du capital étranger. Sous sa dictature, des
centaines de milliers d’autres ont été emprisonnés, torturés et
contraints à l’exil.
La joie populaire engendrée par la mort du vieux criminel d’Etat a été
considérablement tempérée par le fait qu’il est mort dans l’impunité,
à l’unité des soins intensifs de l’hôpital militaire de Santiago
plutôt que finir ces jours dans une cellule.
Au moment de sa mort, Pinochet était accusé d’environ 300 offenses
criminelles liées aux meurtres, à la torture et aux enlèvements
réalisés sous sa gouverne. La « Caravane de la mort », l’« Opération
Colombo » et l’« Opération Condor » sont certaines des meurtrières
campagnes de répression pour lesquelles il a été accusé.
Lui et sa famille faisaient aussi l’objet d’enquêtes criminelles
relativement au détournement hors du Chili de dizaines de millions $
des fonds de l’Etat, vers des comptes secrets de la Riggs Bank de
Washington, D.C. et d’autres institutions financières d’outremer.
La preuve de corruption éhontée de la part de l’ex-dictateur a
diminué, au cours des récentes années, le soutien dont il bénéficiait
au sein d’une couche de la droite chilienne, qui depuis longtemps
justifie ses politiques de meurtre de masse et de répression au nom de
la « lutte au marxisme ».
Au sein de la population chilienne, le dernier voyage à l’hôpital de
l’ex-dictateur faisait l’objet d’une très grande suspicion. Il était
largement perçu comme une autre ruse du général pour échapper à la
poursuite criminelle. Pinochet était assigné à demeure lorsqu’il a été
admis pour traitement, la cinquième fois qu’un juge imposait une telle
arrestation au cours des dernières années.
Pendant ce temps, à l’hôpital militaire où l’ancien dictateur est
mort, quelques centaines de fascistes et de supporteurs de l’armée se
sont réunis, ayant avec eux des photos de Pinochet. Certains d’entre
eux ont physiquement attaqué des membres de la presse.
Internationalement, il y a aussi eu des expressions d’appui pour l’ex-
dictateur. En Grande-Bretagne, l’ancienne première ministre Margaret
Thatcher a émis une déclaration dans laquelle elle exprimait sa «
grande peine » à l’annonce de la mort de l’homme condamné pour meurtre
de masse.
Jack Straw, le dirigeant travailliste élu à la Chambre des communes
britannique, a émis un communiqué hypocrite dans lequel il déclarait
que la mort de Pinochet « signifiera que le peuple chilien pourra
passer à autre chose et mettre le terrible héritage de ces années
terribles derrière lui ».
Ce fut le même Straw qui, en tant que ministre britannique des
Affaires étrangères en 1998, avait permis à Pinochet de s’échapper du
pays pour retourner au Chili après avoir été assigné à demeure à
Londres pendant 503 jours, alors que le juge espagnol Baltasar Garzon
cherchait à obtenir son extradition pour qu’il soit jugé pour crime
contre l’humanité. En bout de piste, le gouvernement du premier
ministre Tony Blair a protégé l’ex-dictateur, invoquant sa mauvaise
santé et des considérations « humanitaires ».
Aux Etats-Unis, la réaction à la mort de l’ancien allié a été aussi
caractérisée d’une hypocrisie extrême. La Maison-Blanche de Bush a
fait une déclaration décrivant la dictature de Pinochet comme « l’une
des périodes les plus difficiles de l’histoire de cette nation » et
déclarant que « nos pensées sont aujourd’hui avec les victimes de ce
règne et leurs familles ». Etant donné les liens étroits
qu’entretenait le gouvernement américain — y compris d’importants
représentants de l’administration actuelle — avec les crimes du régime
militaire chilien, de telles déclarations sont très peu crédibles.
En de nombreuses occasions, les articles sur la mort de Pinochet ont
présenté une vision « équilibrée » de l’héritage de l’ex-dictateur,
regrettant ses actes du point de vue des droits de l’homme, mais le
louangeant pour avoir « stabilisé » l’économie chilienne et inauguré
le soi-disant « miracle économique chilien ».
Ces reportages n’évoquent même pas le fait que ces deux processus
soient intimement liés. Le « miracle », caractérisé par des taux
élevés de croissance économique et la hausse de la valeur des actions,
a été précisément préparé par une campagne d’extermination physique
des sections les plus militantes des travailleurs chiliens, par la
proscription des syndicats, par les réductions de salaires et par
l’élimination de tous les obstacles à l’exploitation impitoyable de la
classe ouvrière.
La conséquence a été un vaste transfert de richesse sociale de la
majorité ouvrière vers l’aristocratie financière. Selon les
statistiques fournies par le régime de Pinochet lui-même, le 20 pour
cent le plus riche de la population a, entre 1979 et 1989, augmenté sa
part de la richesse nationale de 51 à 61 pour cent.
Pendant ce temps, durant les 13 premières années de la dictature, le
10 pour cent le plus pauvre de la société chilienne a vu sa
consommation totale diminuer de 30 pour cent. En 1988, le salaire réel
moyen d’un travailleur était 25 pour cent plus bas qu’en 1970.
Le coup d’Etat qui a porté Pinochet au pouvoir a été déclenché le 11
septembre 1973. A ce moment, des chasseurs de la Force aérienne
chilienne avaient bombardé La Moneda, l’équivalent de la Maison-
Blanche au Chili, où Allende a trouvé la mort.
La junte militaire dirigée par Pinochet a dissout le Congrès, banni
les partis politiques et les syndicats et aboli la liberté
d’expression et les droits de l’habeas corpus.
