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Publié par Norbert MBU-MPUTU

DE LA « CONGOLITUDE »… LORSQUE LA CASE DU VOISIN A BRULE…


 

« Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,

Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus. »

(Guy Tirolien, Prière d’un petit enfant nègre)


 

Norbert MBU-MPUTU. Bristol (Royaume-Uni), 9 juillet 2021.

LA PHILOSOPHIE. J’aime bien la philosophie. Certes, puisque je l’ai étudiée. J’aime surtout la logique et ses lois et son art de penser et de panser le raisonnement en lui faisant traverser le pont la quittant de l’aéropage des communs des mortels à celui des disciples de Socrates. Ceci vaut pour toutes les philosophies, la philosophie africaine et nègre aussi. J’ai ainsi et aussi appris en philosophie africaine que même nos proverbes africains, comme les maximes des présocratiques, les citations de Marc Aurèle, dixit feu professeur abbé Ciamalenga Ntumba, sont aussi des sujets et des matières à philosopher. C’est-à-dire qu’ils ne doivent pas être avalés comme des oracles divins, mais ils doivent aussi subir la rigueur de la rationalité cartésienne. D’ailleurs, les proverbes et les autres sagesses africaines respectent la même quintessence philosophique. D’où, à chaque proverbe correspond, non pas seulement une variante, mais souvent un autre proverbe contraire. Aussi, lorsque dans un procès sous l’arbre ou lorsqu’un sage évoque un proverbe ou un conte ou une autre sagesse, ce n’est nullement à prendre comme des axiomes ou des lois physiques à appliquer strito sensu… Les proverbes et sagesses orientent tout simplement le raisonnement… Ils proposent vers où l’on doit ruisseler la pensée, avec au final, un compromis. D’où, la justice africaine ne condamne pas mais, après avoir blâmé le mal, le clinamen social, invite à la cohésion communautaire autour d’un verre…

 

LA CASE DU VOISIN BRULE. C’est l’un des proverbes célèbres africains qui me devint un déclic pour approfondir le mal arrivant parfois dans nos pays fragiles à cause des usages de certains jargons ou de certaines idéologies proches du nazisme car nostalgisant une certaine race pure donc supérieure. L’ « ivoirité » de triste mémoire et surtout la fameuse Radio Mille Collines portent les gerbes de ces remue-ménages de nos sociétés jusqu’à agrandir certaines fissures et à rouvrir certaines plaies non encore mieux cicatrisées.
 

Le proverbe célèbre dit : « lorsque la case du voisin brûle, il faudra lui apporter de l’eau ; car, demain, lorsque la tienne brûlera, le voisin viendra aussi à ton secours ». Philosophiquement, le raisonnement invite à un approfondissement et actualisation du proverbe : « lorsque la case du voisin brûle, non pas seulement qu’il faudra lui apporter de l’eau, mais il faudra surtout après se poser la question pourquoi sa case a brûlé pour que demain, dans une attitude de « prevention is better than cure », l’on évite que la sienne propre ne brûle aussi ».

L’AFRIQUE NOIRE. Le vrai problème africain et même nègre est souvent le manque de relecture de l’histoire surtout des autres, pensant ainsi réinventer la roue des crises, surtout de la part de ceux qualifiés par un certain Etienne Tshisekedi des « leaders de sauvetage » et que le Cardinal émérite de Kinshasa dit être des médiocres. Fulls stop. C’est l’ambassadeur Américain Herman Cohen qui l’analyse bien dans ses mémoires dont une partie fut traduite en français avec un titre évocateur : « l’esprit de l’homme fort africain ». Ce qui étonne dans ces récits est que, comment après les Bokassa, les Macias Nguema, les Idi Amin Dada, a-t-on vu encore les Mobutu, Samuel Doe, Jonas Savimbi, Mouammar Kadhafi, Charles Taylor, etc… finir leurs vies après un passage sous les fourches caudines ! C’est que souvent, Africains et nègres, nous ne tirons presque jamais des leçons qui s’imposent des erreurs et des échecs des autres.

Certes, nous ne sommes pas les seuls, mais nous semblons battre ce record macabre. Il eut l’Allemagne avec un Hitler qui, vingt ans après la Première Guerre mondiale eut la bête idée de démarrer une autre, la fin de celle-ci, comme avec la première, devint une leçon pour tous.

L'IVOIRITE. L’ « ivoirité »… Tous savons le mal que cette idéologie et ce concept ont apporté à la Côte d’Ivoire jusqu’à hisser sur le fauteuil présidentiel aujourd’hui celui-là à qui l’on refusait cette même nationalité ivoirienne. Et, la bêtise du bas étage est que nous pensons que ce n’est arrivé qu’en Côte d’Ivoire ! Certes, comparaison n’est toujours pas raison, retorquent ceux ayant la particularité de n’apercevoir que le doigt alors qu’on leur montre la lune…

Nous voilà donc avec la fameuse « congolité »… Le monsieur maître troubadour et thuriféraire de concept explique, sans coup férir parfois ce qu’il entend là-dessus : « regardez sa face », « dix pour cent », « cinquante pour cent », « quinze pour cent »… Le comble, c’est que le problème se pose à plusieurs niveaux.

