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Publié par Pedro & Mwenze

 

 

Le texte le plus court de la chanson congolaise (suite)

African-Fiesta Sukisa avec Mizele (debout en 9e position)

 

Référence: http://www.mbokamosika.com/2016/02/le-texte-le-plus-court-de-la-musique-congolaise.html

 

Il faut vraiment qu’on ait la chance de réécouter les chansons. Comme vous voyez, chers mbokatiers, je ne savais même pas que cette chanson avait une introduction avant le simple couplet.

Nakosala nini o wo wo, Jeanina
Obebisi lokumu na ngai e
Oyebaka


Donc il faut trouver une autre chanson avec la structure « simple couplet simple refrain ». Entretemps, je profite de cette occasion pour expliquer l’importance de l’analyse de la structure des chansons.

Il y a sans nul doute des chansons dont le couplet est plus bref que celui de Jeanine, et il y en a dont le refrain est plus bref. Ce qu’il nous faut trouver, c’est une chanson dont le refrain ET l’avant-refrain sont plus brefs (le terme « avant-refrain » est très pratique, parce qu’il y a des structures qui commencent par le refrain). Voici un refrain plus bref que celui de Jeanine:

Kiri-kiri mabina ya mboka
Mabina ya Fiesta yasika
Ebongi tobina



Et voici l’avant-refrain de cette chanson, qui est plus disponible que Jeanine et que j’ai donc écoutée avant d’écrire ce commentaire :

Ngai nabebi motema mwa ngai moluki yo tomonana
Lelo natamboli bala-bala kama po ya kotunaka yo
Naleki epayi ya ma’Jeanne epayi ozalaki kofutela
Balobi na ngai osi’obima bayebi epayi okende te
Ekomaki ngai bongo na mawa nakomi komikanisa Angèle ozali wapi
Ngai nabebi motema




Ce couplet est déjà suffisamment plus long que celui de Jeanine. Les vers sont plus longs, même si on les dispose différemment. A part ce couplet, qui est repris deux fois, il y a encore dans cette chanson, avant le refrain, ce qu’on appelle un « pont »:



Angèle, lelo natamboli Kin mobimba suka na suka balobi ngai zoba, nayebi
Angèle, ebongi opesa mikolo ekoki tokutana na miziki ya Fiesta Sukisa

Bongo nde tobina

 



L’adjectif « simple » a deux antonymes: « composé » et « complexe ». L’avant-refrain de la chanson Kiri-kiri Mabina ya Sika dont le texte est transcrit ci-dessus, c’est ce qu’on peut qualifier de complexe. Il contient un couplet et un pont. Il y a évidemment d’autres structures qu’on peut qualifier de complexes. Par exemple, je le sais maintenant, l’avant-refrain de Jeanine est aussi complexe, parce qu’il contient une petite introduction avant le couplet. Le couplet est simple, certes, mais l’avant-refrain ne correspond plus au simple couplet. Par contre, un avant-refrain composé est celui qui contient plus d’un couplet. Par exemple, le premier couplet de la chanson « Makambo Maneno », pour citer une chanson que nous avons écoutée récemment, commence par « makambo e e bandeko … », le deuxième par « bolingo e e bandeko … » et le troisième par « mobomano e e bandeko (.http://www.mbokamosika.com/2016/01/les-particularites-linguistiques-des-chansons-de-l-ok-jazz.html )

Trois couplets dans un avant-refrain composé. Le ton des couplets est essentiellement le même. Si Makambo Maneno est une chanson du début des années soixante-dix, on peut trouver une chanson plus vieille avec un avant-refrain composé, je suis sûr.



Retenons donc deux hypothèses : 

1. Le texte le plus bref doit se trouver dans la structure « simple couplet simple refrain ». Nous ne l’avons pas encore identifié, puisque l’avant-refrain de Jeanine n’est pas aussi simple que je le croyais. Ajoutons une caractéristique à la structure « simple couplet simple refrain » : il faut que le simple couplet et le simple refrain soient chantés en chœur par au moins deux voix. Il n’y a pas de solo vocal.

2. Les chansons kilométriques doivent nécessairement avoir une structure différente. Ce sont les chansons auxquelles l’article du 10 août 2013 fait allusion (http://www.mbokamosika.com/article-12-600-lettres-ou-l-illustration-des-chansons-extra-longues-119480375.html). 

Déjà à l’époque de Jeanine, il y a des gens qui se plaignaient que la musique congolaise était monotone. C’est parce qu’ils ne réfléchissaient pas à la structure des chansons. Si l’on s’exerce à une théorie de la structure des chansons, on se rendra compte de leur diversité, même si la plupart des textes ne gravitaient qu’autour du thème de l’amour brisé.

Pedro

 

 

JACKIE

(Mizélé  et l'African-Fiesta - Editions Vita- 1964)

Couplet:

Nayokaka yo sango o

Baninga nayébisa

Balokaki ngai é

Motéma na ngai é pasi o

Refrain:

Jackie yébisa ngai likambo oyo o

Ngai na koyokaka

Mama yéla ngai pembéni i

Po ozongéla ngai

          (Fin)

Quatre quatrains au couplet, idem au refrain. Plus court encore que "Jeanine" de Johnny Bokélo.

Mais il y a mieux! Une chanson d'un tercet par strophe répartie entre le couplet et le refrain:

LIWA YA MAWA

(François Bossélé - disque Opika - 1954)

Couplet:

Moto améséni

Na tata na yé bandéko é

Tango akufi é atikali na mawa

Refrain:

Liwa ya mawa é tata é mawa

To léla tata é tata é é mawa

Tata akéyi é tata é mawa)

 

Mwenze

 

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P
Avoir ces chansons antiques dans la tête, c’est très admirable. S’appliquer à les trier à la recherche d’une chanson plus courte qu’une autre est encore plus admirable. Vous verrez qu’un jour quelqu’un va citer ces contributions dans un livre. Je suis très sensible à ces micro-analyses, comme quand nos frères Samuel Malonga et Mwenze nous ont expliqué ce que les chansons en kilari disaient, et j’ai pris bonne note de ces explications de Mwenze : « Dans la chanson lari, il arrive fréquemment que les termes "tata" (père, papa) "maman, mama" (maman) relèvent des flats, des interjections. Le "tata" du couplet est déférent, pour désigner un juge, tandis que celui du refrain (é tata tchadi é) est purement explétif, enjoliveur, comme le " é mama tchadi é". »
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