Le désarmement de la classe ouvrière par l’Unité populaire
Le coup d’Etat a été facilité par les politiques du gouvernement de
Front populaire de Allende lui-même, en particulier celles du Parti
communiste chilien, qui appuyait Allende. Le Parti communiste
stalinien a agi dans le but de subordonner l’intense effervescence
révolutionnaire qui animait la classe ouvrière chilienne au
gouvernement de Front populaire. Allende et les staliniens ont rejeté
les demandes visant à armer les travailleurs et ont tenté de briser la
vague de militantisme qui a entraîné des occupations d’usines et des
saisies de terres.
Les staliniens et le gouvernement de l’Unité populaire ont encouragé
des illusions sans fondement, et ultimement fatales, dans la
démocratie parlementaire chilienne. Les staliniens décrivaient l’armée
chilienne comme « le peuple en uniforme ». C’est Allende lui-même qui
a introduit des généraux dans son caucus et qui a nommé Pinochet
commandant en chef des forces armées chiliennes, une position que
Pinochet a utilisée pour préparer et exécuter le coup d’Etat qui a tué
le président du Parti socialiste.
Dans les jours qui ont suivi le coup d’Etat, des dizaines de milliers
de personnes ont été arrêtées, un grand nombre d’entre elles ont été
regroupées dans le stade de football de Santiago, où la plupart ont
été battues et torturées et beaucoup exécutées. Parmi ceux qui ont été
exécutés se trouvaient deux citoyens américains, Frank Teruggi et
Charles Horman. Des preuves ont par la suite démontré que d’importants
représentants américains ont non seulement tenté d’étouffer l’affaire,
mais que ceux-ci étaient complices de ces meurtres.
Le coup d’Etat lui-même reçut l’appui sans réserve de l’administration
du président Richard Nixon. Des millions de dollars ont été
secrètement transférés au Chili par la CIA pour financer des grèves
d’employeurs et des groupes fascistes cherchant à renverser Allende.
L’ordre explicite de Nixon à la CIA était de « faire hurler l’économie
» pour renverser le gouvernement. Les plans de coup d’Etat des
conspirateurs militaires étaient pleinement partagés et coordonnés
avec la CIA et le Pentagone.
Henry Kissinger, le conseiller à la sécurité nationale de Richard
Nixon — un conseiller clé de l’actuelle administration Bush — a été le
principal architecte américain du coup au Chili. En 1970, après
l’élection du premier gouvernement d’Unité populaire d’Allende,
Kissinger a dit, « Je ne vois pas pourquoi nous resterions là à ne
rien faire et laisser un pays devenir communiste à cause de
l’irresponsabilité de son propre peuple. »
Le gouvernement américain a subséquemment décidé de renverser les
résultats de l’élection populaire par la subversion secrète, la
terreur et la force militaire.
Alors que Pinochet est mort, Kissinger est toujours vivant et sujet à
poursuite criminelle pour son rôle dans l’élaboration du coup qui a
coûté des milliers de vies.
Il n’est pas le seul responsable américain complice des crimes de la
dictature de Pinochet. Georges H.W. Bush, l’ex-président et père de
l’actuel président, était directeur de la CIA au temps où le régime de
Pinochet jouait le rôle central dans l’« Opération Condor, » nom de
code pour une campagne coordonnée de meurtres et de répression menée
par les régimes militaires à travers l’Amérique latine contre les
opposants de gauche.
Des documents déclassifiés ont prouvé que la CIA était entièrement
informée du déroulement de l’opération, dans laquelle des centaines,
sinon des milliers de personnes ont été assassinées, illégalement
emprisonnées et torturées.
Le pire acte de terrorisme international commis à l’époque sur le sol
américain a fait partie de cette opération. Le 21 septembre 1976, une
voiture piégée a enlevé la vie à Orlando Letelier, l’ancien ministre
des Affaires étrangères d’Allende et un opposant en vue du régime de
Pinochet et son adjoint américain, Ronni Moffit, alors qu’ils
roulaient à travers les rues de Washington, D.C.
La CIA, sous la direction de Bush père, a manœuvré dans le but de
couvrir la responsabilité du régime de Pinochet dans ces meurtres. Les
assassins ont même par la suite été placés sous la protection des
Etats-Unis avec une nouvelle identité et un soutien financier sous le
programme fédéral de protection des témoins.
Le vice-président Dick Cheney et le secrétaire sortant à la Défense,
Donald Rumfseld sont vraisemblablement impliqués dans l’appui de
Washington à la dictature de Pinochet durant cette période. Cheney
était le chef du personnel à la Maison-Blanche et Rumsfeld était aussi
secrétaire à la Défense, supervisant les relations américaines avec
les militaires d’Amérique latine alors que l’Opération Condor battait
son plein.
La capacité de Pinochet de se soustraire à toute poursuite criminelle
jusqu’à sa mort à l’âge avancé de 91 ans, plus de 16 ans après avoir
cédé le pouvoir, témoigne du fait que les horreurs de son régime qui
se sont abattues sur la classe ouvrière chilienne ont été commises
pour défendre les intérêts de l’élite dirigeante tant de son pays
qu’internationale, qui a continué de le protéger.
Cette protection constitue également un avertissement sérieux. Les
méthodes brutales de meurtres de masse, de torture et de dictature qui
seront à jamais associées au nom d’Augusto Pinochet demeurent le
recours ultime du capitalisme en crise.
Article original publié le 11 décembre 2006, WSWS