D’abord, avec quel instrument et appareil de mesure arrivera-t-on à détecter ces pourcentages ? Ou, devait-on retourner au « parlement debout » sous les acacias pour en avoir le cœur net. Puis, pourquoi ne s’arrêter qu’en si bon chemin avec seulement les pères et les mères et leur éviter une descente généalogique de droit jusqu’aux pères et mères de ceux-ci, jusqu’aux pères et mères de ceux-là aussi, au fait, jusqu’à nous retourner, si pas aux temps des australopithèques, mais tout au moins jusqu’à l’Homo Sapiens-Sapiens et de découvrir, queue entre les pattes, qu’au fait personne ne peut se prévaloir être à cent pour cent citoyen d’un espace que ses parents ou lui-même ont occupé depuis un certain moment donné seulement. Puis, comme le stigmatisait bien un autre philosophe, feu professeur abbé Dominique Kahang, sait-on tout simplement si un petit malin militaire ne s’est pas introduit dans son ADN car, les militaires ayant été partout, comme on le sait, une fois au front ou en lieux des mutations, ont comme habitude et attitude de laisser des rejetons partout. Il faudra dès lors, pour en avoir le cœur net, user des test ADN, si l’on veut être sérieux et se faire prendre vraiment au sérieux. Aussi, se prévaloir, avec toute la promiscuité légendaire actuelle de nos populations et la perméabilité de nos frontières dont certains sont hérités seulement de la colonisation être à cent pour cent citoyen d’un espace donné est de la pure idiotie notoire propre aux ignares et aux médiocres de la pure espèce humaine…

LA CONGOLITUDE. Voilà pourquoi, juste après et à cause de ces crises ivoirienne et rwandaises, sachant que d’autres arnaqueurs sociaux en quête de renom et de popularité parfois électorale, n’éviteront sûrement pas de sauter sur la bêtise, (l’histoire nous donne raison) nous avions vite proposé, à l’instar de la négritude, le concept de la « congolitude » définie simplement comme étant le simple fait d’être congolais ; ou le congolais dans une telle richesse culturelle unifiée et faite de plusieurs tribus et des cultures se retrouvant dans une même culture congolaise. L’avantage de la « congolitude » est que, au lieu de définir ou de comprendre une identité par le délit de faciès, par une connotation linguistique stigmatisée par le suffise « ité », mais bien par le « itude », est immanente et transcendante ; à la fois intrinsèque et ontologique, bref indélébile, inexplicable, incolore et indolore.

Comme avec l’ « ivoirité » et d’autres concepts à plonger dans la poubelle culturelle, il faudra que les messieurs et dames ayant encore un peu de leurs neurones puissent barrer la route à ce qui, si l’on prend garde, contribuera à la fameuse balkanisation tant décriée et crainte… C’est ici qu’un appel est vite lancée à un leadership républicain pour stopper net un tel débat suicidaire et nauséabond suscité surtout par un individu qui, à en croire certaines révélations à vérifier, avait aussi abandonné une fois sa nationalité congolaise pour une étrangère…

Il y a vraiment péril en la demeure congolaise…

ET APRES... Mais, puisque le monsieur avait une fois expliqué être arrivé avec, dans sa mallette, le « plan Marshall » (encore un mot étranger)… Qu’en est-il actuellement ?... Ce plan a-t-il alors besoin d’une nationalité des pourcentages pour être mieux appliquer ? Surtout que ce fameux plan après la Deuxième Guerre mondiale fut un plan d’un américain pour l’Europe, donc d’un étranger pour une terre étrangère… C’est là où notre ridicule nous rend plus ridicule que le ridicule lui-même…

Et dire que d’une façon épidermique, certains ont mordu cet appât pourtant amer même à l’œil nu ! Est-on en quête d’un concept nouveau pour combler un vide constaté ? Usons alors la « congolitude » ayant l’avantage d’être plus ontologique et surtout moins facial, moins épidermique et moins extrémiste que celui proposé…

Je crois rêver avec les yeux grandement ouverts lorsque j’entends parler des « pourcentages »…
Lorsque l'on danse au village sous une nuit étoilée, le tam-tam n'est jamais cédé entre les cuisses de n'importe quel quidam se présentant sur la place de la danse... Et, toutes les strophes de certaines chansons ne sont pas toujours à reprendre, même si le ténor a entonné son refrain invitatoire !

Blog : https://londonaggiornamento.wordpress.com/2021/07/09/de-la-congolitude-lorsque-la-case-du-voisin-brule/

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